Draguignan, Saint-Tropez, Saint-Raphaël : un "travail d'équilibriste" pour faire fonctionner les urgences

Selon l'enquête du syndicat Samu-Urgences de France, près d'un service d'urgences sur deux a fermé au moins une fois cet été dans le pays. Dans l'Est-Var, les difficultés ne vont pas s'arrêter avec la fin de la saison. Le point.

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"On a réussi à tenir !" Chef du service des urgences du centre hospitalier de Fréjus Saint-Raphaël, le docteur Didier Jammes s'apprête à prendre, enfin, quelques jours de repos en ce début septembre. L'été a été difficile. Sous tension. Sans répit. Dans le Var, premier département touristique français, la population estivale se démultiplie.

Et les difficultés d'accueil dans les services des urgences ne se limitent pas au périmètre de la commune littorale de Saint-Raphaël.

C'est tout le bassin Est-varois qui doit gérer la pénurie de personnel et le manque de moyens.

Solidarité entre les hôpitaux

Tout l'été, les équipes de ces trois hôpitaux ont joué la solidarité, pour tenter d'assurer le service à l'échelle du bassin. Draguignan a réussi à ouvrir certaines nuits où Gassin Saint-Tropez était fermé. Des médecins de Draguignan et de Saint-Raphaël sont allés faire des remplacements à Gassin où, selon le chef des urgences raphaélois, le manque de médecin "est de plus d'1,5 équivalent temps-plein".

"On a bouché les trous de planning", explique Didier Jammes. "Et dans le même temps, on a renforcé notre ligne de garde nocturne à Saint-Raphaël au prix de temps de travail additionnel. De son côté, le Samu 83 a fait un énorme travail de régulation via le 15 pour orienter les patients les soirs de fermeture. C'est au prix de tous ces efforts, un véritable travail d'équilibriste, que nous avons tenus".

Mais cet effort de solidarité n'est évidemment pas sans conséquence.

Mon équipe est au bout de ce qu'elle peut apporter comme aide.

Dr Didier Jammes, chef du service des urgences du Centre hospitalier de Fréjus Saint-Raphaël.

Le personnel sur le pont tout l'été commence à son tour à faiblir. "Un de mes médecins est en arrêt-maladie. Pour l'instant, je n'ai personne pour tenir les urgences dimanche prochain. C'est à notre tour de faire appel à la solidarité..."

L'automne incertain

Le passage de la saison estivale signifie-t-il la fin des difficultés ? Pas sûr.

À Draguignan, "la direction est à la recherche de médecins depuis deux ans. On ne les voit pas arriver...", constate Patricia Duthé pour la CGT. La direction ne baisse pas les bras : "Un nouvel urgentiste a rejoint l’établissement pour quelques mois. Nous espérons pouvoir pérenniser ce recrutement. D’autres recrutements sont en cours", positive Florestan Perret, directeur des Affaires médicales. "L'évolution dépend principalement des effectifs pour parvenir à un fonctionnement normalisé qui reste l’objectif."

Comprenez, dans l'attente, la fermeture des urgences cinq nuits par semaine reste en vigueur. Un fonctionnement "qui correspond davantage dans les faits à un accès régulé – comme dans beaucoup d’autres centres hospitaliers de France", remarque le directeur.

Du côté de Saint-Tropez, pas d'informations officielles pour l'instant. Celles qui sont parvenues au voisin raphaëlois ne sont pas encourageantes : "Nous avons encore de grosses incertitudes sur l'avenir des urgences de Gassin Saint-Tropez", lâche le Dr Didier Jammes.

Quant au recrutement de nouveaux urgentistes, le Dr Jammes n'est pas plus optimiste. "Nous sommes à la fois loin de Nice et de Marseille. Chaque année de jeunes internes spécialisés en médecine d'urgence sortent des CHU -une dizaine à Nice, dont nous dépendons-, mais ils n'arrivent pas jusqu'à chez nous".

L'alarme de Samu-Urgences de France

Saint-Tropez, Draguignan... Selon Samu-Urgences de France, près d'un service d'urgences sur deux a fermé au moins une fois durant les mois de juillet et août dans le pays. Le syndicat a mené l'enquête directement auprès des services concernés.

L'enquête publiée ce mercredi pointe également la situation des services de régulation, les Samu et centres 15 : trois-quarts d'entre eux disent avoir eu besoin de renforts d'assistants de régulation médicale (ARM), mais un tiers n'ont pas pu en trouver.

La profession proteste d'ailleurs contre ses conditions de travail par un mouvement de grève national depuis le début du mois de juillet.

"Le système donne l’illusion d’avoir tenu, mais à quel prix et dans quelles conditions ?", écrit le syndicat dans un communiqué. "La dégradation de l’accès aux soins urgents en France ne peut plus se poursuivre". "Samu-Urgences de France demande des mesures structurelles de profondeur", termine-t-il.

Invité des 4 Vérités sur France 2 mardi matin, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a présenté un tableau différent. "On a 680 services d'urgences en France, cinq ont été entièrement fermés cet été, une quarantaine ont dû fermer ponctuellement".

Le ministre a également renvoyé vers les mesures annoncées la semaine dernière par la Première ministre sur l'amélioration des rémunérations de nuit à l'hôpital.

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