C'est l'une des principales compétences de la région : les transports. La région gère notamment les TER et peut participer au financement de nouvelles infrastructures. C'est ainsi que ligne de la Côte Bleue Marseille-Miramas a été sauvée de justesse. France 3 a fait le trajet avec ses usagers.
Ce jeudi matin, le TER n°879618 de 8h06 au départ de Marseille Saint-Charles, en direction de Miramas dans les Bouches-du -Rhône, est assez clairsemé. On est loin des heures de pointe.
Sur le quai, quelques voyageurs attendent leur train. Il est annoncé à l'heure et part à l'heure. Parmi les passagers, il y a tous les âges, toutes les catégories socio-professionnelles. Et les habitués.
Radia est aide-soignante à la Timone. Cette marseillaise installée à Miramas depuis quatre ans, prends le TER deux fois par jour tous les jours. Elle est incollable sur les liaisons TER entre les deux villes. Elle connait tous les horaires et le nombres d’arrêts suivant la destination.
En fonction de ses besoins, elle sait quand prendre le train pour éviter la foule. Le TER Marseille-Miramas, c'est 49 trajets par jour.
Avec ses horaires décalés, les trajets en train sont bien pratiques. Cela lui évite de subir aussi les heures de pointe. "C’est l'angoisse aux heures de pointe, les gens sont debouts collés les uns aux autres, c'est vers 6h le matin et à 16h30 le soir. Beaucoup de gens habitent Miramas et vont travailler sur Marseille."
Le 879618 va desservir l'Estaque, Vitrolles, Rognac, Saint-Chamas, puis Miaramas avant de rallier son terminus, Avignon en un peu moins d'une heure.
C'est la version courte du train de la Côte Bleue, qui rallie Marseille à Miramas en 1h30. Il a la particularité de desservir toutes les petites gares des Calanques comme Niolon, La Vesse, Ensuès et permet aux habitants des Calanques de se connecter au centre de Marseille.
"Quand j'ai vraiment le temps, je prend le train de la Côte Bleue. C'est plus long mais plus agréable, les paysages sont tellement beaux", raconte Radia.
Abonnée à l'année, Radia peut prendre tous les TER de la région ainsi que le métro, les bus de Marseille et les cars de la métropole pour 73 euros/mois avec sa carte Transpass.
Avec ce système, elle ne prend presque plus la voiture, même pour aller à la plage, elle prend le train. "C'est pratique le train au quotidien, mais avec plus de liaisons ce serait encore mieux quand même, il manque des rotations. On subit des pannes et les bus de substitution c'est la galère."
Assise un peu plus loin, l'oeil rivé sur son téléphone, on croise Sophie, presque par chance. "J'ai arrêté de le prendre, il n'était jamais à l'heure, et puis il y a eu tellement de grèves", nous explique cette habitante d'Ensuès, qui maintenant utilise sa voiture. Ensuès-Marseille, 28,8 km en voiture, une demi-heure d'autoroute quand ça roule bien et en dehors des heures de pointe sur l'A55. Parfois un peu plus rapide que le TER , la fatigue en plus.
Le renouveau du TER de la Côte Bleue
Cette ligne de la Côte Bleue, la numéro 7, était considérée comme touristique et sans grand interêt. Devenue trop vétuste, le coût élevé des travaux de modernisation, la poussait vers l'abandon.
Son sauvetage a été obtenu grâce à la pression exercée par le Collectif des usagers des trains et de nombreux maires de communes que cette ligne traverse.
"Cette ligne régionale est une connexion directe et essentielle pour notre ville, une connexion à l'emploi, à la formation, aux études supérieures, à la culture présente à Marseille", souligne Laurent Belsola, maire de Port de Bouc (PC).
"Nous nous sommes battus pour préserver ce service de transport public, pour préserver notre gare qui, reliée à celle de Miramas, assure la mobilité des habitants", ajoute l'élu qui nous parle de grands projets d'un "pôle de transport multimodal afin de développer encore les opportunités de déplacement".
Pour le Collectif des usagers des trains, il est primordial que la région sauve ses lignes et ses gares locales. Le nouveau combat concerne la ligne Digne-Saint-Auban dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Cette ligne à voie unique de 22 km a vu sa dernière circulation voyageur le 23 septembre 1989. Depuis, Digne est desservie en autocar et la voie ferrée n’est ni fermée ni déclassée. Elle fait partie des nombreuses Lignes Non Circulées (LNC) de France, pour lesquelles une politique nationale de valorisation est engagée.
Dans le TER, c'est aussi boulot boulot
Retour dans le TER 879618. Chacun a sa petite place favorite dans ce train, quand la disponibilité le permet.
Notre TER va bientôt rentrer en gare de l'Estaque. Le temps encore d'attraper Benoît. Ce parisien est régulièrement amené à travailler à Marseille et plus précisément à l'Estaque. Pour lui le TER c'est un gain de temps et d'argent.
"Avant je faisais le même trajet en taxi; avec les embouteillages, je mettais près de 40 minutes et cela me coutait entre 40 et 50 euros. Alors que là avec mon abonnement toutes lignes, ce trajet me coûte le prix d'un ticket de métro et je mets à peine 10 minutes de trajet pour faire Saint-Charles-l'Estaque."
Un peu plus loin, Emmanuel est un ancien parisien, expatrié un temps à Londres avant son arrivée à Marseille il y a deux mois.
Autant dire que les trajets maison-boulot plutôt long, il connait. A présent, il travaille sur le site d'Airbus Helicopters à Marignane et ce trajet Saint-Charles-Vitrolles en TER est le meilleur rapport qualité-prix et surtout, un gain de temps. Il met une heure porte-à-porte.
"Je profite du trajet pour regarder mes mails, lire et je prépare ma journée tranquillement. Le soir, je poursuis mes réunions en visio dans le train, ça reste très agréable, pratique et plus reposant que les autres transports."
Alok, s'est installé sur Marseille il y a quatre mois seulement et il travaille aussi à Airbus Hélicoptère. Le temps du trajet lui aussi a les yeux vissés sur son ordinateur, concentré, au point d'en oublier le beau paysage qui défile.
Ce trajet, il le fait au moins trois fois par semaine. Avec le télétravail, il n'est plus obligé de le faire quotidiennement. Il part de la gare Saint-Charles et s'arrête à la gare de Vitrolles TGV,moins de 20 minutes plus tard.
"Par rapport au bus, il n'y pas pas d'embouteillages, et on arrive à l'heure, le train est moderne et agréable, c'est rapide", commente le jeune homme absorbé par son travail.
Huit mois de fermeture et 157 millions d'euros
Après huit mois de fermeture, la ligne de la Côte Bleue a rouvert ce lundi 26 avril. "Les travaux effectués ont permis de débuter le programme de pérennisation de la ligne, de lever une grande partie des ralentissements et d’améliorer la fiabilité et la régularité des circulations", indique la SNCF.
Ces travaux s'inscrivent dans le plan de sauvegarde des dessertes fines du territoire signé avec l’État le 22 février 2021 qui prévoit 580 millions d’euros d’investissement pendant dix ans dont 157 millions d’euros pour la Côte Bleue.
"Sans cet engagement à long terme, les lignes de l’étoile de Veynes dans les Hautes-Alpes, la ligne Nice-Breil-Tende dans les Alpes-Maritimes et de la Côte Bleue dans les Bouches-du-Rhône auraient connu de nouvelles restrictions de circulation, voire à terme, une fermeture définitive", selon la SNCF.
Après sept mois de travaux, les circulations ferroviaires ont pu reprendre sur l’intégralité de la ligne Nice - Breil - Tende le 3 mai 2021 et rétablir ainsi cette ligne de vie pour la vallée de la Roya", précise la SNCF.
La ligne de la Côte Bleue attire, près de 62% des usagers sont des touristes. Elle accueille chaque jour entre 1.300 et 1.500 voyageurs avec une desserte TER toutes les demi-heures en heure de pointe.
La Région consacrera 350 millions d'euros, dans les 10 ans à venir, à la modernisation du réseau et aux grands chantiers d’infrastructures sur l'ensemble du territoire.