Le Musée-mémorial du terrorisme prévu à Suresnes : "les victimes sont devenues un produit marketing" pour Anne Murris

L'Elysée vient de préciser ce mardi 11 mai le lieu exact d'implantation du Musée-mémorial des victimes du terrorisme prévu à Paris. Pendant un temps, les familles des victimes de l'attentat de la Promenade des Anglais de 2016 espéraient le voir installé à Nice.

Depuis près d'un an, il était annoncé qu'un Musée-mémorial du terrorisme serait crée. 

Dans un communiqué, le Chef de l’Etat a retenu une implantation à Suresnes, non loin du Mémorial de la France combattante. Situé sur le Mont Valérien le Mémorial de la France Combattante a été érigé sur la volonté de de Gaulle en 1960 pour rendre hommage aux combattants de la Seconde Guerre mondiale.

Ce nouveau musée, s’inscrivant ainsi dans un parcours mémoriel, prendra place dans les locaux actuels de l’Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA) qui doit prochainement déménager à Saint-Germain-en-Laye.

Le site correspond de manière idéale aux préconisations de la mission de préfiguration, laquelle se réjouit que les recherches actives qu’elle mène depuis un an aient pu ainsi aboutir

précise l'Elysée.

Le lieu aura pour vocation de mettre en lumière la capacité de "résilience et de résistance" de la France face aux attentats selon la présidence.

La première pierre devrait y être posée en mars 2022. Le projet français, couvrira l'ensemble des victimes et des actes de terroristes depuis 1974, date de l'attentat du Drugstore Publicis jusqu'à nos jours.

La partie "mémorial" permettra "l'inscription exhaustive" des noms de toutes les victimes françaises du terrorisme, mortes sur le territoire national et à l'étranger. Les 86 victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice y auront donc leur nom. Celles de l'attaque de la Basilique Notre Dame devaient également y prendre place.

"On se sent complètement dépossédés"

Anne Murris a perdu sa fille sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016. Elle travaille depuis quatre ans sur un lieu de mémoire à Nice. Comme lors de l'annonce de la création d'un site d'hommage, c'est encore par la presse qu'elle vient de connaître le site retenu.

"Je trouve très irrespectueux de la part du Comité mémorial parisien et de l'Elysée d'avoir ces infos par le biais de média, par vous en l'occurence. Cela me conforte malheureusement dans les réelles intentions des uns et des autres et leur irrespect à l'égard des victimes.  Je fais partie de Comité Observatoire du futur musée mémorial, nous étions en réunion il y a 15 jours... Rien n'a alors été dit...

Le projet n'a pas été fait pour les victimes. Il a été fait pour les intellectuels qui font partie du comité mémoriel et pour les politiques qui gravitent autour. Cela me fait mal, je trouve cela révoltant.

Anne Murris, présidente de l'association Mémorial des Anges

 Peinée, elle dit "commencer à comprendre que ce projet est politique et ne sert pas la mémoire, les valeurs que j'avais voulu dans mon dossier".

Anne Murris avait en effet initié un projet similaire à Nice, un an après l'attentat du 14 juillet. "En fait on se sent complètement dépossédés. A titre personnel, c'est un projet que je porte depuis quatre ans. Il fait partie de ma résilience. Ce projet était celui de l'expression de la tolérance et de la générosité à l'image des engagements et de la vie que ma fille s'était construite."

Les victimes sont devenues un produit marketing. Je peux le comprendre mais surtout, je le déplore,

Anne Murris ce 11 mai.

Anne Murris a créé dans cette optique l'association Mémorial des Anges. Son but, l'ouverture d'un centre de la mémoire de tous les attentats commis en France et de la lutte contre la radicalisation. 

Pour l'heure, seul un mémorial temporaire existe à Nice dans les jardins du Musée Massena. Depuis décembre dernier, la présidente de l'association niçoise espère pourvoir faire le point sur le projet local avec le maire, Christian Estrosi. "C'est toujours le statuquo. J'ai bien peur que le site envisagé à Nice, s'il voit le jour, ne soit qu'une annexe du mémorial parisien. Il est vraiment dommage que ce ne soit pas la noblesse du projet qui soit portée mais les égaux personnels..." regrette-t-elle.

Sa famile Camille aurait fêté ses 32 ans ce 9 mai 2020.

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