Un an après ce terrible incendie, quel est l'état de la végétation ? La sécheresse et le risque de nouveaux sinistres sont alarmants pour la nature.
Des arbres aux troncs calcinés. Dans le massif des Maures, après les terribles incendies d'août 2021, la nature en porte encore les stigmates.
Il y a un an, les flammes ont emporté, en une semaine, plus de 7.000 hectares de végétation varoise, entre Gonfaron et Grimaud. Aujourd'hui, les pins du massif appartiennent au passé.
L'origine de l'incendie, qui a démarré sur l'aire des Sigues sur l'A57, le 16 août, était dû à un mégot de cigarette jeté en pleine nature. Deux personnes ont perdu la vie.
La sécheresse souffle sur les braises
Bruno Teissier est l'un des deux experts DFCI (Défense des forêts contre l'incendie) de l'ONF (Office national des forêts) pour le Var et les Alpes-Maritimes. Ce qui en fait l'un des meilleurs connaisseurs des forêts de la région. Les forêts méditerranéennes ont la capacité à supporter un feu, la fréquence de ces brasiers, elle, beaucoup moins.
Elles peuvent se remettre d'un incendie tous les 50 ans, pas tous les 20 ans, ce qu'on a à l'heure actuelle
Bruno Teissier
À force, s'il y a trop de feux, le massif des Maures risque à terme d'être désertique. Avant 2021, la zone avait été touchée par un incendie en 2003.
Un des paramètres, qui laisse penser à une augmentation des incendies : la sécheresse. "Les déficits hydriques ont commencé dès l'hiver, on est arrivé avec des sols forestiers qui n'étaient pas rechargés en eau", explique Bernard Prevosto, chercheur en écologie forestière à l'INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture et l'environnement). Pour lui, les épisodes de sécheresse liés au réchauffement climatique sont inquiétants, car ils vont se répéter à l'avenir.
En France, en 2022, 48.415 hectares ont brûlé, mais l'été n'est pas terminé. Lors de la canicule historique de 2003, plus de 70.000 hectares avaient pris feu et plus de 80.000 en 1976 avec la grande sécheresse.
Cet été, les feux de forêts se sont multipliés dans l'Hexagone.
Les survivants du désastre
En contre-bas, Bruno Teissier nous montre un chêne-liège, encore noirci par le feu. Mais à ses extrémités, d'épaisses branches bien vertes ont déjà repoussé, et de nombreuses feuilles sont présentes.
Ses écorces ont été comme un isolant pour l'arbre
Bruno Teissier
L'arbre que l'on aurait cru mort il y a plusieurs mois semble bien vivant... De quoi retrouver le sourire au milieu de ce spectacle de désolation.
"C'est une végétation de maquis qui va bientôt retrouver son état normal, c'est très important. La nature a une capacité de régénération exceptionnelle", se réjouit-il, accroupi au milieu des arbustes.
Autre constat du spécialiste : la fougère, elle aussi, a pu renaître de ses cendres. Lorsque le feu est passé, les racines ont été épargnées, car elles étaient très profondes. Aujourd'hui, elles ont retrouvé leur taille initiale… comme miraculées.
Pour éviter de nouveaux incidents, le magnifique Massif des Maures et surtout sa Réserve naturelle, située dans le plaine, sont formellement interdits d'accès au public.