À Montauroux, un bébé sanglier était devenu la mascotte d'un quartier. Baptisé Pumba par la famille qui l'a accueilli, il allait et venait entre les jardins du voisinage. Mardi dernier, cette amitié insolite a brusquement pris fin quand on leur a annoncé que la bête avait été tuée par un voisin chasseur. En plus d'être attristés, les amis de Pumba s'inquiètent pour la sécurité dans leur quartier.
La belle histoire d'une amitié née entre une famille de Montauroux dans le Var et un marcassin s'est malheureusement terminée tragiquement. Trois mois après son arrivée dans le quartier du chemin du Collet de Bigarel, Pumba, comme l'avait surnommé la famille de Jonathan Pecot, s'est fait tirer dessus par un chasseur du quartier.
Tout a commencé début décembre, lorsque Jonathan, père de famille de 4 enfants, a surpris un beau matin un petit marcassin dans l'enclos de ses oies et ses lapins. "Il avait fait un trou dans le grillage pour passer, je ne l'ai pas réparé pour qu'il puisse sortir. Il était craintif alors, je l'ai laissé là, se remémore Jonathan. Il est ressorti dans l'après-midi et il est revenu plusieurs fois dans les jours qui ont suivi."
Le temps passe et le marcassin Pumba cherche de plus en plus à se rapprocher de la famille. "Il venait vers nous quand on s'approchait de lui", se souvient Jonathan. Pour éviter tout accident avec une voiture, le père de famille publie un message sur le groupe Facebook de Montauroux.
Je voulais que les véhicules soient au courant qu'il y avait ce petit marcassin qui se baladait dans le quartier. Pour qu'il soit bien visible même la nuit, je lui ai mis un collier jaune fluo. Je sais que je n'avais pas le droit mais c'était pour éviter tout accident pour lui et pour les voitures.
Jonathan Pecot
"La mascotte du quartier"
Les internautes montaurousiens se prennent d'affection pour Pumba qui devient "la mascotte du quartier". Pumba se rend parfois chez l'un parfois chez l'autre, les voisins discutent de qui l'a vu en dernier et dans quel coin...".
On lui avait même mis un GPS pour animaux au cou parce qu'on était curieux de voir son parcours", admet Jonathan Pecot. Sur Facebook, il se dit prêt à payer une amende si on lui rétorque qu'il n'avait pas le droit d'apprivoiser Pumba.
Après de nombreuses semaines où tout ce beau monde apprend à faire connaissance, Jonathan se dit qu'il est peut-être temps de lui trouver un endroit plus approprié. "Nous étions en train de chercher une ferme pédagogique qui pourrait prendre soin de lui". Mais, il n'a "pas eu le temps".
Mardi 7 février, le téléphone sonne. Au bout du fil, le garde-chasse lui annonce que Pumba a été tué par un de ses chasseurs. Jonathan tombe des nues : "J'étais complètement abattu".
Ce jour-là, le marcassin est allé "un peu plus loin que d'habitude" et il se serait retrouvé dans un enclos avec des poules en train de manger leur maïs. Le chasseur qui a tiré sur le marcassin aurait ensuite appelé Jonathan pour lui dire : "Je n'ai eu aucun scrupule à abattre votre Pumba".
Je ne m'en prends pas aux chasseurs. Je m'en prends à un homme qui a fait un acte de cruauté. Ce n'est pas ça de chasser ! Ce n'est pas un acte de chasse mais un abattage !
Jonathan Pecot
La sécurité du quartier en question
Même si Jonathan reconnaît que lui et sa famille sont très touchés par la perte de Pumba, il explique que ce n'est pas ce qui le tourmente le plus. Savoir qu'un homme a tiré avec son fusil en plein jour dans un quartier habité pose des questions sécuritaires.
"On n'a pas entendu de coup de feu, explique Jonathan. Donc, on se demande s'il n'a pas utilisé un silencieux. On habite dans un quartier où il y a beaucoup d'enfants, certains en bas âge, c'est normal qu'on s'inquiète après un tel agissement !"
Une assistante maternelle du quartier qui avait sympathisé avec Pumba témoigne de son inquiétude grandissante : "Je ne pense pas qu'il va nous tirer dessus cet homme, mais oui, quand je vais me balader sur la route en bas du quartier, je me dis que c'est un peu dangereux."
Est-ce que ça veut dire que si quelqu'un rentre sur son terrain, il sort le pistolet ? On est en France ici, on n'est pas aux Etats-Unis !
Jonathan Pecot
Le père de famille a lancé une pétition en ligne pour alerter sur cette situation. En 5 jours, elle avait déjà rassemblé près de 10.700 signatures.
Jonathan Pecot espère obtenir auprès de la mairie la certitude que cet homme avait bien un permis de chasse et le droit de chasser alors qu'aucune battue n'avait été prévue ce jour-là.
"Avec les accidents de chasse dont on entend de plus en plus parler, je me dis que ça aurait pu être pire", s'inquiète-t-il. La mairie de Montauroux, que nous avons contactée, nous explique qu'aucun rendez-vous n'a été fixé pour le moment, mais qu'elle reste à l'écoute de ce monsieur s'il souhaite en avoir un.
Un mystère demeure : la famille a demandé le corps de l'animal mais le garde-chasse leur a simplement ramené le collier jaune.