L'association La Roya Citoyenne a témoigné ce vendredi 25 août au festival de cinéma de Douarnenez sur la situation des migrants de la frontière franco-italienne, accusant les autorités d'être dans "l'illégalité" en les empêchant "de déposer une demande d'asile".
"Chaque jour, les pouvoirs publics bafouent la loi, les conventions qu'ils ont signées (...) La préfecture des Alpes maritimes rend impossible de déposer une demande d'asile. Nous, on se bat pour faire appliquer la loi", a déclaré Suzel Prior, l'une de ses militantes, lors d'un débat organisé dans le cadre de la 40ème édition de ce festival, consacrée aux "frontières".A la frontière franco-italienne, "ceux qui sont dans l'illégalité, ce n'est pas nous (...), c'est la préfecture et la PAF" (Police aux frontières), a assuré Mme Prior.
Début août, l'agriculteur Cédric Herrou, symbole de la défense des migrants dans la vallée de la Roya, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour en avoir aidé plusieurs. Plusieurs associations ont dénoncé ce jugement, affirmant également que les droits des migrants sont "violés" en France.
Du fait de la présence des forces de l'ordre, les migrants prennent de plus en plus de risques (...) Il y a déjà eu 16 morts", s'est indignée Catherine Gros, de La Roya Citoyenne.
"Au départ, on faisait les maraudes à Vintimille", ville italienne frontalière. "Mais très vite (...) on s'est dit qu'il fallait passer au politique. On s'est investis dans le champ judiciaire et juridique pour faire valoir le droit (des migrants) à la frontière, qui est une zone de non droit", a-t-elle affirmé.
La méthode allemande en exemple
En Allemagne, "ce qu'il y a de particulier, c'est l'incroyable collaboration de l'Etat avec le monde associatif", a relevé l'anthropologue Michel Agier. En France au contraire, "il y a un écart de plus en plus grand entre société et Etat. Les gens font de la désobéissance civile sans le savoir."
Le sort réservé aux migrants en Libye a aussi été soulevé. "Quand on écoute parler (les migrants), pour eux tous, la Libye, c'est une étape atroce, horrible, une étape qui va les poursuivre jusqu'à la fin de leurs jours", a raconté Stéphane, marin sur l'Aquarius, qui a secouru un peu plus de 22.000 naufragés en un an et demi.
"Il faudra bien un jour s'occuper de l'égale liberté de circulation de tout le monde. Ce qui ne veut pas dire la suppression des frontières", a également fait valoir Michel Agier. Le problème, selon lui, "c'est la circulation des pauvres, des précaires, puisque tous les autres circulent très librement", en particulier les Occidentaux.
- Avec AFP