Un militaire de 28 ans est mort le 27 août dernier des suites de ses blessures après une bagarre avec des vigiles d'une discothèque à Solliès-Pont dans le Var. Huit personnes ont été interpellées.
Le procureur de la République près le tribunal judiciaire de Toulon, Samuel Finielz et la Préfecture du Var ont fait part à la presse ce 8 septembre de faits survenus la semaine dernière à Solliès-Pont.
Le dimanche 27 août, vers 5h du matin, à la suite d'une altercation verbale, un client de la boîte le "QG", est violemment frappé par deux vigiles de cet établissement.
"Gisant inconscient sur la chaussée, son corps est tiré par un groupe de quatre personnes dont trois vigiles et un client de l'établissement pour être dissimulé entre des véhicules stationnés", précise le procureur.
Les secours, mal orientés
Arrivés sur place, les secours sont orientés mais dans une mauvaise direction par un des vigiles. Ils repartent sans avoir pu prendre en charge la victime.
Cette dernière, militaire, est prise en charge par cinq autres militaires avec lesquels elle avait passé la soirée, qui la ramène dans leurs véhicules personnels. Tous repartent où ils sont hébergés.
Le lendemain matin, alertée par ses cris et devant la gravité de ses blessures, l'astreinte de l'unité intervient et il est pris en charge par les secours. Il est hospitalisé à l'hôpital Sainte-Anne où il est décédé le 1er septembre.
Samuel Finielz, procureur de la République de Toulon.
L'autopsie révèlera que le décès fait suite à un traumatisme crânien avec hémorragie cérébrale diffuse.
Une enquête est alors ouverte pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, non assistance à personne en danger, modification illicite de scène de crime ou de délit, a été confiée à la brigade des recherches de la compagnie de gendarmerie départementale de La Valette-du-Var.
L'ensemble des personnes mises en cause a été rapidement établie.
Huit gardes à vue
Huit personnes sont alors placées en garde à vue : trois vigiles de l'établissement, un des clients et de quatre des cinq personnes accompagnant la victime et l'ayant ramené à son unité.
Selon le procureur, deux des vigiles ont reconnu "avoir porté des coups après une altercation verbale et des gestes qu'ils décrivent menaçant de la victime, le troisième vigile et le client admettant de leur côté avoir aidé à déplacer la victime inconsciente."
L'un des quatre vigiles reconnaît pour sa part avoir orienté les secours dans une mauvaise direction.
Les quatre personnes ayant ramené la victime à son unité sans avoir prévenu les secours reconnaissent aussi les faits.
Ces huit personnes sont déferrées ce vendredi devant le juge d'instruction de Toulon dans le cadre d'une ouverture d'information judiciaire des chefs de :
– Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par une personne exerçant une activité de sécurité privée (20 ans de réclusion criminelle encourus) ;
– Entrave aux secours (7 ans d'emprisonnement encourus) ;
– Non-assistance à personne en danger (5 ans d'emprisonnement encourus) ;
– Modification illicite de scène de crime (3 ans d'emprisonnement encourus).
C'est maintenant au juge d'instruction de décider de leur mise en examen et du placement sous contrôle judiciaire de tous ceux qui n'ont pas porté assistance à la victime. Le juge des libertés et de la détention doit lui statuer sur les réquisitions de placement en détention provisoire du parquet de Toulon dirigées contre les deux vigiles ayant porté des coups à la victime.
Le parquet de Toulon indique qu'une enquête préliminaire incidente a par ailleurs été ouverte en raison de l'absence d'agrément du centre national des activités de sécurité privée des vigiles de l'établissement.
Une procédure administrative contradictoire a été aussi engagée par la préfecture du Var contre la boîte de nuit, ce qui "pourra conduire dans les prochains jours à sa fermeture pour une durée de 6 mois".