A La Seyne-sur-Mer dans le Var ce matin du lundi 28 février, la maire LR Nathalie Bicais, a mobilisé ses services pour transformer l'ancien centre vaccinal en lieu d’accueil pour les ressortissants de Berdiansk, sa ville jumelle en Ukraine.
Une réunion de crise en mairie de La Seyne-sur-Mer ce lundi matin. Une initiative prise dans l'urgence de la guerre, celle qui se trame à quelque 2 500 kilomètres de la ville azuréenne.
C'est Nathalie Bicais, l'élue Les Républicains qui a présidé cette réunion, décidée il y a peu.
"On a pris conscience de l’arrivée des réfugiés ce week-end parce que l’on a eu des appels de gens que l’on connaissait, de par notre jumelage historique et par des contacts personnels. On s’est rendu compte de l'ampleur du problème, donc très rapidement on s’est organisé. Comme on devait fermer le centre de vaccination, car il n’y a plus personne, c’était l’occasion de proposer un espace déjà équipé et qui peut accueillir entre 50 et 100 personnes. On a déjà les lits, les paravents, les tables, les chaises…" explique la maire de la deuxième plus grande ville varoise.
"C’était important de s’organiser car beaucoup de personnes veulent donner du matériel, des vêtements, il va nous falloir aussi du matériel de puériculture, car il y a beaucoup de femmes avec des enfants" renchérit Nathalie Bicais. Pour l’instant, on est un peu sidérés par le déclenchement de cette guerre parce que l’on croit toujours que les négociations vont aboutir et qu’il n’y aura pas de guerre. Au moment où cela frappe, on se doit de réagir très vite. […] Il faut que l’on fasse un peu « école » je dirais."
Déjà opérationnel
C'est dans l'Espace sportif et d'accueil de la jeunesse Gisèle-Halimi que ses lits sont d'ores et déjà prêts à accueillir jusqu'à une centaine de personnes.
Ce lieu d'accueil pour les Ukrainiens de Berdiansk, la ville jumelée avec La Seyne-sur-Mer, doit permettre "d'avoir une base pour que les gens qui arrivent puissent avoir un endroit pour se poser." précise la maire.
De quoi donner le temps aussi aux réfugiés, de pouvoir s’inscrire dans un cadre où il y aura des dispositifs mis en place par l’Etat, notamment relatifs au droit d'asile.
C’était important de s’organiser car beaucoup de personnes veulent donner du matériel, des vêtements, il va nous falloir aussi du matériel de puériculture, car il y a beaucoup de femmes avec des enfants.
Nathalie Bicais
La mairie de Berdiansk occupée
Pour prendre des nouvelles des habitants de Berdiansk, la ville jumelée avec La Seyne-sur-Mer, c'est vers Marie-Claude Argiolas, adjointe notamment en charge de la délégation des jumelages, qu'il faut se tourner.
Berdiansk est bien tombée aux mains des Russes ce lundi 28 février. La localité d'une centaine de milliers d'âmes, située au sud-ouest de Marioupol, est une ville côtière ouverte sur la mer d'Azov.
Marie-Claude Argiolas conversait il y a encore quelques heures avec des membres de l'équipe municipale de Berdiansk.
Les forces russes qui ont pris la mairie leur ont demandé de se suivre leurs instructions, chose qu'ils ont refusé. Des protestations populaires contre ce nouvel envahisseur se sont rapidement tenues, comme on peut le voir sur Twitter, une vidéo authentifiée par les Révélateurs de France TV - une cellule de fact checking.
"On arrive à les joindre quand même par téléphone et par mail, ils ont fait une déclaration en disant qu'ils ne laissaient pas tomber la population ukrainienne, mais en tout cas ils sont obligés de quitter les locaux." raconte l'adjointe au maire qui précise qu'il y a eu des "bombardements ces derniers jours, me disait une personne, mais peut-être pas autant que dans certaines autres villes."
Ce lien entre les deux localités n'est pas galvaudé, voilà près de 50 ans que La Seyne-sur-Mer et Berdiansk se côtoient.
"Ce jumelage a été travaillé à partir de 1973, puis signé en 1975, et les premières délégations y sont allées l'année suivante. C'est très ancien, cela veut dire que la population seynoise a des liens amicaux, que certains ont gardé des contacts pendant longtemps." explique Marie-Claude Argiolas. Elle même en est l'exemple : "Ma mère, qui faisait partie de la municipalité de l'époque, a fait partie de l'une des premières délégations, donc j'ai toujours eu, adolescente des liens avec [l'Ukraine]."
Feu vert de la préfecture
Face à l'urgence, un élan de solidarité seynois s'est déjà mis en place, à l'image des initiatives qui fleurissent sur l'ensemble du territoire azuréen.
"On sait qu’il y a déjà des personnes dans notre ville qui reçoivent des familles et qui s’organisent. Nous, ce que l’on veut, c’est rentrer dans un dispositif un peu plus global. C’est pour ça que l’on a fait cette proposition à la préfecture, et maintenant nous attendons le feu vert." détaille Nathalie Bicais.
Ce type d'accueil nécessite toutefois l'accord du préfet du département, "une formalité" ponctue la maire de La Seyne-sur-Mer.