Le président de la République a effectué plusieurs annonces lors d'une visioconférence ce lundi 7 juin en compagnie d'élus des Alpes-Maritimes dont les maires des vallées touchées par les intempéries dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020.
Huit mois après la tempête Alex, Emmanuel Macron a fait le point ce lundi 7 juin avec les élus des communes des vallées sinistrées en octobre 2020.
Le président de la République a d'abord écouté le constat mitigé des élus locaux, dont Christian Estrosi, venu en présentiel à l'Elysée, puis annoncé plusieurs mesures :
- simplifier les procédures
- le préfet des Alpes-Maritimes et celui dédié à la reconstruction doivent accélérer les projets en attente
- création d'un comité de suivi et réévaluation demandées par Christian Estrosi
- création d'un groupe de travail avec la population pour mobiliser tout le monde
- de meilleurs horaires pour les trains entre Breil-sur-Roya et Tende
- réduire les délais des assurances. Le ministère de l'Économie et des Finances doit travailler avec les assureurs à ce sujet.
Au sujet d'un accord pour relancer l'économie dans les vallées, Emmanuel Macron a demandé un retour sous un mois. La création d'une ou plusieurs zones franches, et la mise en place de prêts relais sont à l'étude.
Selon le président, l'État va financer la reconstruction après le passage de la tempête Alex à hauteur de 572 millions d'euros. Avant de s'exprimer le chef de l'État avait d'abord laissé la parole aux élus.
Les demandes des élus au fil de la réunion
Au début de la visioconférence, Emmanuel Macron prend la parole et demande aux personnes présentes de faire un point sur la situation des vallées huit mois après le passage de la tempête.
Il écoute ensuite les rapports des experts, celui du conseil général de l'environnement et du développement durable, des service du ministère de la Transition écologique, puis les élus des vallées s'expriment à leur tour.
En face, les maires des communes de la vallée de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée touchées par la tempête. Christian Estrosi et le président du conseil départemental Charles-Ange Ginésy ainsi que tous les députés et les sénateurs du département sont également conviés à cette conférence.
En tout, plus d'une vingtaine d'élus, le préfet Bernard Gonzales et le préfet délégué chargé de la reconstruction des vallées Xavier Pelletier sont aussi invités à échanger avec le président de la République.
Jean-Pierre Vassallo, le maire de Tende, regrette la situation du hameau de Casterino, toujours isolé. Comme Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya, il regrette que les horaires du train entre Breil et Tende ne soient "pas adaptés à la population".
De son côté, le maire de Saint-Martin-Vésubie Ivan Mottet explique au président que "le montant des indemnisations proposées par les assurances est insuffisant". Il se plaint également des lenteurs du calendrier et il n'est pas le seul.
"Le compte n'y est pas"
Charles-Ange Ginésy prend la parole : "Nous avons aidé 1.600 familles, 380 millions seront au final engagés au total par le conseil départemental des Alpes-Maritimes". L'état a aussi aidé directement mais selon de nombreux élus le compte n'y est pas.
J’ai appelé l’attention du Président de la République sur des points durs qui restent bloquant pour toutes les populations touchées. A événement exceptionnel nous aurions dû bénéficier de procédures réglementaires exceptionnelles. Force est de constater que la lourdeur administrative reprend le dessus. Ne serait-ce que pour engager les travaux de protection des cœurs de villages contre les inondations - à Saint Martin Vésubie, Roquebillière, Fontan et Tende – les moyens financiers sont mobilisées, les marchés publics sont aboutis, les entreprises sont prêtes à démarrer mais les autorisations ne nous sont pas accordées par l’Etat.
"Nous demandons votre appui" pour débloquer la situation, a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron s'était rendu dans la vallée de la Roya quelques jours après la tempête, le 7 octobre. Le président avait promis de "reconstruire très vite" et avait également exprimé "la solidarité de la Nation" dans un message sur les réseaux sociaux.
Début avril, le président du département avait laissé éclater sa colère lors d'une autre visioconférence : "Nous sommes pris pour des dindons" avait-il alors lancé.
Selon Charles-Ange Ginésy, le compte n'y était pas. "100 millions au moins ont été promis avec une rallonge si nécessaire et seuls 26 millions d’euros ont été honorés" avait-il affirmé.
Les moyens
Philippe Guillard, chargé par l'Etat d'évaluer les travaux, a annoncé lors de la réunion que sur le 1,09 milliard d'euros demandés par les collectivités locales pour réparer, l'Etat apporterait, au titre du fonds de solidarité, seulement 130 millions d'euros sur 295 millions retenus.
Intervenant en conclusion, le président de la République a rallongé cette enveloppe. Il a ainsi annoncé que l'Etat apporterait 143 millions via le fonds de solidarité.
S'y ajouteront :
- 59 millions de l'UE
- 150 millions de contrats Etat-collectivités,
- 100 millions du fonds de compensation de la TVA
- 120 millions du fonds Barnier (risques naturels), soit jusqu'à 572 millions au total.
Il avait écrit à ce moment à Emmanuel Macron avec Éric Ciotti, président de la commission des finances du département des Alpes-Maritimes pour lui demander d’honorer les engagements financiers.
Durant la visioconférence, ni Charles-Ange Ginésy, président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes, ni le député LR Eric Ciotti n'ont évoqué les retards de financement avec le chef de l'Etat.
Les entretiens se sont terminés aux alentours de 17 heures. Emmanuel Macron a donné rendez-vous aux élus pour une nouvelle conférence dans un mois.