François Hollande et Manuel Valls sont montés au créneau lundi pour défendre Bernard Cazeneuve, accusé de travestir la vérité sur le dispositif de sécurité le soir de l'attentat à Nice.
"C'est la justice" qui doit établir la vérité et "personne d'autre", a affirmé le chef de l'Etat, alors qu'une policière municipale niçoise, Sandra Bertin, a affirmé avoir subi des pressions venues de la place Beauvau pour modifier son rapport sur le dispositif de sécurité le soir du 14 juillet. "La vérité et la transparence seront établies", a-t-il promis.
Il ne peut pas y avoir de polémique ou d'affrontement. C'est pourquoi le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve ont eu raison d'en appeler à la dignité, la responsabilité, tout en garantissant la transparence
a déclaré M. Hollande lors d'une visite au Fort de Vincennes auprès de militaires de l'opération antiterroriste Sentinelle.
Une plainte pour diffamation
Accusé dimanche par Sandra Bertin, chef du service pilotant la vidéosurveillance, Bernard Cazeneuve a annoncé le dépôt d'une plainte pour "diffamation", dénonçant "une campagne de vilenies".
Une manoeuvre visant à déstabiliser le gouvernement selon le premier ministre
M. Cazeneuve est "un homme intègre, un homme d'Etat, un ministre de l'Intérieur formidable", a défendu Manuel Valls, dénonçant une "polémique politique qui vise à déstabiliser le gouvernement" et demandant "que tout cela cesse" même s' "il faut évidemment la vérité".Cette "idée au fond que l'Etat ment, a quelque chose à cacher, alimente le doute, fracture l'Etat de droit", a-t-il déploré.
L'exécutif a promis pour cette semaine le rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", sur le dispositif en place le soir de l'attentat qui a fait 84 morts.
Christian Estrosi, élu avec les voix de gauche à la région, rappelle Manuel Valls
M. Valls a de nouveau attaqué l'ex-maire de Nice et actuel président LR de la région PACA, Christian Estrosi, qui dèsle soir de la tragédie avait dénoncé l'insuffisance des moyens de police nationale.
"On doit être digne des conditions d'une élection", a lancé le Premier ministre à l'adresse de M. Estrosi, élu aux régionales de décembre face à Marion Maréchal-Le Pen (FN) avec des voix de gauche.
Christian Estrosi, premier adjoint à la sécurité de Nice, s'est défendu des accusations d' "instrumentalisation" de la policière municipale portées par l'exécutif et des élus PS : "Les polémiques, c'est le gouvernement qui les génère en faisant obstruction à l'éclatement de la vérité et en racontant mensonge sur mensonge".
Un signalement auprès du Procureur de la République
Sandra Bertin, qui a maintenu ses accusations dimanche soir, a déposé lundi un signalement au procureur de la République, selon son avocat.Cette policière municipale, qui affichait régulièrement son soutien à Christian Estrosi sur son compte Twitter (fermé dans la nuit de dimanche à lundi), a détaillé les pressions qu'elle dit avoir subies. Elle a assuré qu'un "commissaire de police" disant être envoyé par le ministère et une autre personne disant faire partie du cabinet ministériel, jointe par téléphone, lui avaient notamment demandé "de faire apparaître sur certains endroits des positions de la police nationale" et de rédiger un rapport "modifiable".
REPORTAGE C.FAZI, JC.ROUTHIER ET J.CRUNCHANT