Chaque hiver, les viticulteurs taillent les ceps. Mais cette année, certains professionnels du département du Var inaugurent. Ils essaient une stratégie, un peu différente, pour tenter de prémunir leurs vignes contre le gel.
En tant que premier producteur mondial de vin, la France se distingue par la diversité de ses terroirs et son expertise séculaire en la matière.
La viticulture représente 16 % de sa production agricole, soit 15 milliards d'euros en 2022. Ce qui est loin d'être négligeable.
Ces dernières années, les exportations de vins et spiritueux français ont représenté environ 70% de la balance commerciale agroalimentaire de la France, et petite information, à glisser lors d'une dégustation, le champagne représente environ 30 % de cette valeur.
Si plus d'1/3 des exploitations agricoles de la région PACA sont spécialisées en viticulture, le Vaucluse et le Var, en sont les principaux départements producteurs, avec 86 % de surfaces viticoles.
"Non pas sur une récolte, mais deux touchées"
Pour ce qui est du Var, sixième département producteur de vins en France, la viticulture est sa première ressource agricole dont 80 % des vignobles sont exploités sous signe officiel de qualité (AOC).
Il est donc vital pour les exploitants viticoles de bichonner leurs ceps et de les protéger coûte que coûte des aléas climatiques, comme celui du 19 avril dernier qui a détruit plus de 3 000 hectares et impacté, de 30 à 70 % de la récolte selon les parcelles.
Protéger les raisins est donc une priorité comme nous l'explique Valérie Rousselle, la propriétaire du "domaine Château Roubine" à Lorgues : " Le gel affecte souvent la vigne non pas sur une récolte, mais deux".
Le gel affecte souvent la vigne non pas sur une récolte mais sur deux
Valérie Rousselle - Propriétaire du "domaine Château Roubine" à Lorgues (83)FTV
Taille expérimentale
Une réalité qui se devine, en fait, au simple regard. La vigne porte, encore, les stigmates du coup de gel du printemps 2024, comme nous le révèle Olivier Pellaton, le chef de culture au "domaine Château Roubine" : "Si l'on regarde bien, les premiers bourgeons n'ont pas poussé. Ils ont été brûlés par le gel. Ce sont les bourgeons secondaires qui ont démarré. Mais, on ne peut pas les conserver, car ils ne seront pas assez solides pour soutenir les futures grappes de raisins. Nous devons donc les tailler et récupérer des sarments plus gros qui eux pourront porter les raisins de la saison prochaine".
Cette taille précoce prend donc une importance toute particulière. D'elle dépendra la future récolte. Les petits coups de sécateurs marquent, ainsi, comme un top départ à la naissance des bourgeons.
Dès que les températures vont commencer à grimper, plus de huit heures d'affilée à minimum 20°, le bourgeon va passer de l'état de dormance à celui de début d'un rameau vert qui va pousser. Notre action va donc être d'essayer de retarder ce moment-là le plus loin possible dans le printemps".
En ce mois de janvier, ne sont donc taillées que les vignes dont les bourgeons pourront résister à des gelées tardives. En revanche, pour les cépages à risques, la taille sera exceptionnellement repoussée jusqu'en avril.
Si pour l'instant, les conditions climatiques hivernales sont parfaites. Il n'est pas question de pécher par excès de confiance.
La taille s'effectuera donc sur une période plus longue qu'à l'ordinaire.