Selon les derniers chiffres de l'INSEE, le département des Alpes-Maritimes a été particulièrement affecté économiquement par la crise. Il est l'un des plus touchés de la région PACA et en France. Explications avec des professionnels des secteurs touristiques et de la construction.
Selon une récente enquête de l'INSEE, l’activité en Provence-Alpes-Côte d’Azur resterait à un niveau inférieur à celui d’avant-crise au premier trimestre 2021. Cet écart serait plus marqué qu’au niveau national, à cause de la forte présence du secteur touristique et d’une saison d’hiver en demi-teinte à cause des mesures sanitaires.
Les Alpes-Maritimes et les Hautes-Alpes sont ainsi les départements les plus affectés.
Le covid-19 a impacté les activités touristiques de 46% dans les Alpes-Maritimes. Le secteur de la restauration enregistre quant à lui une baisse de 70% au premier trimestre 2021.
Dans ce secteur d'activité, le rapport souligne aussi la chute du nombre d’heures rémunérées en mars −14 % par rapport à 2019.
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— Insee en Régions (@InseeRegions) May 26, 2021
Impacts économiques de la crise sanitaire en Provence-Alpes-Côte d'Azur au 1er trimestre 2021
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Une situation que précise, Frédéric Ghintran vice-président de l'UMIH 06 :
Nous sommes une région ultra dépendante du tourisme, 40 % de l’activité économique est liée à ce secteur. Mais les Alpes-Maritimes sont plus impactées encore, car elles dépendent principalement des touristes étrangers... absents depuis cette crise.
Les vagues successives des confinements, les mesures sanitaires et le ralentissement du trafic aérien sont en cause. Avant la crise, chaque année le secteur du tourisme rapportait 6 milliards d'euros, et l'hébergement et la restauration représentent plus de 70% des emplois liés au tourisme.
"Un effet bombe à retardement"
Malgré la reprise de la saison estivale, les conditions de réouverture n'étant pas encore optimales, beaucoup d'entreprises du secteur touristique rencontrent encore des difficultés financières. Sous perfusion de l'Etat depuis un an, entre chômage partiel et systèmes de prêts garantis, l'arrêt des aides inquiète :
Si les aides s’arrêtent ça va être très compliqué pour certaines structures. Il y a encore des jauges à respecter, 30% des restaurants sont encore fermés car ils n'ont pas de terrasse... Le plus dur reste à venir, il faudra faire un bilan après l'été.
Une autre des difficultés, non anticipée, par le secteur : le recrutement.
Beaucoup d'employés se sont reconvertis, et on constate que le rythme de travail dans la restauration et l'évènementiel (horaires tardifs, travailler les week-ends....) n'est plus aussi bien accepté qu'avant après un an "d'arrêt."
Si les espoirs de relance restent fondés sur la venue des touristes locaux, seulement "15 % des réservations hôtelières ont été enregistrées de juin à aout, fin mai, un chiffre très faible", rappelle Peggy Misiraca, qui mise sur "un réveil tardif des touristes à cause de l'incertitude."
Le secteur du BTP également impacté
Les perspectives s’assombrissent dans le bâtiment et l’industrie, confrontés à des tensions sur l’approvisionnement et au renchérissement des matières premières.
Si le secteur de la construction et du BTP, a pu poursuivre ses activités durant la crise, la profession rencontre d'autres difficultés, un bon indicateur de baisse est de regarder le nombre de permis de construire qui sont déposés :
En 2020, les demandes de permis de construire pour les logements accusaient une baisse d'environ 7%
Seul l'entretien-rénovation, grâce à un redémarrage rapide des chantiers chez les particuliers avec des protocoles sanitaires moins lourds, a limité les dégâts, porté par le dynamisme des travaux de rénovation énergétique.
Dans les Alpes-Maritimes, le secteur représentent 23 000 emplois, 5000 entreprises et pèse près de 3 milliards d'euros.
Pour les Travaux publics, la situation est aussi inquiétante : "globalement, les Travaux Publics souffrent et s’attendent à subir des contractions budgétaires. En effet, les ressources sont à la baisse et en général c’est les investissements pour la construction qui sont les premiers impactés", Laure Carladous présidente de la fédération départementale du BTP.
A l'échelle nationale, selon les premiers éléments disponibles sur le deuxième trimestre 2021, le rapport de l'INSEE indique que sous l’hypothèse de la poursuite de la décrue de l’épidémie et de la relance des secteurs d'activités, le PIB français resterait tout de même de 4 % en deçà de son niveau d’avant-crise.