Les tombes remarquables que nous avons choisies ressemblent à la vie menée par ces personnalités si différentes : Jean Marais, l’acteur et artiste potier, Florence Arthaud, la navigatrice, Eddie Barclay le producteur de musique et Sœur Emmanuelle, la petite sœur des chiffonniers.
« Il est mort comme il a vécu », dit le proverbe. On est aussi enterré comme on a vécu ! Les tombes remarquables que nous avons choisies ne sont pas forcément des monuments à la gloire de ceux qui ne sont plus de ce monde, mais elles ressemblent à la vie menée par ces personnalités si différentes : Jean Marais, l’acteur et artiste potier, Florence Arthaud, la navigatrice, Eddie Barclay le producteur de musique et Sœur Emmanuelle, la petite sœur des chiffonniers.
► La tombe la plus originale : celle de Jean Marais (1913 - 1998)
Dans le cimetière de Vallauris (Alpes-Maritimes), elle ne passe pas inaperçue ! Marbre noir, La signature de Jean Marais gravée en lettres dorées sur le marbre gris. Au-dessus, une étrange créature, un faune ? Un sphynx ? Un gardien du temple ?C’est plutôt inhabituel, mais cette création funéraire a été réalisée par les mains du défunt lui-même. Sur le côté, sa signature en atteste. Il s'agit d'une reproduction en résine dont la couleur imite celle de la terre. Jean Marais avait choisi de vivre à Vallauris, cité des potiers, pour apprendre cet art difficile auprès de ces artisans géniaux marqués notamment par l’influence de Picasso et de Cocteau.
Les Pasquali, héritiers de l’artiste
Car la collaboration artistique a dépassé la simple transmission de savoir. Dans les années 70, Jean Marais est vite devenu un proche ami du couple. Sur les hauteurs de Vallauris, ils étaient même voisins. A sa mort, les Pasquali sont devenus les héritiers de l’artiste. Un testament contesté à l'époque par le fils adoptif de Jean Marais, Serge Villain-Marais. Celui-ci s’est donné la mort en 2012.Aujourd'hui, Jo Pasquali envisage de refaire les sculptures et de mieux les fixer pour empêcher d’autres pillages. En attendant, des fleurs ornent les deux colonnes, au pied de ce sphynx qui veille sur la tombe de l’artiste et de Nini Pasquali.
► La tombe la plus naturelle : celle de Florence Arthaud (1957 - 2015)
Pour se rendre sur la tombe de la grande navigatrice, il faut prendre un bateau jusqu’à l’île sainte Marguerite, en baie de Cannes (Alpes-Maritimes). Ce voyage est déjà un hommage. Les cendres de Florence Arthaud, décédée tragiquement en 2005 dans un accident d’hélicoptères, ont été jetées dans la mer Méditerranée. Là où elle a appris à naviguer, entre le Cap d’Antibes et la baie de Cannes. A quelques milles nautiques, d’une autre île magique, celle de Porquerolles où elle s’est mariée. Celle que l'on surnomme "la petite fiancée de l'Atlantique" aimait aussi la Méditerranée.Le petit mur de pierres cache la vue des tombes. On entre par une porte en bois discrète. On découvre alors une quarantaine de tombes dans un "cimetière de poche".
Ce sont principalement des familles qui vivaient sur l’île, des pêcheurs et la tombe de Florence Arthaud. Ou plutôt celle de son frère Jean-Marie, décédée avant elle. « C’est lui qui lui a tout appris, à skier, à naviguer, nous explique son frère, Hubert Arthaud, « sans lui, il n’y aura pas eu de Florence Arthaud ».
Au plus près de la nature
La moitié des cendres de Florence se trouve donc dans cette tombe, dépouillée, sans décoration particulière, sans même le nom de Florence. Aujourd’hui, c’est la sépulture de Jean-Marie, de sa femme et de Florence. Une tombe simple, conforme à la vie de Florence et de Jean-Marie, au plus près de la nature, et surtout à côté de la mer. L’élément qu’elle aimait le plus. Surnommé le "petit père Lachaise" par les Cannois, reposer dans ce cimetière est un privilège. La famille a obtenu cette autorisation grâce à la mairie de Cannes.► La tombe la plus musicale : celle d’Eddie Barclay (1921 - 2005)
Il ne pouvait pas être enterré ailleurs. Pour tous c’était une évidence. Eddie Barclay ne pouvait reposer qu’à Saint-Tropez (Var), dans le cimetière marin, avec vue imprenable sur la méditerranée. Le producteur de musique est tombé amoureux de la Côte d’Azur et y a invité tous les chanteurs et musiciens qui ont signé sur son label, le label Barclay. Aujourd’hui, tous ces illustres noms figurent sur de grands disques noirs, à l’image des 33 tours qui ont fait son succès. Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Nicoletta, Edith Piaf, Henri Salvador, Les Poppies, Jacques Brel, Hugues Auffray… Son véritable nom apparait également : Edouard Ruault."Que la fête continue !"
Le caveau de la famille Bardot n’est pas très loin, les parents de Brigitte y sont enterrés. La célèbre actrice a aussi réservé sa place, la Madrague se trouve juste en face du cimetière marin. Un cimetière de stars, qui jouit d’une situation exceptionnelle dans le golfe de Saint-Tropez. Sur la tombe d'Eddie Barclay, une épitaphe en forme de pied de nez à la mort et à la tristesse : "que la fête continue !"► La tombe la plus discrète : celle de Sœur Emmanuelle (1908 - 2008)
Une vie au service des autres qui se termine... dans une tombe collective. Une sépulture à l'image de la vie de la petite soeur des chiffonniers. Sœur Emmanuelle est enterrée dans le petit cimetière de Callian (Var), dans la tombe collective des sœurs de sa congrégation, Notre-Dame de Sion. Sur la plaque en marbre, son nom est presque effacé par le temps. La tombe des soeurs est généralement fleurie. Mais pas de pèlerinage, pas de panneau pour indiquer où se trouve la tombe de Sœur Emmanuelle."Les femmes et les enfants d'abord"
Le maire de la commune, François Cavallier et enfant du village, se souvient de ce petit bout de femme qui insufflait de l'énergie par sa seule présence. Une soeur qui savait très bien se transformer en "animal politique"pour obtenir ce dont elle avait besoin pour son association ou les causes qui lui tenaient à coeur. Il a vu se succéder de nombreux élus politiques dans la maison de retraite !Lucide et combative jusqu'au bout de sa vie
Malgré des difficultés pour se déplacer, elle est restée lucide et combative jusqu'au bout de sa vie. Soeur Emmanuelle s'inquiètait de l'hommage qui devait lui être rendu à Paris pour ses 100 ans. Epuisée, elle s'est éteinte quelques jours avant. Soeur Emmanuelle préférait l'engagement et l'action aux hommages et aux cérémonies.A sa mort, une cérémonie a eu lieu en la cathédrale Notre-Dame à Paris, à Bruxelles également car Soeur Emmanuelle était belge. L'Egypte lui a donné la nationalité égyptienne, à titre posthume. Une petite plaque funéraire, "Alexandrie" rappelle son passé égyptien.