Malgré des feux de protection allumés dans la nuit de mercredi 7 à jeudi 8 avril, les températures historiquement basses ont causé des dégâts irrémédiables sur les cultures. Le gel a eu raison de vignes et autres arbres fruitiers.
Un gros coup de froid, et voilà des mois d'effort et de travail anéantis. Sur les hauteurs de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, dans les Hautes-Alpes, le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Provence notamment, on n'avait pas vu de température aussi froide un 8 avril depuis 50 ans.
Conséquence de cet aléa climatique exceptionnel, on déplore des pertes importantes dans de nombreuses cultures. Les vignes, la lavande et les arbres fruitiers ont subi des dégâts irrémédiables.
Catastrophés, les agriculteurs avaient pourtant pris leurs précautions, allumant des feux de protection afin de sauver ce qui pouvait l'être. En vain.
"De toute façon, les feux de protection sont utiles pour des températures allant jusqu'à -3°C, nous explique, résigné, un vigneron du Vaucluse. Or, chez nous, on a enregistré par endroits -5,5°C."
Autre exemple : -4°C, relevés à Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône ; idem au Luc et à Brignoles dans le Var ; jusqu'à -9°C à Sainte-Cécile-les-Vignes, dans le Vaucluse !
Une enveloppe de 500.000 euros
"Il faudra évaluer les dégâts subis et le département sera aux côtés des agriculteurs", promet ce jeudi 8 avril le président LR du conseil départemental des Hautes-Alpes Jean-Marie Bernard.
Réagissant à l'urgence, le président LR de région Renaud Muselier a publié un communiqué annonçant des aides exceptionnelles, "une enveloppe de 500.000 euros pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés".
Ces montants financiers devront permettre de venir en aide à tous ceux qui ne seront ni concernés pleinement par les aides d’État, ni par les dispositifs d’assurances classiques.
Réagissant à cette annonce, Xavier Angles préfère en rire : "500.000 euros ? Pour l'ensemble de la Région ? Il aurait mieux fait de les donner aux Restos du coeur ! Honnêtement, si j'étais président à sa place, je m'abstiendrais de faire ce genre d'annonce : je passerais pour un rigolo."
Des aléas à répétition
Installé à Jonquerettes, à une dizaine de kilomètres d'Avignon, ce quinquagénaire produit du vin et du raisin de table. Habitué des coups durs, il énumère les catastrophes des dernières années : la coulure en 2017 ; le mildou en 2018 ; la canicule en 2019 ; et le gel, déjà, en 2020.
Mais dans des proportions moins gigantesques : "D'habitude, il peut geler en plaine, on y est préparé. Mais pas sur les collines ! Or, là, toute la colline a gelé. Mon père, âgé de 80 ans, n'avait jamais connu ça."
Son seul espoir désormais : que les futurs bourgeons produisent un tant soit peu de raisin, pour sauver les meubles. Il ne serait pas contre non plus des aides de l'Etat plus substantielles : l'annulation des charges sociales pour cette année, par exemple.