Dans le Var, un T-28, avion mythique de l'armée américaine, est restauré par un passionné

Un appareil de l'armée américaine datant des années 1950 est remis en état depuis plus d'une dizaine d'années dans le hangar de l'aérodrome de Cuers-Pierrefeu (Var) par un pilote amateur.

Dans un coin du hangar, un homme s'affaire sur le nez d'un avion. On entend le bruit régulier du cliquetis d'une clé. Vincent Charrier serre la rampe d'allumage qui va alimenter les bougies du moteur.

Sur le flanc de l'appareil est écrit "US Air Force" ; il  semble tout droit sorti d'un film américain dont l'action se déroulerait durant la guerre du Vietnam. Cette silhouette est celle d'un appareil mythique, le T-28 de l'armée américaine.

Debout, Vincent Charrier a les mains plongées au milieu de 7 cylindres disposés en étoile. Il connaît chaque pièce de cet avion, de la plus grande à la plus petite. Comme les 74.000 nouveaux rivets.

Une histoire née il y a 12 ans

Tout a commencé par un projet entre copains. Un avion T-28  rapatrié du Congo et acheté en Belgique. Mais malheureusement, il est en trop mauvais état, et il va falloir trouver des pièces. Beaucoup de pièces.

Le plus simple alors est de "ferrailler" un avion similaire, c'est-à-dire le démonter pour en récupérer les parties nécessaires. Ce nouvel appareil viendra d'Éthiopie cette fois et finira après quelques péripéties sur l'aérodrome de Cuers-Pierrefeu (Var) car le premier projet est tombé à l'eau.

"Lorsque je l'ai reçu, je me suis assis dedans et je me suis dis : qu'est-ce que je fais ? Bon, je me lance, on verra bien".

La restauration s'avérera pharaonique avec ses 11.000 heures de travail, mais ce jusqu'au-boutiste n'abandonnera jamais. Lui, qui n'avait jamais vu un rivet en aluminium, apprendra la chaudronnerie. Lui, qui ne savait pas ce qu'était un schéma électrique, refera toute l'électricité de l'appareil. Soit un kilomètre et demi de câble au total. Cela lui prendra 3 ans.

C'était un pari. J'ai eu beaucoup de désillusions, de moments compliqués, mais j'ai surtout appris beaucoup de choses. C'est une école extraordinaire.

Vincent Charrier

Il l'avoue lui-même : "si j'avais su ce qui m'attendait, je ne me serais jamais lancé. Jamais." Mais aujourd'hui, il est fier. Sa famille aussi.

C'est une belle aventure, on est tous fiers de lui. Quand les gens venaient voir l'avion, ils disaient 'Il est fou, il n'ira jamais jusqu'au bout'

Charlotte Charrier

Vincent Charrier a passé de très nombreuses heures sur internet à la recherche de documents techniques, et de contacts aux États-Unis. Ce qui l'a le plus surpris : la modernité de cet exemplaire. C'est un des derniers modèles à hélice avant la généralisation de l'avion à réaction ; "la partie hydraulique est très élaborée".

Pilote, il est désormais aussi fier d'être le mécanicien de son propre appareil, un peu comme les pionniers de l'aviation, au temps de l'Aéropostale. Celui où les pilotes se posaient en plein désert pour réparer leur zinc. Ce n'est plus le cas de nos jours.

"Là-haut je me sens chez moi, c'est mon élément"

À l'âge de 3 ans, alors qu'il grandit à Abidjan (Côte d'Ivoire), il se voit offrir par ses parents un petit avion à friction. Quelques années plus tard, dans un coin de la maison, il découvrira une boîte.

À l'intérieur, un calot, des écussons, des ailes de pilote et des photos en noir et blanc d'avions et de pilotes. Au milieu, son père. Ce dernier avait quitté l'armée en 1962 et ne lui en avait jamais parlé. Mais depuis, l'aviation ne quittera jamais très longtemps le quotidien de Vincent Charrier. De maquettes en plastique en modèles radiocommandés, de pilotage d'ULM en voltige aérienne.

Celui qui aujourd'hui dirige une entreprise d'aménagements paysagers dans le Var, les pieds sur terre, a toujours eu la tête dans les nuages. C'est dans les airs qu'il se sent bien. Il a 250 heures de voltige aérienne à son compteur. Rien que ça.

Parfois, l'envie de tout plaquer a pointé le bout de son nez mais (heureusement) sa famille l'a toujours soutenu, même si elle est aujourd'hui soulagée que l'histoire touche à sa fin. La dernière opération devrait avoir lieu en octobre, l'hélice tripale sera posée et, si tout va bien, ce superbe North American T-28 fera son premier vol avant la fin de l'année.

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