Une grève nationale était organisée ce samedi 7 décembre chez Decathlon pour dénoncer un manque de partage de la valeur créée. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, plusieurs dizaines de salariés ont suivi cette grève, sans pour autant bloquer les magasins.
Chez le fleuron de la grande distribution sportive en France, c'était jour de grève ce samedi 7 décembre. Alors que l’entreprise affiche des résultats en croissance depuis la pandémie du COVID, des tensions commencent à voir le jour entre les salariés et la direction.
L’annonce du versement d’un milliard d’euros de dividendes à l’association familiale Mulliez, son actionnaire principal, ne passe pas. Parallèlement, 2.400 emplois sont menacés chez Auchan, également détenu par la famille Mulliez.
La grève de ce samedi 7 décembre, à l'appel de la CFDT (3e syndicat, 22% des voix des salariés) vise notamment à rappeler à la dynastie Mulliez ses valeurs fondatrices de partage de la richesse.
De très bons résultats, peu de redistribution
"Après le COVID, c'était 600 millions de dividendes, puis 800 millions. Et maintenant c'est 1 milliard d'euros dont on ne voit pas la couleur !" dénonce Christophe Levier, salarié du magasin de La Garde (Var) et délégué syndical régional CFDT chez Decathlon.
Mobilisé avec une vingtaine d'autres salariés ce samedi 7 décembre au niveau du magasin de Ollioules, situé à l'ouest de Toulon, il fait part de sa crainte de voir la philosophie managériale du magasin prendre un nouveau tournant. "Il y avait une époque où les fondateurs, Gérard Mulliez et Michel Leclercq, avaient une vraie volonté de partager. Mais il semblerait que c'est en train de changer..."
Le représentant syndical rappelle notamment que les recrutements ont été freinés depuis le Covid, et que les pratiques en matière de contrats courts évoluent de manière inquiétante. "L'entreprise fait désormais recours à des intérimaires. Ça change beaucoup de choses comparé à un contrat en CDD, où une carence doit être respectée."
Alors que les salariés avaient été vivement sollicités pendant la période du COVID, Christophe Levier se désole de voir que les bons résultats de l'entreprise ne se répercutent pas sur les salariés : "Depuis le Covid, c’est zéro partage."
Une rentabilité record, mais pas de primes
Si les bénéfices de l’entreprise explosent, les salariés dénoncent l’absence de primes et une répartition inégale des richesses. La pilule a d'autant plus de mal à passer que les fêtes de Noël approchent. "Si l'on pouvait au moins obtenir une prime de fin d'année, on se sentirait déjà un peu plus considéré.(...) Les deux fondateurs, Gérard Mulliez et Michel Leclercq, ont quitté le conseil d’administration. Depuis, on s’aperçoit que leurs successeurs ne partagent pas les mêmes ambitions sociales..."
Si la mobilisation de ce jour reste relativement limitée (pas de magasin fermé), les salariés comptent continuer à porter leurs revendications. À partir de lundi, des entrepôts seront en grève, notamment à Ensuès-la-Redonne (Bouches-du-Rhône) qui emploie 130 salariés.