Ça commence par le vin rosé, mais les fabricants ont déjà prévu de passer aussi, rapidement, au rouge et au blanc. Que penser de ce nouveau concept venu de Saint-Tropez ? Est-ce pratique ou est-ce un sacrilège absolu devant Bacchus ?

Adieu la Saint-Valentin et l’image romantique d’une jolie table sur laquelle trône une bouteille de champagne ou un noble cru, avec de belles flûtes et de jolis verres à pied en cristal.

Dès le lendemain, voilà que les deux grands salons viticoles de la capitale, Wine Expo et Vinexpo Paris, dédiés aux professionnels, présentent une nouveauté, de petite taille, mais qui risque de faire grand bruit dans l’Hexagone : le vin rosé en canette.

Le procédé, tendance, est déjà en œuvre et, très en vogue, chez les Anglo-saxons.

Les exposants du salon de Paris surfent sur un sondage réalisé par OpinionWay pour les maîtres vignerons de Saint-Tropez, selon lequel 72% des Français seraient prêts à boire du vin en canette. 

Pas étonnant qu’il débarque donc dans les grandes surfaces françaises dès ce printemps.

Le chiffre monte d’ailleurs même jusqu’à 85 % chez les 18/24 ans. 

Les Français sont-ils prêts ?

Est-ce un blasphème de plus au pays du bien boire et du bien manger ? Faut-il s’attendre à une révolution de table ? Frédéric Schaeffer est directeur général des Maîtres Vignerons de Saint-Tropez.

Pour ce professionnel, "la première des choses, c'est que c'est facilement recyclable (…) et la deuxième, c'est que la canette reste très longtemps fraîche".  

Il est vrai que, depuis des années, les vignerons, ont de grandes cuves en inox, dans les caves, pour des raisons de qualité sanitaire et pour la neutralité de ce contenant au niveau gustatif. Le goût du vin n’est pas altéré. 

Même si le procédé, peu orthodoxe de la canette, est déstabilisant pour les nombreux puristes, il n’y a pas vraiment de différence par rapport à ces hautes cuves.

Légère, pratique et incassable, la petite boite en alu qui contient entre 1 et 2 verres, a ses avantages. Plus encore depuis le boom de la vente à emporter qui a pris son essor lors des confinements.

Le sondage révèle d’ailleurs que 1 Français sur 4 estime que, le vin en cannette, est adapté à ce type de restauration. Le public jeune le trouverait, lui, « cool » pour les festivals, les pique-niques, les transports, les randonnées et autres soirées nomades sur la plage ou en bateau. Bref, sans doute, d’autres moments de consommation histoire de s’adapter et d’élargir les occasions de boire du vin.

Du côté de la presqu'île tropézienne, outre les jeunes, c'est l'export à l'international qui est aussi visé.

La bière pourrait-elle prendre un coup de vieux ?

 Elle semble démodée pour ceux qui n’hésitent pas à mettre en avant le prix du vin en canette : de 2 à 3,50 Euros.

Le directeur général des Maîtres Vignerons de Saint-Tropez ne s’en cache pas : 

On veut toucher une cible jeune, et les inciter à consommer ce type de boisson, en espérant plus tard pouvoir les amener à consommer des vins de qualité supérieure.

Frédéric Schaeffer est directeur général des Maîtres Vignerons de Saint-Tropez.

Rajeunir la cible ? 

Les emporter ultérieurement vers de plus onéreuses bouteilles ? La proposition de passer de la canette au fin goûteur n’est-elle pas aussi surprenante qu’emmener des enfants dans un fast-food pour espérer les transporter plus tard dans un gastronomique trois étoiles ?

Mais au-delà, est ce que boire un bon vin, comme un soda, à même la canette, est envisageable dans un public moins jeune, attaché à certaines traditions ? Et pourquoi pas avec une paille ? En d’autres termes, est ce que la capsule rendra obsolète le tire-bouchon, le liège et le verre ?

Le vin encapsulé n’est pas un vin complexe. Ceux qui atterrissent dans les petits cylindres sont des vins jeunes et légers. Aucun ne risque donc que de nobles crus intègrent la canette.

La bouteille est toujours LA référence qui ne se remplace pas.

La seule idée d’un vin sous capsule provoque des réactions épidermiques chez les puristes et les tenants d’un certain art de vivre à la française. Hérésie ! Envisageable pour un Beaujolais ou un Chablis, à la limite. Inimaginable pour un Bourgogne ou un Bordeaux.

Sur les réseaux sociaux le sujet fait débat :

Le choc culturel ne passera pas par là

De toute manière, nombreux sont les cépages et les vinifications qui ne se prêtent pas à cette méthode de conservation. Un vin en bouteille continue d’évoluer. Difficile avec la canette. Si l’on ajoute, à tout cela, l’image de marque clairement désavantageuse de la canette pour les bons vins en général, quelles que soit les régions, la messe est dite.

Quid de la mise en valeur du produit ?

Enfin et pour être exhaustif, il est bon de rappeler qu’il est possible aujourd’hui de trouver des vins à des prix abordables ou de commander au verre.

Que Bacchus se rassure, 10 grammes d’aluminium ne révolutionneront pas les fins palais de ceux pour qui l’écrin de verre sublime les arômes et le nez du nectar des dieux.

La canette de rosé, future star de l’apéro ? Une nouvelle ère émergera-t-elle sur les tables du dimanche ? Qu’en pensez-vous ? Après tout, comme écrivait Alfred Musset dans La Coupe et les Lèvres, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse... Mais avec modération !    

  

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