Massif des Maures: 9 mois après l'incendie, la faune et la flore reprennent des couleurs

Le 16 août 2021, un gigantesque incendie, parti de Gonfaron, dévastait 8000 hectares du Massif des Maures dans le Var. Neuf mois après ce terrible sinistre, quel est l'état de la végétation et des animaux, notamment des tortues Hermann, espèce emblématique du Var? Nous sommes allés enquêter sur le terrain.

A bord de son véhicule jaune, Bruno Teissier du Cros sillonne régulièrement les pistes du Massif des Maures, pour observer l'évolution de la flore.

Il est l'un des deux experts DFCI (Défense des forêts contre l'incendie) de l'ONF (Office national des forêts) pour le Var et les Alpes-Maritimes. Ce qui en fait l'un des meilleurs connaisseurs des forêts de la région.

"Capacité de régénération exceptionnelle"

Sur les hauteurs de La Garde-Freinet, il nous emmène au plus près des paysages calcinés. Là où l'énorme incendie d'août 2021 a dévasté près de 8000 hectares de végétation, entre Gonfaron et Cogolin, en passant par Le Luc et Grimaud.

Et il faut bien admettre que, peu à peu, la nature y reprend sa place. 

Entre les troncs calcinés, des touffes de fougères, mais aussi des arbousiers et des filaires à feuilles étroites - des espèces typiques du secteur - ont repoussé

"C'est une végétation de maquis qui va bientôt retrouver son état normal, c'est très important. La nature a une capacité de régénération exceptionnelle", se réjouit Bruno Teissier du Cros, accroupi au milieu des arbustes. 

Des chênes - lièges en sursis

Un peu plus bas, il nous montre un chêne-liège, dont le tronc a été totalement calciné. Mais à ses extrémités, d'épaisses branches bien vertes ont déjà repoussé, et de nombreuses feuilles sont déjà présentes. A peine croyable!

L'arbre que l'on aurait cru mort il y a quelques mois semble bien vivant...De quoi retrouver le sourire au milieu de ce spectacle de désolation, ravagé par les flammes.

Mais il faut se méfier des apparences. Car en réalité, cet arbre est en sursis.

"C'est très bon de voir que les feuilles repoussent. Mais cela ne veut pas dire qu'il est sauvé! Actuellement, tous ces arbres puisent dans leurs réserves internes pour survivre. Si l'été est chaud et sec, ils peuvent tout de même mourir. Et on aura sans doute une mortalité importante", tempère l'expert, habitué à ces paysages décimés.

Les pins méditerranéens durement touchés 

Pourtant, d'autres espèces, comme les pins, ont été beaucoup plus touchés que les chênes par l'incendie de l'été dernier. Moins résistants au feu (le liège protège le cœur des chênes), la plupart sont morts et il faudra beaucoup de temps pour que la forêt se reconstitue. 

Mais Bruno veut rester positif. 

Selon lui, "Dans deux ans environ, on ne verra plus qu'il y a eu un incendie ici". C'est par exemple le cas près de Bormes-les-Mimosas, où en 2017 un terrible incendie avait dévasté les superbes forêts de Cap Taillat et de Cap Lardier. "Aujourd'hui, il est difficile de distinguer les stigmates du sinistre, tellement la nature a repris ses droits". 

La Réserve naturelle de la plaine des Maures toujours strictement interdite

A condition, évidemment, qu'un nouvel incendie ne vienne pas ravager à nouveau le magnifique Massif des Maures et surtout sa Réserve naturelle, située dans le plaine. Une réserve qui reste d'ailleurs formellement interdite d'accès.

La préfecture du Var l'a d'ailleurs rappelé il y a quelques jours : "La circulation des véhicules, piétons, cyclistes, cavaliers et attelages sur les milieux naturels, les sentiers de randonnées, pistes forestières et chemins agricoles dans tout le périmètre de la réserve naturelle est interdite, ainsi que la présence des chiens même tenus en laisse".

Par ailleurs, toute activité de loisir, randonnée, cueillettes et ramassage d’espèces protégées est interdite et passibles de sanctions. Des contrôles seront effectués durant le week-end de l’Ascension pour faire respecter cette interdiction.

Une manière de permettre la restauration de la faune et de la flore, dont les deux tiers ont été touchés par l'incendie de l'été 2021. Et côté faune justement, où en est-on ?

29 tortues Hermann soignées et remises en liberté

Parmi les nombreux animaux touchés par l'incendie, le plus emblématique fut sans doute la tortue Hermann. Une espèce endémique du Var, et protégée au niveau français et international car en voie de disparition.

Peu après l'incendie, des dizaines de bénévoles se sont donné pour mission de les recueillir et de les réhydrater. Toutes ont ensuite été emmenées au Village des Tortues à Carnoules. 

C'est là que 29 spécimens ont été soignés par Franck Bonin et toute son équipe. Un travail colossal, car à elle seule, chaque tortue brûlée demandait environ vingt minutes de soins...chaque jour! 

Une réintroduction très positive

Un travail qui a payé. Car en octobre 2021, toutes les tortues ont pu être relâchées dans leur habitat naturel.

Non sans les avoir équipées d'un émetteur, fixé sur leur carapace, qui permettra de suivre leurs déplacements, leurs comportements, et surtout leur état de santé.

"Pour l'instant, c'est très positif. Mis à part quelques décès, la plupart des tortues remises en liberté sont en forme. Et le suivi est très encourageant pour la suite", explique Franck Bonin.

Le vétérinaire précise d'ailleurs que les tortues ont été réintroduites à l'endroit exact où elles avaient été trouvées après l'incendie. Car ces espèces sont très attachées à leur territoire. 

Franck Bonin comme Bruno Teissier du Cros ont désormais un espoir commun: que le massif des Maures reste préservé cet été, pour permettre à la faune et à la flore de se régénérer complètement

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