Des tortues caouannes ont éclos sur la plage de l'Almanarre, à Hyères, dans la nuit du 5 au 6 octobre. Une bonne nouvelle pour cette espèce menacée. L'incubation a été particulièrement longue en raison de la baisse des températures de cet automne.
Les œufs avaient été pondus entre le 20 et le 21 juillet, sur la plage de l'Almanarre, à Hyères (Var). Le 7 octobre dernier, l'association Emergence partage la bonne nouvelle sur leurs réseaux sociaux : des petits tortillons de l'espèce caouanne sont nés et ont gagné la mer la nuit du 5 au 6 octobre. Une période d'incubation particulièrement longue de près de 76 jours, contre une cinquantaine en moyenne.
"Cette année, il y a des conditions climatiques qui sont particulières. Au mois de septembre, les températures ont baissé brutalement et il y a beaucoup plus de coups de mer que d'habitude. Plus la température est haute, plus la durée d'incubation est courte, et inversement", explique Sidonie Catteau, coordinatrice du réseau tortues marines de Méditerranée française, au sein de l’association Emergence.
Futures naissances ?
C'est pourquoi ces naissances tardives ont été un soulagement pour les équipes. La crainte était qu'aucune tortue n'éclose dans le nid de l'Almanarre. Ce sont les caméras de surveillance qui ont détecté le mouvement des petites tortues dans la nuit du 76 au 77e jour d'incubation. Pas plus lourdes que 15 grammes, elles ont affronté les températures fraîches et les vagues pour prendre le large.
Quelques individus ont éclos mais qu'en est-il des autres œufs ? Émergences non détectées, œufs non fécondés ou simplement très peu d'œufs ? Le mystère reste entier pour le moment, les équipes espèrent constater de nouvelles éclosions d'ici les prochains jours. "La durée d'émergence peut durer quinze jours", précise Sidonie Catteau.
Phénomène nouveau
Ces tortues caouannes qui viennent pondre sur les côtes françaises est un phénomène nouveau. Cette espèce pond généralement plus au sud, comme la Grèce par exemple. Des tortues juvéniles et les sub-adultes en phases d'alimentation étaient régulièrement observés près du littoral français, mais jamais de nids. "Ces dix dernières années, nous avons commencé à voir des adultes matures sexuellement, puis des accouplements. Et puis en 2023, il y a eu 14 épisodes d'activités de pontes", explique Sidonie Catteau.
Ce phénomène s'observe aussi en Italie et en Espagne. Les raisons de ce changement de comportement sont encore difficiles à déterminer par les scientifiques. Parmi les hypothèses, des femelles exploratrices qui étendraient leur zone de ponte ou encore le réchauffement climatique.
Bon comportement
Mais qui dit phénomène nouveau, dit nouveaux réflexes à adopter pour les locaux. Il est parfois tentant de vouloir immortaliser les tortues avec une photo ou approcher une lumière pour mieux les observer. Malheureusement, les conséquences peuvent être catastrophiques pour l'animal.
"La tortue souffre de son capital sympathie. Les gens trouvent ça mignon et ça engendre des manipulations. Tout le chemin quand elles sortent du sable pour aller à la mer, elles apprennent à respirer, se musclent. Les prendre à la main et les amener dans l'eau, ça les condamne", alerte Anne Settimelli, présidente de l'association Explore et Préserve.
Parmi les bons comportements : se tenir à distance, ne pas les importuner et pas de lumière. Les faisceaux peuvent désorienter les tortues et perturber les pontes. Il faut aussi tenir éloignés les chiens et prévenir les autorités compétentes.
