L’hiver s’installe mais les plantes tropicales, elles, ont toujours besoin de chaleur. Dans le Var, les horticulteurs font face tant bien que mal à la flambée des prix de l'énergie. La chambre d’agriculture du Var souhaite les plafonner.
Joël Jutel est horticulteur à Roquebrune-sur-Argens. Il vient porter assistance à sa consœur Raphaëlle Vacherot. Le mécanisme de sa soufflerie doit rapidement être réparé pour maintenir la température dans la serre de l’horticultrice.
La journée, le soleil permet l’augmentation naturelle de la température des serres mais une fois le soleil couché, le chauffage est indispensable. “Il faut que ça tourne pratiquement toute la nuit. Sans chauffage, les plantes risquent de souffrir, voire de mourir. Donc il faut impérativement que ce soit réparé aujourd’hui”, commente Joël, une hélice dans les bras, au micro d'Alexandre Dequidt et devant la caméra de Maxime Meuneveaux, de France 3 Côte d'Azur.
1.200 euros supplémentaires de chauffage
Raphaëlle Vacherot devrait normalement chauffer sa serre à 20 degrés mais avec la hausse du coût de l’énergie elle a dû régler le thermostat à 17 degrés. “Le minimum pour que les plantes ne meurent pas”, commente l’horticultrice, inquiète.
Déjà, elle constate les effets du froid sur sa production. “Cette partie de la serre devrait déjà être en fleur pour Noël. Ici on voit que la tige n’est qu’au tout début du stade de floraison.” Elle va devoir patienter encore deux mois avant que ses plantes n’éclosent totalement.
Un retard dû à un besoin de chaleur des plantes difficilement contenté en raison de la hausse du prix des énergies. Pour remplir ses cuves, elle paye 1.200 euros de plus que l’an passé et la facture risque d’augmenter. “Dans les périodes où il fait vraiment froid, on les remplit tous les dix jours“, explique l’horticultrice qui consomme en moyenne 42 tonnes de gaz par an pour chauffer ses cultures.
“Avec l’augmentation du prix du gaz, rien que pour chauffer à 17 degrés, je paye 10.000 euros à l’année. Si on chauffait à 20 degrés on serait plutôt autour de 30.000 euros. Impossible pour nous de payer une telle charge”
Raphaëlle VacherotHorticultrice
”Peut être que ça peut augmenter car on n’a pas de plafonnement, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés”, poursuit-elle.
Le prix des orchidées va-t-il augmenter ?
C’est également ce qui inquiète la chambre d’agriculture du Var qui réclame le plafonnement des prix. “Aujourd’hui pour le gaz, en fonction des contrats et de la taille de l'exploitation, il y a une augmentation de 40 à 300% sur le département du Var. Ce n’est pas viable, on ne peut plus travailler comme ça”, lâche Sébastien Perrin, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture du Var.
D’après lui, il est encore temps d’agir avant que les agriculteurs ne répercutent le coût de l’énergie sur leur prix de vente.
“Un agriculteur ne va pas planter s’il n’est pas sûr de pouvoir maintenir sa culture. On veut un plafonnement du coût de l’énergie. Les denrées agricoles, pour la plupart, n’ont pas encore endossé ce surcoût de l’énergie dans la rémunération. Le jour où les agriculteurs le feront, les consommateurs vont vraiment le ressentir”
Sébastien PerrinSecrétaire général de la Chambre d’Agriculture du Var
Le prix des orchidées n’a pas bougé pour le moment. Les fêtes de fin d’année représentent 15% du chiffre d'affaires de cette exploitation.
A l'avenir, Raphaëlle Vacherot envisage de se tourner vers des cultures “un peu plus fraîches" et moins gourmandes en chauffage. L’orchidée phalaenopsis (orchidée papillon) pourrait être privilégiée. “On va proposer d’autres types d'orchidées en espérant qu’on arrive à les vendre correctement pour rentabiliser nos serres sans avoir trop de frais de chauffage”, espère l’horticultrice.