Pendant une semaine les pompiers ont lutté contre l'incendie qui a parcouru plus de 7.000 hectares dans le Var. Sur son chemin, le feu a balayé le jeune vignoble familial du Domaine de Théolier. Les viticulteurs appellent aujourd'hui à l'aide pour replanter et racheter le matériel nécessaire.
À La Garde Freinet, le bilan est terrible pour la famille Pianetti, après le passage du terrible incendie qui a débuté lundi 16 août à Gonfaron.
"70 % de notre vignoble a brûlé, constate Emma Pianetti. Des jeunes vignes plantées l'année dernière et ce printemps, elles n'ont pas pu résister au feu."
Dans le petit domaine viticole de ses parents, l'incendie a tout ravagé : les vignes du domaine, mais aussi les oliviers et les mimosas, ainsi que le matériel agricole.
"On saura dans une semaine, si les vignes restantes n'ont pas pris un coup de chaud fatal."
C'est avec beaucoup d'émotion qu'Emma parle du domaine de ses parents. Il y a trois ans, ils vendaient leur maison et avec toutes leurs économies achetaient des terres à l'abandon pour réaliser leur rêve.
"On a défriché, enlevé les ronces, travaillé la terre, planté les vignes... Trois ans de travail partis en fumée, c'était le projet de leur vie."
Dans l'incendie, Emma a cru perdre davantage. Son père Pierre-Alain s'est retrouvé seul sur l'exploitation pendant deux jours, tentant de repousser le feu avec le pulvérisateur du tracteur.
Mercredi après-midi le feu gagne de la vitesse : "il s'est propagé très vite, il a tout dévoré les piquets, le matériel, le hangar", jusqu'à menacer la maison. Emma suit les événements à distance, jusqu'au moment où le téléphone de son père ne fonctionne plus.
Sous l'effet de la chaleur, les vitres de la maison explosent, Pierre Alain trouve alors refuge au milieu des vignes. Cerné par le feu avec son tracteur, les canadairs finissent par le repérer et éteignent les flammes qui l'entourent permettant à un camion de pompiers de le secourir.
"J'ai cru perdre mon papa", confie Emma la voix tremblante.
Les dégâts restent immenses pour le petit domaine familial. Le hangar contenant le matériel agricole a lui aussi brûlé. "On a du mal à chiffrer les pertes, c'est difficile d'identifier ce qui a brûlé le matériel agricole a fondu."
Pierre Alain a réussi à sauver son tracteur : "Il a passé deux nuits blanches à le bouger pour le protéger des flammes."
L'assurance ne couvrira pas les pertes
À l'heure de faire les comptes, le bilan est catastrophique. Leur assurance incendie ne couvre pas les vignes et ne remboursera qu'une partie du matériel agricole acheté d'occasion.
"On n'a pas d'assurance aléas climatique, explique la jeune femme, c'est beaucoup trop cher. Notre assureur nous a même dit que dans son portefeuille, seuls deux viticulteurs ont les moyens de payer cette assurance."
La famille a donc lancé une cagnotte en ligne : 67.600 euros pour racheter les vignes et les outils essentiels : broyeur, épareuse, tronçonneuse, remorque...
La famille n'espère cependant pas remplacer les oliviers et les mimosas, plantés il y a plus de 30 ans. "On ne pourra jamais les remplacer, un olivier adulte c'est plusieurs milliers d'euros."
1.000 hectares viticoles touchés par les flammes
"Au niveau national, seulement 25% des agriculteurs ont l'assurance aléas climatique", reconnait André Bernard, président de la chambre régionale d'agriculture en Paca.
Il espère que les assurances étendront la couverture risque incendie à l'ensemble des pertes. "On va trouver des solutions, la solidarité agricole va se mettre en place."
Au-delà des réponses à la situation de crise, le président de la chambre d'agriculture régionale veut que l'aménagement du territoire soit repensé pour éviter de nouvelles catastrophes.
"Avec les espaces protégés qui ne sont pas débroussaillés, le recul du pastoralisme qui laisse la végétation progresser, l'absence de sécurisation des points d'eau, énumère-t-il amer, depuis plus de 15 ans on dit qu'on court à la catastrophe. Lors des précédents incendies, il n'y avait pas eu autant de vignes détruites."
La chambre d'agriculture comptabilise 1.000 hectares parcourus par les feux et trois ou quatre domaines viticoles qui ont perdu du matériel.
"L'agriculture dans le Var subie régulièrement des drames : les inondations il y a deux ans, le gel ce printemps, le feu il y a une semaine et même la grêle hier soir."
À quelques jours des vendanges, la grêle a abimé les raisins à Pignans.