"Je travaille sur l'aire de Canaver, la plus importante de l'A8"

30.000 véhicules passent tous les jours devant l'aire du Canaver, à Roquebrune sur Argens, dans le Var. Station service, restaurant, douches, l'aire la plus importante de l'A8 est aussi une halte incontournable dans la région.

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On y vient souvent par hasard, poussés par la nécessité. Pour faire le plein de son réservoir ou de son estomac ou tout simplement pour une pause sur le trajet autoroutier. Certains font plus qu'y passer, travailleurs de passage ou employés sur le site, nous les avons rencontré.
  

Hôte et hôtesse


"Tu peux venir enlever l'anti-vol je n'y arrive pas. Merci." Dominique Rocha demande un coup de main, l' anti-vol récalcitrant ne va pas la retarder longtemps. Il y a du monde à encaisser et des paquets à emballer, un jeu d'enfant pour cette hôtesse de vente qualifiée.

"Oui, en plus c'est mon rayon, c'est moi qui m'occupe des rayons des jouets ... ça fait plaisir aux gens qu'on fasse des paquets cadeaux.". Cela fait 20 ans qu'elle travaille ici sur le bord de l'autoroute A8 et elle en connait un rayon, justement.
 
 


Il est loin le temps où les usagers s'arrêtaient seulement pour l'essence ou la pause pipi. Aujourd'hui, l'aire de service a des allures de mini centre commercial. Les employés sont polyvalents et Quentin Ferrand ne fait pas exception.

"Nous on a des douches, et à chaque fois qu'on donne ces douches c'est pour les routiers, pour eux, c'est gratuit. Ils doivent juste nous donner quelque chose en retour pour pas qu'ils oublient de ne redonner la clé, tout simplement" commente-t-il en faisant visiter la station.

Le jeune homme a travaillé un an dans une autre station d'autoroute, à Brignoles puis il a changé d'aire pour Canaver il y a 2 mois. Quentin Ferrand commence à reconnaître des habitués, moins que son ainée bien sûr.
 

"J'ai rencontré mon mari ici. J'étais femme de ménage (...) il venait boire un café, il travaillait à Lorgues et il s'arrêtait ici." confie Domonique Rocha, hôtesse d'accueil.


Dominique Rocha affirme : "Moi j'ai des gens qui je vois encore, ça fait 20 ans que je les connais..." Une collègue vend la mèche : "Tu peux dire ce qui s'est passé ici ?". Les deux femmes sourient : "J'ai rencontré mon mari ici. J'étais femme de ménage (...) il venait boire un café, il travaillait à Lorgues et il s'arrêtait ici."

L'amour, c'est ce qu'elle a trouvé ici. Son jeune collègue lui, a décroché un CDI. A 19 ans, Quentin Ferrand trace son chemin droit devant : "Il me manque un logement ici pour pouvoir vraiment être à l'aise. Au final je le fais mais c'est le prix à payer pour avoir un travail avec un CDI à la clé. Je fais 150 kms par jour pour venir travailler."
 

Dans les enceintes de la station-service résonne la radio qui donne des informations sur le trafic de l'autoroute. Derrière les murs, en réserve, Dominique Rocha ouvre les caisses de marchandises présentes sur les palettes. Un geste rapide et efficace.

Des palettes comme celle-là, elle en déballe une fois par semaine, deux en été. Aujourd'hui, ce sont des cartons de chips qu'elle réceptionne avec philospophie : "C'est pas lourd, le plus lourd c'est le liquide. Mais bon, ça nous fait rester jeunes... c'est ce qu'on se dit.
 

Petites mains et grand cœur


En grains ou en dosettes, Canaver ne doit jamais manquer de café. Dalila Bouthim s'en assure. Agent d'entretien, elle remplit et nettoie tous les jours les machines de l'aire de service.

Elle sait aussi en réparer les petites pannes : le tuyau bouché ou la trappe coincée par des clients impatients. "Il faut attendre que la trappe s'ouvre, des fois il y en a qui sont pressés." explique-t-elle en travaillant sur la machine.
 
 

L'aire du Canaver ressemble parfois à un petit refuge, au milieu de l'agitation. Un endroit recherché par des usagers qui ne boiraient leur expresso nulle part ailleurs ; pour le café et pour la compagnie.

Les clients rentrent et sortent et, perdue dans ce ballet, presque immobile, une habituée. Dalila Bouthim connaît bien cette habituée : "Elle fait partie des murs, quand on se voit, on discute."

"Je viens boire mon café ça fait 20 ans." commente la cliente. Et quand on lui demande de quoi elles parlent : "De tout, de ce qui se passe à l'extérieur c'est une pause café, cool."

2000 personnes passent ici chaque jour, plus de 3000 en été. Une clientèle très variée : des cadres, des familles, des ouvriers, des routiers évidemment. On les reconnait à leurs crocs ou à leurs claquettes, enfilées dès la sortie du camion, avant de filer à la douche.

L'aire peut accueillir 120 poids lourds et les places sont vite prises d'assaut. Un petit village qui s'anime à la nuit tombée, dès 17 heures certains routiers vont au lit, d'autres regardent un film dans leur cabine ou appellent leurs proches. 

Près des remorques, une odeur de riz et de poulet se diffuse sur le parking. Du riz façon bulgare mijote au-dessus d'un réchaud à gaz. Plus de bruits de moteur ou presque, la nuit, les camions répondent aux grillons. 
 
 

Derrière les murs


Une petite route discrète longe l'aire de service, son accès est interdit au public. Il s'agit du chemin des employés, celui que prend Hachnaïka Abdallah. 

L'hôtesse de vente venue de Draguignan s'est levée avec les oiseaux, à 5 heures du matin. "C'est parti" lance-t-elle avant d'attaquer la matinée, 50 baguettes, 30 pains de campagne, c'est la première livraison de la journée et le travail ne manque pas.
 

Hachnaïka Abdallah a 23 ans et un BTS d'assistante de gestion qu'elle a passé à Toulon. C'est son premier emploi, elle travaille ici depuis un an et demi. 

"J'ai fait les nuits pendant 6 mois, à la base je cherchais une alternance, quelques mois après on m'a proposé un CDI, après cela, je suis repassée de journée.

Ce matin-là, la jeune femme est seule en caisse, c'est exceptionnel, et puis les clients difficiles, elle a appris à les gérer : "On a des formations à l'appui c'est quand même un avantage, ça nous apprend à rester calme, à pas rentrer dans le conflit, sinon, et bien, ça finit mal".

En février, elle part en formation, pour devenir assistante, pour prendre du galon, elle devra quitter l'aire de Canaver. Comme elle, Dominique Rocha, Quentin Ferrand ou Dalila Bouthim font ce métier car ils aiment le contact. 

C'est grâce à eux et à leur sens du contact que l'aire du Canaver, la plus grosse de l'autoroute A 8, peut accueillir plus de 700 000 personnes par an.
 
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