Pénurie de carburant : quel impact pour les professionnels du tourisme sur la Côte d'Azur ?

La fréquentation des vacanciers s’annonçait supérieure à celle d’avant le Covid. Mais, depuis deux semaines, la crise du carburant a cassé cette dynamique. Sur la Côte d'Azur, hôteliers, patrons de campings et de restaurants s’inquiètent de cet enlisement. Les clients sont indécis.

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Faut-il préparer les valises ou annuler... faute de carburant ? Ou de trains ? C'est la question existentielle que certains se posent alors que le top départ des vacances est prévu ce samedi pour les trois zones.

La Côte d'Azur fait partie des destinations plébiscitées par les Français pour cette période, du 22 octobre au 7 novembre, avec des tarifs souvent avantageux.

La fréquentation des vacanciers s’annonçait supérieure à celle d’avant le Covid. Mais, depuis deux semaines, la crise du carburant a cassé cette dynamique. Professionnels du tourisme et clients s’inquiètent.

Le taux d'occupation à Nice est de 60 à 75%

Eric Abihissira, président de la fédération des hôteliers Nice Côte d'Azur, explique : "on n'a pas une flopée d'annulation, mais un arrêt brutal de 'pick up' (montée en charge des réservations) depuis le début des grèves à cause des difficultés approvisionnement. (...) Les gens n'annulent pas, mais ne réservent plus. Ils vont se décider au dernier moment."

Pourtant, les vacances s'annonçaient très bonnes ! Selon le président de la fédération des hôteliers, le taux d'occupation à Nice est de 60 à 75%. Les professionnels espéraient atteindre les 80%.

Il soupire : "les grèves de demain n'ont pas rassuré".

80% des studios sont vides

À Saint-Aygulf (Var), le soleil est toujours au beau fixe, la mer ose se parer de couleurs turquoises en cette mi-octobre. Pourtant, l'hôtel Athéna, situé à 300 mètres de la plage et du sentier des douaniers, risque d'être complètement désert pour les vacances de la Toussaint.

Les studios terrasse avec vue sur un petit jardin attendent désespérément des hôtes.

Selon la propriétaire, Gisèle Radojicic, 80% des studios sont vides et le taux d'occupation pour les vacances de la Toussaint risque d'être faible : "Je pense que le problème de l'essence fait qu'il y a moins de réservations qu'habituellement."

"Il y a aussi les inquiétudes pour le pouvoir d’achat"

Au "Camping de la presqu’île de Giens", on compte d'ores et déjà trois annulations pour un week-end, mais pas encore d’annulations pour les vacances.

La clientèle vient majoritairement en voiture, avec des caravanes ou en camping-cars.

Le taux d’occupation est de 50 %, "c’est sensiblement pareil à 2019", remarque Nicolas Queron, responsable marketing du groupe vacances Giens. Il précise que les clients s’inquiètent pour un contexte plus général.

Il n' y a pas que l'essence, il y a aussi les inquiétudes pour le pouvoir d’achat, c'est plus global.

Nicolas Queron, groupe vacances Giens

L'établissement a aussi su rassurer les clients avec des systèmes de remboursement pour éventuellement repousser les séjours l’année d’après, comme à l'époque pas encore révolue du Covid.

Une clientèle de plus en plus frileuse

À Roquebrune-sur-Argens, au camping "Le Moulin des Iscles", on fait les comptes. 

Devant ses écrans d'ordinateur, Djurdjina Eredjin, assistante de direction du camping Flowers, compare le nombre de réservations entre 2021 et 2022 : "En 2021, toutes les réservations jusqu'au 30 octobre, on était quasi complet. Et là, vous pouvez observer : on n'a rien. Cette année, ça s'arrête au 16 septembre et là, demain, on est quasi vide".

Et dernièrement, deux séjours ont été annulés en dernière minute.

L'établissement, qui a battu des records de fréquentation cet été, s'attendait pourtant à remplir le site. Une clientèle de plus en plus frileuse, malgré les températures quasi estivales de cette arrière-saison.

"Il va faire beau, les gens voulaient venir, on aurait peut-être très bien marché si il n'y avait pas eu cela", reconnaît Tomy Baci, propriétaire du camping.

Spécificité de ce camping, sur les 97 emplacements, 76 sont réservés aux camping-cars.

Difficile de tenter l'aventure en camping-car

Le problème de carburant se pose pour ceux qui doivent arriver mais aussi pour ceux qui doivent repartir !

Un couple de retraités prolonge ses vacances, peu pressé de retourner en Essonne, et relativise la situation : "prolonger avec ce temps, ce n'est pas un problème", affirme Françoise Landin.

D'autres vacanciers doivent aussi traverser la France pour rentrer en Bretagne. Or, un camping-car consomme deux fois plus qu'une voiture, difficile donc de tenter l'aventure actuellement.

Les grands absents pourraient aussi être les étrangers. Cette année, nos voisins européens risquent de reporter leur déplacement... alors que les Belges ont les mêmes dates que les Français.

Impossible de se projeter dans l'avenir, de dater un retour à la normale dans les stations-services, alors les vacanciers s'informent à distance. À l'Office de tourisme de Sainte-Maxime, on reçoit beaucoup d'appels de personnes inquiètes de ne pas avoir des stations-service qui fonctionnent.

Problème d'approvisionnement dans les restaurants

Une fois que vous serez logés, la carte du restaurant sera-t-elle complète ? Pas sûr ! Car l'autre incertitude concerne l'approvisionnement des restaurants.

Notre principale inquiétude c’est plutôt les fournisseurs, avec la crise de l'essence, on n'a plus que trois livraisons par semaine au lieu de cinq.

Christophe Souques, vice-président du syndicat des cafetiers et restaurateurs de Nice

L'autre constat porte sur la clientèle des restaurants traditionnels. Christophe Souques enregistre "une grosse baisse d’activité depuis quelques jours" (...) "On est en train de perdre la tranche supérieure, celle de 45 ans et plus."

Entre la pénurie d'essence, le risque de prolongation de grève dans les trains, les incertitudes sur la facture de chauffage et l'envie de prendre le soleil, les vacanciers de cet automne 2022 feront des arbitrages de dernière minute.

On en oublierait presque le pass sanitaire obligatoire à l'automne 2021 !

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