La lutte contre le réchauffement climatique dans les massifs azuréens se traduit par de nombreuses actions sur le terrain, menées par l'Office national des forêts.
Le gestionnaire des forêts domaniales et municipales de France, l’Office national des forêts, prépare nos massifs forestiers au climat de demain. Le pourtour méditerranéen est déjà durement impacté, et la hausse significative des températures s'opère davantage les milieux tempérés, et en altitude. En France métropolitaine, près d'un quart de la superficie est recouverte d'arbres.
Des dégâts déjà importants
Pour Jean Bouillie, le chef du service forêt et adjoint du directeur de l'Agence territoriale Alpes-Maritimes et du Var de l'ONF, constate les dégâts déjà occasionnés : "Nous avons des forêts qui dépérissent de plus en plus depuis une trentaine d'années, sur les Alpes-Maritimes et le Var, historiquement dans les secteurs de montagne, et sur des espèces comme le sapin pectiné et le pin sylvestre."
Nous avons eu une crise par exemple sur le sapin pectiné, entre les années 2000 et 2015, on a dû avoir plusieurs centaines d'hectares de surface qui dépérissaient.
Jean Bouillie
Cette tendance s'est accentuée "notamment après la sécheresse de 2017". Les arbres azuréens subissent divers facteurs et ne jouent plus leur rôle dans la lutte contre les gaz à effets de serre.
"Quand la forêt dépérit, non seulement c'est beaucoup plus compliqué pour l'adapter au changement climatique, mais elle ne joue plus du tout son rôle en séquestrant le CO2, en stockant dans les produits bois." explique Jean Bouillie qui est l'auteur de la dernière étude, une référence en la matière.
Des arbres stressés
"Ce qui joue particulièrement dans nos forêts est ce que l'on appelle le stress hydrique. Une forêt qui n'est pas éclaircie, qui est trop fermée, va avoir un bilan hydrique défavorable, car il y aura trop d'évaporation. Une forêt qui est ouverte, va trop mettre en lumière le sol et apporter trop de chaleur pour "le sous-étage"." détaille Jean Bouillie.
La bonne tenue de la densité forestière, et avec des espèces cohérentes, devient alors un enjeu primordial pour pérenniser nos paysages. Des laboratoires à ciel ouvert pour l’ONF poussent aux quatre coins de la France pour expérimenter l'adaptabilité de certaines essences d'arbre à nos départements.
L'approche que l'on a développée est d'agir en amont du dépérissement et nous avons des outils pour diagnostiquer, pour caractériser ce que l'on appelle la vulnérabilité des forêts au changement climatique.
Jean Bouillie
Diverses actions menées
L'ONF a planté, dans certaines parcelles de terrain du Var et des Alpes-Maritimes, des "îlots d’avenir". Leur but ? Evaluer la résistance d’espèces afin de mieux lutter contre le réchauffement climatique.
Ces parcelles comportent un panachage de plusieurs essences de végétaux différentes, dont la croissance est scrutée pour en évaluer l’adaptabilité. Quelque 36.000 arbres ont été plantés dans la région en l’espace de deux ans. A l’horizon 2022, une centaine de ces îlots dans toute la France doit être plantés, impliquant plusieurs centaines de milliers de végétaux.
Dans les Préalpes, la sapinière de Bleine qui représente un total de 40 hectares environ, va voir ses sapins récoltés tandis pour faire place nette aux hêtres, pins sylvestre et feuillus divers, qui resteront en place. Les plants choisis pour le reboisement répondront à des critères d’adaptation à la station forestière, de résistance aux sécheresses estivales, et les arbres adultes devront fournir un bois de qualité.
L'ONF participe aussi à la migration assistée des végétaux. Cela consiste à envoyer des espèces azuréennes, dans des départements du Grand Est par exemple. Des hêtres du Parc naturel régional de la Sainte-Baume ont ainsi rejoint la commune de Verdun.
L’exemple de Mazaugues
La forêt domaniale de Mazaugues, à l’ouest du Var, est l’un des sites choisi par l’ONF pour y planter 3500 nouvelles pousses. L’endroit a vécu des épisodes de sécheresses ces dernières années qui ont vu les peuplements dépérir dans cette zone d’une vingtaine de kilomètres carrés.
Le réchauffement du climat mène la vie dure au chêne pubescent, une espèce endémique du Var considérée comme vulnérable. Le département, qui est le plus boisé de France, a vu l’Office national des forêts opter pour une régénération artificielle avec de nouvelles essences comme le chêne faginé, plus spécifique à la péninsule ibérique. Un mélange de feuillus et de résineux va permettre à une dizaine d’hectares de bénéficier d’un nouveau souffle pour résister aux assauts du climat.