"Je vous promets, on peut sauver notre planète bleue" : ces amoureux de la mer racontent leur combat pour sauver la Méditerranée

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L'exploratrice et documentaliste Nathalie Lasselin.
vue sur mer ©France télévisions

A l'occasion du festival Galathéa, qui s'est tenu en novembre à Hyères, "Vue sur Mer" est parti à la rencontre de trois acteurs de la Méditerranée qui confie leur rapport à la mer et leur lutte pour la préserver.

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Ils ont tous la mer dans le sang. Depuis neuf ans, acteurs de la Méditerranée, scientifiques, cinéastes, artistes et documentaristes se réunissent chaque année, à Hyères, pour quelques jours, lors d’un festival incontournable : Galathéa. Ce sont 10 000 visiteurs, dont 1 500 enfants, qui se pressent pour découvrir autrement le monde marin. Rencontre avec trois passionnés de la mer qui œuvrent pour que la planète bleue voie la vie en rose.

La contrebasse, c'est assez proche de la baleine

Contrebassiste, jazzman, Bernard Abeille est tombé amoureux du monde sous-marin il y a plus de vingt ans. Le musicien marseillais a découvert que son instrument imitait à merveille le son des baleines, que l'on peut retrouver au large de la Méditerranée. Sur un immense écran, des images des cétacés, et sur la scène l’homme et sa contrebasse.  Les doigts de Bernard Abeille fond naitre ce qui ressemble au langage des baleines. Dans la salle, ce jour-là, plusieurs classes d’enfants de primaire de la ville de Hyères. Aucun bruit. Tous sont comme obnubilés par ce qui se joue sur la scène.

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"Vue sur Mer" part à la découverte du festival Galathéa à travers le portrait de trois passionnés de la mer et des océans. ©France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur

A 8 ans, Camille, n’avait jamais entendu cela de sa vie. "On dirait qu’il y a une baleine juste derrière le Monsieur, on dirait qu’elle nous parle, glisse-t-elle. C’est très joli." Depuis 1990, la baleine est l’animal fétiche de Bernard Abeille. Entre l’instrument et l’animal même, la forme est presque comparable. La pièce est plongée dans l’obscurité, comme le fond des océans, et sur l’écran la baleine semble répondre à sa sœur, la contrebasse de Bernard Abeille.

Le musicien a lui-même déjà plongé pour aller à la rencontre de ces mammifères marins. "C’était au large de Toulon avec un ami lors d’un travail scientifique, se souvient-il. J’en garde un souvenir incroyable."

Ce spectacle Baleine et contrebasse est une ode à la nature et au monde marin. Une nature que le musicien trouve bien touchée, et c’est peu de le dire, par les humains. Alors ce dialogue entre l’homme et la baleine, c'est une manière de dire que tout est encore possible, dès l’instant où l’on s’en donne la peine.

"Mes peurs sont salvatrices"

Pour Camille l’écolière et sa classe de primaire, c'est l’heure de poursuivre la visite du Festival Galathéa. Le petit groupe d’enfants s’éloigne. Dans un grand hôtel, un peu plus loin le jury du Festival délibère. On reconnait par exemple Didier Noirot, vidéaste pour Cousteau et Netflix.

Nathalie Lasselin, est la seule femme du jury. Elle est exploratrice et documentariste. Française, Nathalie vit au Québec depuis des décennies. Depuis qu’elle a choisi, à 19 ans, de poursuivre ses études là-bas. On peut la comparer à un Thomas Pesquet du fond des mers. Ses explorations sont aussi dangereuses que des voyages dans l’espace.

Elle a plongé dans toutes les mers du monde, plus de 60 pays au total. Et aucun défi n’est assez grand pour elle. Elle est même descendue jusqu’à 120 m de profondeur. Un véritable défi. "Bien sûr que j’ai peur. J’adore mes peurs. Mes peurs sont salvatrices, confie-t-elle. C’est grâce à elle que, sans doute, je suis encore en vie."

Nathalie Lasselin alerte sur la pollution, et questionne sur notre consommation de l’eau. L’un de ses films le plus connu : La goutte de trop. Une plongée dans le Saint-Laurent, à Montréal, pour comprendre le trajet de l’eau qui arrive au robinet.

Mais elle s’intéresse aussi aux peuples autochtones, les premières nations. A Manicouagan, toujours au Québec, un immense territoire leur a été pris, dans les années 1968, pour construire un réservoir d’eau destiné à fournir de l’électricité. Mais pour ce faire, une immense forêt boréale a été noyée. Tellement grande que l’on voit même cet endroit depuis la lune. L’histoire ne dit pas si Thomas Pesquet l’a déjà photographié.

C’est dans ces eaux noires que Nathalie Lasselin a décidé de tourner son prochain documentaire. "Lorsque l’on plonge : seules les bulles m’indiquent la direction de la surface. Parfois, on ne voit rien du tout, à peine sa main, raconte-t-elle. Mais parfois, aussi, on assiste à des spectacles surréalistes."

"Avez-vous déjà vu un poisson endormi sur une branche ? Eh bien moi oui."

Nathalie Lasselin

à France 3 Paca

Dans ce documentaire, Nathalie Lasselin va tenter de comprendre comment évolue cette forêt engloutie. Comment se comporte le carbone stocké par les arbres noyés. Elle laisse parler aussi les Indiens du Canada pour qui ce lieu était un sanctuaire.

L’exploratrice aime aussi les eaux plus chaudes. La veille, elle a plongé face à Porquerolles pour faire un état des lieux de la pollution. Dans une eau à 15°C équipée de sa combinaison étanche, la documentariste a emmené toute une palanquée au fond de l’eau.

"La posidonie est extraordinaire ici. Nous avons ramassé quelques déchets : un bol, un bout de masque, un maillot de bain, eh oui, il y a du Mistral ici... lance-t-elle. Mais je trouve que le fond de la Méditerranée est propre. Je suis heureuse. Ça veut dire que le travail de sensibilisation effectué depuis des années commence à payer."

Ce test, bien sûr, n’a pas de valeur scientifique, mais Nathalie est repartie au Québec avec un grand sourire sur les lèvres. "Je vous promets, on peut sauver notre planète bleue. De toute manière, nous n’avons pas d’autre choix : il n’y a pas de plan B."

Des bulles de la plongée à celles des BD

Dans les allées du Festival le stand de Sébastien Salingue est comme pris d’assaut. Il est dessinateur. Enfin, pour être vraiment complet, dessinateur et aussi moniteur de plongée. Des bulles aux bulles comme il le dit lui-même.

Il promène ses palmes et son masque depuis plus de vingt ans, notamment en mer rouge. Il est l’auteur de la série Plongeurs. Sous son crayon, il croque les aventures des moniteurs ou des élèves.  Celui qui oublie ses plombs, celui qui ne voit pas l’énorme raie qui lui passe sur la tête et se consacre à la minuscule crevette… des aventures véridiques, touchantes et drôles à la fois.

"Tout ce que je raconte, je l’ai vécu. C’était parfois tellement drôle que je ressentais le besoin de dessiner tout de suite en sortant de l’eau, rigole-t-il. Mais attention, ce ne sont pas forcément les élèves et les débutants que je croque. Ceux qui sont tête en l’air sont souvent les plus aguerris."

Depuis trois ans, la carrière de Sébastien Salingue a pris un autre tournant. Plus environnemental. Il a couché en BD le texte du spectacle de Julia Duchaussoy Le Monde du silence gueule. Un livre à quatre mains. Un plaidoyer pour le monde sous-marin. Une BD qui raconte l’histoire des habitants des océans qui se rebellent contre l’exploitation humaine.  Requins aux nageoires coupées, tortues étouffées dans les filets, thons en voie de disparition…

"La bande dessinée, c'est parfois aussi politique. Mais les miennes ne sont jamais négatives. J’essaye de faire prendre conscience sans culpabiliser."

Sébastien Salingue

à France 3 Paca

Une autre classe d’enfants passe dans les allées du salon. Ils ont les yeux qui brillent. Ils sortent du spectacle de Bernard Abeille. Musique, dédicace, compte-rendu d’explorations, autant de manières d’émerveiller les enfants. Sans doute sont-ils déjà plus éveillés que nous, ils le savent : si nous ne protégeons pas les océans, la planète bleue disparaitra.

>> Retrouvez l'intégralité de ce reportage de "Vue sur mer" en replay sur France.tv

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