Ziad Takieddine a commencé sa carrière à la tête de la station d'Isola 2000. Sa villa azuréenne a été perquisitionnée
On revient sur la mise en examen, hier de Ziad Takieddine. L'homme d'affaire franco- libanais est mis en examen pour abus de biens de sociaux, dans le volet financier de l'affaire de l'attentat de Karachi. La justice le soupçonne de malversations dans deux contrats d'armement avec l'Arabie Saoudite et le Pakistan.
Ziad Takieddine, intermédiaire de contrats d'armement conclus en 1994 avec le Pakistan
et l'Arabie saoudite, a été mis en examen pour des malversations présumées, sur fond de soupçons de financement illicite de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.
Entendu pendant près de six heures par le juge Renaud Van Ruymbeke, le franco-libanais
Takieddine a été mis en examen pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux".
Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire et de rencontrer les protagonistes du dossier, a déclaré l'un de ses avocats, Me Ludovic Landivaux.
Le juge a aussi décidé d'une saisie conservatoire des biens de sociétés qu'il attribue à Ziad Takieddine, mais dont ce dernier conteste être le détenteur, a dit à l'AFP son avocat.
"On est totalement satisfait aujourd'hui d'avoir finalement pu avoir accès à un dossier qui depuis un an et demi traîne sans qu'on puisse y avoir accès", a réagi Ziad Takieddine à sa sortie du bureau du juge, ajoutant faire "confiance à la justice".
Selon l'avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi (15 morts dont 11 Français le 8 mai 2002), Me Olivier Morice, la mise en examen de cet homme clé est un "tournant" dans l'enquête qui pourrait déboucher sur la mise en cause de politiques.
Les juges Van Ruymbeke et Roger Le Loire enquêtent sur d'éventuelles malversations financières en marge de contrats d'armement au Pakistan et à l'Arabie saoudite conclus par la France en 1994.
Ils cherchent à savoir si des rétrocommissions sur ces contrats ont pu alimenter la campagne présidentielle d'Edouard Balladur.
L'homme d'affaires franco-libanais est présenté par plusieurs témoins cités au dossier comme un intermédiaire imposé par le cabinet de l'ancien ministre balladurien de la Défense François Léotard, peu de temps avant la conclusion au Pakistan du contrat de vente de sous-marins.
Selon ces témoins, il aurait obtenu des commissions à hauteur de 4% du montant du contrat.
Ziad Takieddine dément être intervenu dans le contrat pakistanais, mais reconnaît avoir joué un rôle dans le contrat Sawari II avec Ryad. A cette époque le versement de commissions était légal mais leur utilisation pour le financement politique illégale.
De nouvelles informations sur le rôle supposé de Ziad Takieddine dans le financement politique ont récemment émergé.
Selon le site d'informations Mediapart, un témoin entendu le 8 septembre par la police a affirmé que Ziad Takieddine s'était rendu à plusieurs reprises dans le milieu des années 1990 en Suisse pour y retirer des fonds remis à Paris à Nicolas Bazire, qui fut directeur de la campagne d'Edouard Balladur en 1995.
Ziad Takieddine était accompagné dans ses déplacements de Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly et au ministère du Budget, précise Mediapart.
"Je suis absolument certain que nous allons avoir dans les prochaines semaines des révélations déterminantes sur la mise en cause, dans le cadre du financement de la campagne d'Edouard Balladur, d'un certain nombre d'hommes politiques français qui vont devoir rendre des comptes", a réagi l'avocat des familles, Me Morice.
"En mettant en cause Ziad Takieddine, c'est tout l'entourage qui a présidé à la campagne d'Edouard Balladur, qui est mis en cause implicitement, à savoir non seulement Nicolas Bazire, mais également François Léotard et Renaud Donnedieu de Vabres", a-t-il ajouté.
Me Morice met également en cause une nouvelle fois Nicolas Sarkozy, qui, assure t-il, a "validé le système mis en place pour permettre cette corruption".
La villa azuréenne de Ziad Takieddine a fait l'objet d'une perquisition.