Cent vingt personnalités du monde des arts, des sciences et de la politique ont cosigné, mercredi 30 mai, une tribune de soutien à 3 militants qui doivent être jugés à Gap pour avoir aidé des migrants à franchir la frontière illégalement.
"S'il devient dangereux, illégal, d'aider ces "sous-hommes", alors que devient notre devise républicaine et que deviennent nos valeurs d'égalité et de fraternité?", s'interrogent les signataires de cette tribune publiée dans le journal Le Monde et sur le site Change.org.
"Nous, citoyens de la République française, déclarons que nous avons déjà aidé, que nous aidons actuellement et que nous aiderons à l'avenir toute personne migrante dans le besoin, même en situation irrégulière, au nom des valeurs d'égalité et de fraternité inscrites dans notre devise nationale, qui est le socle de notre République", ajoutent-ils.
La liste des signataires est conduite par Cédric Herrou, l'agriculteur condamné en août à quatre mois de prison avec sursis pour avoir aidé des migrants dans les Alpes-Maritimes. Y figurent aussi les acteurs Agnès Jaoui, François Morel, Jalil Lespert, Josiane Balasko, Juliette Binoche et Philippe Torreton, les écrivains Annie Ernaux, JMG Le Clezio, Marie Darrieussecq et Pierre Lemaître, les cinéastes Bertrand Tavernier, Costa-Gavras, Gérard Mordillat et Laurent Cantet, le plasticien Ernest Pignon-Ernest, les chanteurs Christian Olivier (Les Têtes raides), Imhotep (IAM) et Nicola Sirkis (Indochine), l'ancien footballeur Lilian Thuram, les hommes politiques Benoît Hamon et Philippe Poutou.
La liste des signataires comprend aussi de nombreuses personnalités scientifiques ainsi que l'association Médecins du monde. Le maire EELV du IIe arrondissement de Paris Jacques Boutault a également fait savoir qu'il commettait "quotidiennement un délit de solidarité" dans une lettre au procureur de Paris, car "citoyen et élu, je préfère à la honte la dignité", a-t-il dit dans un communiqué de presse, en exprimant son soutien à Cédric
Herrou et aux trois de Briançon.
Rappel des faits
Les "trois de Briançon" : Bastien et Théo, les deux Genevois âgés de 23 et 26 ans et Eleonora, une Italienne de 27 ans doivent comparaître jeudi 1er juin devant le tribunal correctionnel de Gap pour "aide à l'entrée irrégulière" d'étrangers, avec comme circonstance aggravante, selon le parquet, d'avoir commis ces faits "en bande organisée".Les trois jeunes encourent dix ans d'emprisonnement, 750.000 euros d'amende et une interdiction du territoire français.
Le procès pourrait être renvoyé à une autre date dans l'attente d'une décision du Conseil constitutionnel.