La carcasse du cachalot dérivant au large du Var mangée par des requins, divise les spécialistes

Le cadavre d'un cachalot est à la dérive au large de la Côte d'Azur depuis le 26 août dernier. Après une opération pour l'éloigner du rivage, des requins à peau bleue sont venus se nourrir du corps de l'animal. Une scène immortalisée en vidéo. L'avis de spécialistes sur cette situation.

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L'histoire remonte au 26 août dernier. La préfecture maritime de la Méditerranée reçoit une alerte. Un cadavre de cachalot, long de plusieurs mètres, a été repéré au large de Sanary-sur-Mer dans le Var.

Les équipes tentent de couler la carcasse, sans succès. Le 28 août, une opération est menée pour éloigner le mammifère du littoral et ainsi éviter tout échouage sur le rivage ou collision avec des petits bateaux.

Depuis, ce cachalot flottant fait le bonheur d'autres espèces comme les requins à peau bleue. Deux individus ont été filmés grignotant des morceaux de la carcasse ce lundi 2 septembre, lors d'une sortie touristique d'observation d'espèces aquatiques.

Ils étaient très curieux, nous avons fait des images parce qu'ils sont passés proche du bateau. Ils ont quitté la carcasse et ils tournaient autour de l'embarcation et du cachalot.

Mathieu Brondi, gérant de Sanary Aventure Marine et auteur de la vidéo.

Une première pour Mathieu et un moment inoubliable, "c'est un très beau spectacle, on voyait la dorsale glisser sur l'eau", ajoute-t-il.

Espèce en danger

Le requin à peau bleue (ou requin bleu) est classé comme "en danger critique" en Méditerranée, selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), daté de 2016.

L'observation de deux individus à taille adulte comme sur la vidéo est rare. "Nous observons surtout des immatures, ceux sur la vidéo mesurent entre 2 mètres et 2,50 m et sont matures. Cette espèce vit en Méditerranée et peut atteindre jusqu'à 4 mètres de long", explique Matthieu Lapinski, biologiste marin et président de l'association Ailerons.

Ces requins matures seraient en capacités de se reproduire estime le spécialiste. Une bonne nouvelle pour cette espèce en déclin. Toutefois, cette observation est aussi un indice du manque de biodiversité en mer Méditerranée.

"Il devrait y avoir beaucoup plus de diversité d'espèces autour de ce cachalot. Par exemple, des requins-marteaux, des blancs et la présence d'une dizaine de requins à peau bleue n'auraient pas été étonnants", déplore Matthieu Lapinski.

Zone morte ?

Le scientifique tire la sonnette d'alarme sur l'état de la grande bleue. "Aujourd'hui, la mer Méditerranée est une zone morte pour les requins et les raies. Il y a eu une pêche ciblée historique par le passé, mais aussi des zones de pêches aux chaluts, la pollution de la chaîne alimentaire et le changement climatique", explique le biologiste marin.

Un ensemble de facteurs qui menace "50% des espèces de raies et 56 % des requins en Méditerranée", ajoute le président de l'association, reprenant les chiffres de l'UICN.

La carcasse évolue actuellement en plein secteur protégé, le sanctuaire Pélagos, dédié à la sauvegarde de la biodiversité  :

Suite aux intempéries, les expéditions scientifiques pour observer la carcasse sont incertaines pour le moment.

Mais les particuliers peuvent toujours signaler la présence de requins ou raies, à l'association Ailerons, grâce à un projet scientifique participatif en ligne.

Le Groupe Phocéen d'Étude des Requins (GPER) recueille aussi les témoignages lors d'observations en mer.

Ce 9 septembre, Nicolas Ziani, directeur scientifique du Groupe Phocéen d’Etude des Requins (GPER) a souhaité compléter le sujet et faire part de son avis à France 3 Côte d'Azur.

Pour lui, ne voir que deux requins bleus se nourrissant en nécrophages sur des restes d’une carcasse état de putréfaction ne prouve pas l’extinction de l’espèce et de surcroit celle des autres espèces de requins macrophages de Méditerranée.

C'est scientifiquement infondée comme de qualifier in extenso par cette même observation isolée que la Méditerranée est ainsi une « mer morte », en sursis certes, morte, non !

Nicolas Ziani, directeur scientifique du Groupe Phocéen d’Etude des Requins.

Et d'ajouter : "il y a une disparité de nombreuses espèces de requins en Méditerranée, en particulier macrophages, ce déclin est mesuré en revanche par des data et des protocoles solides. Il faut préciser pour autant selon l’Union International pour la Conservation de la Nature -UICN France qu’en 2024 plus de 50% d’espèces en statut DD soit Data Defficient = En manque de données ! Donc avec de telles données lacunaires, il faut être prudent."

Pour le directeur scientifique du Groupe Phocéen d’Etude des Requins (GPER), ce cas isolé bien connu de nécrophagie par des requins bleus sur une carcasse de cétacé, n'illustre pas "le déclin de toutes les espèces de Méditerranée in toto ! C’est une grosse erreur de diagnostic scientifique."

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