Avec la standardisation et l'industrialisation de l'agriculture, les variétés locales issues de semences paysannes ont souvent été remplacées par des hybrides normés dites F1, sélectionnées pour leur productivité et leur résitance au transport mais jamais pour le goût. En région Provence Alpes Côte d'Azur un réseau et des acteurs locaux essaient de revenir aux produits de terroir.
Longtemps les agriculteurs ont sélectionnés et reproduits eux-même leurs semences.
Mais la spécialisation des professions, la standardisation et la production de masse, ainsi que le contexte réglementaire ont provoqué la disparition des variétés de terroir et l'uniformisation des productions souvent soutenues par des engrais et des produits chimiques.
La transition vers une agriculture plus durable, la nécessité de trouver des plantes qui s'adaptent aux variations du climat, incitent de plus en plus d'acteurs à reprendre la sélection des semences paysannes adaptées à un territoire.
D'autant plus que le contexte réglementaire a évolué: Depuis le premier Janvier 2022, les agriculteurs bio peuvent produire et commercialiser les semences paysannes (dites aussi semences de population car elle produisent une famille d'individus) dans les quantités qu'ils désirent.
Dans les Alpes-Maritimes ou dans les Hautes-Alpes, des maisons de semences paysannes collectent les variétés encore disponibles chez les jardiniers amateurs et reprennent la sélection améliorative dans un soucis de mise en culture chez les professionnels.
Un travail de longue haleine qui peut être accéléré en utilisant l'intelligence collective. C'est dans cet optique que le réseau EDULIS (Ensemble Diversifions et Utilisons Librement les Semences) a été créé par le GRAB (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique) situé à Avignon.
Chloé Gaspari anime un véritable réseau sur toute la région Provence Alpes Côte d'Azur pour échanger les informations entre les membres, afin que l’intelligence collective fasse gagner du temps pour retrouver des variétés adaptées à chaque territoire. Du Vaucluse aux Alpes-maritimes en passant par les Hautes-Alpes Chloé va nous guider à travers les initiatives et les membres du réseau.
Souvent les agriculteurs ont peur d'abandonner les graines hybrides F1 sensément plus productives.
En réalité, les semences paysannes ont surtout besoin d'être adaptées à chaque territoire, trouver la semence qui convient peut prendre du temps et les consommateurs ont également leur rôle à jouer en acceptant des produits moins calibrés et plus diversifiés.
Reste aux agriculteurs à afficher la traçabilité pour indiquer s'il s'agit de produits issus de semences paysannes ou d'hybride F1 et aux acheteurs de jouer leur rôle de gastronomes afin de déterminer où le plaisir du goût est au rendez-vous!