C’est dans le sud-est que la vague de chaleur caniculaire va être la plus durable : environ une dizaine de jours à partir de ce vendredi. Un épisode chaud qui trouve son origine dans une goutte froide, située dans les Açores, et qui inquiète Météo France : "On est dans une sorte de fenêtre ouverte sur le futur qui nous attend !"
La région PACA ne sera impactée qu’à partir de ce vendredi par la vague de chaleur, soit plus tardivement que dans le reste de la France. Mais c’est à cet endroit que l’épisode caniculaire sera le plus durable : du 16 au 26 juillet environ, sans aucune précipitation ni dégradation orageuse prévues.
Si l'arc méditerranéen reçoit plus d'énergie solaire que le reste du territoire français, une brise marine viendra tout de même rafraichir le littoral.
Dans tous les cas, Météo France parle de "scénarios très chauds". "À l’horizon actuel, prévoyez un pic de chaleur ce week-end, suivi de températures largement au-dessus des normales de saison, surtout dans les terres" précise-t-elle de lundi après-midi, en conférence de presse.
La faute à la goutte froide !
"Les très fortes chaleurs sont actuellement concentrées sur le Portugal et l’Espagne. Mais une goutte froide sur l’Atlantique, soit une petite dépression qui, en tournant sur elle-même, agit comme une pompe à chaleur, va décaler la vague de chaleur de l’Ouest de la France vers l’Est" nous explique Paul Marquis, météorologue dans les Bouches-du-Rhône.
Pour faire simple, cette goutte froide, c'est de l’air froid positionné à 5000 mètres d’altitude qui va aller s’isoler et engendrer une pression atmosphérique. Et, à l’image d’une pompe à vélo, quand on comprime l’air, il devient plus chaud.
La goutte froide continue alors à s’auto-alimenter en tournoyant autour d'elle, en circulant entre les Açores et le proche-Atlantique. Et c'est en faisant des oscillations Est-Ouest qu'elle va ensuite favoriser des remontées d’air chaud subsaharien.
"Les particules qui contournent l’anticyclone, par effet de compression, sont surchauffées. La position de cette goutte froide est assez incertaine. Si elle se positionne plus près de la péninsule ibérique, ce qui semble être le cas, elle n’aura pas la même influence et risque de faire remonter l’air chaud d’Afrique du nord" confirme Sébastien Léas, prévisionniste à Météo France.
Matthieu Chevallier, Responsable de permanence à Météo France, précise : “En parallèle de cette décompression d’altitude aux alentours des Açores, on a un axe de haute pression entre le Maroc, la France et les îles britannique."
44 vagues de chaleur recensées depuis 1947
On se souvient tous de la canicule d’août 2003 avec une intensité exceptionnelle et des records absolus dans le Gard, à Conqueyrac.
Météo France fait ainsi un travail de recensement des vagues de chaleur depuis 75 ans et en dénombre 44 jusqu'à aujourd'hui ; juin 2022 étant la dernière et la plus précoce jamais enregistrée.
"C’est au mois de juillet qu’on en compte le plus, dont trois épisodes de chaleur qui ont duré plus de 15 jours" selon Météo France.
Le changement climatique, responsable des pics de chaleur
Ces vagues de chaleur vont être plus précoces, plus intenses et plus tardives en fonction des scénarios d’émission de gaz à effet de serre. “En cas de forte émission, elles seront multipliées par 5 ou 10. En cas de réduction, elles seront là divisées par deux" lâche Matthieu Sorel, climatologue à Météo France.
"Certaines études nous permettent de dire que, sans le changement climatique, ces vagues auraient été moins intenses de jusqu’à moins trois degrés" estime Météo France.
Une répétition de vagues de chaleur qui inquiète Sébastien Léas, prévisionniste : "Il y a des années qui sont des sortes de fenêtres ouvertes sur le futur qui nous attend ! Le climat a une telle inertie que les températures vont forcément aller à la hausse."
"On va vers des étés de plus en plus chauds où les 35 à 40 degrés deviennent la norme" confirme son collègue climatologue, la voix grave, derrière son bureau. La suite au prochain épisode...