Les soignants sont presque tous en arrêt maladie à l'hôpital de Fréjus-Saint Raphaël dans le Var : dès ce mercredi et jusqu'à samedi. Motif : burn-out, c'est-à-dire, épuisement professionnel. L'accueil des patients en détresse vitale sera tout de même assuré.
Dès 20h ce mardi 17 janvier, l'hôpital public de de Fréjus-Saint Raphaël dans le Var commencera à réguler le flux des patients qui se présenteront au service des urgences. Puis, ce sera une fermeture provisoire dès demain mercredi et ce jusqu'à samedi matin 8h.
À 1 heure de route de Fréjus, les urgences de Draguignan, elles, sont fermées toutes les nuits depuis la fin octobre 2021.
Depuis cette décision du centre hospitalier de la Dracénie, ce sont les urgences du centre hospitalier intercommunal Bonnet qui palliaient les situations non vitales.
Le service des urgences a récupéré une majeure partie des patients qui s'y rendaient directement où y été transporté.
Un surcroit de travail réel qui, avec le Covid, les épidémies de grippe et bronchite de la fin et du début de l'année laissent les équipes soignantes fréjusiennes exsangues.
Désormais, avec cette situation très dégradée, c'est tout l'est Var qui est impacté par la fermeture temporaire du service des urgences de Fréjus-Saint Raphaël.
Arrêts maladies en nombre
Sur 23 médecins, 21 seront en arrêt maladie dès ce mardi soir et sur 36 infirmiers et infirmières, 34 suivront le même processus. L'épuisement n'est que la suite prévisible des nombreuses manifestations des personnels dénonçant leurs conditions de travail.
La grogne couve depuis plusieurs mois et le point d'orgue a été atteint avec l'afflux massif de patients début janvier. Le jeudi 5 janvier en effet, une arrivée importante de brancards avait paralysé toute l'activité du service.
"On a des gens qui attendent parfois plusieurs jours avant d’avoir une place en hospitalisation" expliquait-il alors au micro d'Alexandre Dequidt et de Maxime Meuneveaux.
Si les urgences de Fréjus sont en grève, il n'empêche que quelques personnels soignants et médecins d'astreinte seront bien présents durant ces 3 jours pour prendre en charge les urgences absolues.
Détresse vitale : oui
Seules les personnes en détresse vitale ainsi que les urgences obstétriques, cardiaques, pédiatriques et psychiatriques seront reçues jusqu'à samedi.
Hormis ces patients, tous les autres, seront évalués et réorientés vers des centres de soins voisins, comme le pôle de santé de Gassin, les centres hospitaliers de Grasse ou de Cannes.
A la demande de l'Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte-d'Azur (ARS PACA) le niveau 2 d'alerte de la gestion des situations sanitaires exceptionnelles (Plan blanc) a été déclenché ce jour dans l'ensemble des établissements de santé du Var Est.
Les usagers qui nécessitent une prise e charge médicale pendant la durée de ce fonctionnement dégradé temporaire sont invités soit:
- à consulter en priorité leur médecin traitant
- à consulter en centre de soins non programmés à l'adresse suivante : https://www.paca.ars.sante.fr/les-lieux-de-soins-non-programmes-en-region-paca
- à défaut, à appeler le 15 où un médecin déterminera si leur demande doit être traitée en urgence et les orientera vers la meilleur prise en charge
Fabrice di Vizio, avocat de l'Association de la Santé Public et de l'Environnement dont le siège est à Paris est très clair dans son explication de la situation : "C'est inéluctable. C’est la conséquence de choix politiques et d'une conjonction de circonstances. Ça fait des années que les professeurs de médecine alertent. Il aurait fallu dans les années 90 réaugmenter le numerus clausus. S’il manque des médecins, ça pèse sur les infirmières et s’il manque des infirmières, ça retombe sur les aides-soignantes. Tout le monde se retrouve avec une charge de travail énorme. Corrélativement, les conditions de travail sont dégradées et les accidents aux urgences se multiplient ! On ne peut pas régler le problème si on n'a pas une médecine de ville qui fasse le job. Or, des médecins de ville, il n'y en a plus."
Et d'ajouter : "cncernant les infirmières, elles sortent du Covid, rincées et elles ont découvert qu’on leur a demandé beaucoup et qu’on leur a donné très peu au regard de la pénibilité de leur travail. Où sont la dignité, la considération, et la reconnaissance financière ? La profession est corvéable à merci et aujourd’hui les services ferment comme à Fréjus-Saint Raphaël."
Ca va se dégrader encore et encore. Il n'y a pas de bout du tunnel, pas d'issu à court terme.
Fabrice di Vizio, avocat de l'Association de la Santé Public et de l'Environnement.
Toujours est-il que le maire de Saint Raphaël, Fréderic Masquelier, est en colère contre la direction de l'hôpital et l'Agence Régionale de Santé (ARS) dont il dénonce le fonctionnement bureaucratique allié à l'obsession de rentabilité.
Si des pistes sont actuellement à l'étude pour désengorger les urgences du CHI Bonnet, point de réorganisation à très court terme. Peut-être la fermeture du service pendant 3 jours fera-t-elle bouger les lignes ?
L'hôpital de Cavaillon connait en ce moment la même crise. Il en va aussi de même à Marseille, au sein de l'hôpital privé Saint-Joseph.