Comment convaincre de travailler en prison ? Avec de l'argent et un double concours de recrutement. L'administration pénitentiaire peine à trouver des volontaires. Cette année, elle organise un concours régional en plus du concours national.
Le ministère de la Justice recrute 1000 surveillants en France. Lorsqu'on parle "embauche", on sous-entend "bonne nouvelle". Mais dans ce domaine, les volontaires ne se bousculent pas pour envoyer leur candidature.
L'un des critères dissuasifs est l'éloignement géographique. Avec un concours national, une majorité de surveillants se retrouvent affectés en Ile-de-France et doit attendre des années avant d'être muté.
Un nouveau concours, dans trois régions
Le concours national est maintenu et permettra de recruter 850 surveillants. Nouveauté, cette année, 150 surveillants seront recrutés en passant des concours organisés dans trois régions :- Auvergne-Rhône-Alpes
- Provence-Alpes-Côte-d'Azur
- Grand-Ouest
Selon Jessy Zagari, délégué régional FO pénitentiaire, "ce sont les trois régions les plus difficiles."
Pour la région Paca, 42 nouveaux fonctionnaires seront répartis entre Grasse, le centre pénitentiaire de Marseille et la maison arrêt de Nice.
Une prime de 8.000 euros
Cette prime ne concerne pas les nouveaux embauchés mais au contraire, ceux qui sont fidèles. 8.000 euros seront versés aux agents qui s'engagent à rester plus de si ans dans le même établissement.Le profil pour ce poste
Thierry Alves, directeur interrégional des services Paca-Corse, décrit le métier de surveillant comme "difficile, basé sur l'écoute, l'observation et l'humain, dans lequel il faut faire preuve d'autorité et de sang-froid.""L'éloignement géographique est vraiment une question centrale et, pour certains, se traduit par un isolement psychologique et à terme de l'absentéisme", ajoute Emilie Vannucci, directrice des ressources humaines aux Baumettes, qui connaît un turnover de 25% par an.
Pour postuler, il faut avoir entre 18 et 45 ans, un niveau brevet des collèges et un casier judiciaire vierge.
Les candidats sélectionnés suivent une formation en alternance de six mois, rémunérée, à l'école nationale de l'administration pénitentiaire à Agen (Lot-et-Garonne). Ils font également deux stages en établissement.
"Nous nous battons pour une revalorisation indemnitaire"
Contacté pour commenter ces nouvelles mesures, Jessy Zagari délégué régional FO Pénitentiaire, n'est pas pour le système de prime. "Elles ne comptent pas pour la retraite et peuvent être enlevées aussi vite qu'elles sont arrivées."Sans compter les primes de nuit, du dimanche et les heures supplémentaires, un surveillant débutant gagne environ 1400 euros par mois nets, selon le délégué syndical.
Un surveillant en fin de carrière (avec une longue carrière) gagne environ 2100 euros nets mensuels, toujours sans primes et heures supplémentaires.
"Beaucoup de candidats renoncent à la formation, ou l'arrêtent en cours", explique Jessy Zagari. Pour son syndicat, seul un salaire attractif peut compenser la rudesse du métier et attirer de nouveaux candidats.