Le manque d'interprètes dans la "zone d'attente" fermée où ont été placés les migrants de l'Ocean Viking "est un vrai handicap", a regretté mercredi le préfet du Var, Evence Richard.
Depuis leur débarquement dans le port militaire de Toulon vendredi 11 novembre, les personnes secourues au large de la Libye par l'Ocean Viking ont été placées dans un centre de vacances de la presqu'île de Giens, dans le Var, transformé en "zone d'attente internationale" fermée. Ils y sont soumis à des contrôles et de premiers entretiens sur leur demande d'asile.
Parmi eux se trouvent des Soudanais, des Maliens, des Syriens ou encore des Erythréens ou Bangladais, qui ne parlent souvent ni français, ni anglais.
Quelques policiers et bénévoles parlant l'arabe font office d'interprètes, mais les autorités doivent faire appel à un service téléphonique pour les autres langues et dialectes.
Quand la langue est rare, les interprètes sont rares et ils ne sont pas toujours disponibles.
Evence Richard, préfet du Var
"L'interprétation téléphonique est une véritable bénédiction mais pour la vie quotidienne et pour la notification des procédures, ça reste très compliqué", a expliqué le préfet du Var.
Inquiétude des migrants
La députée Renaissance Stella Dupont, également rapporteure spéciale de la mission "Immigration-Asile-Intégration" à l'Assemblée nationale, qui visitait mercredi la zone d'attente, a constaté "une inquiétude" des migrants liée notamment à "des difficultés par rapport à la langue".
"Le nombre de langues, lié au nombre de nationalités différentes, a complexifié les procédures", a-t-elle déclaré, en insistant sur le "caractère exceptionnel" de la situation sur la presqu'île de Giens.
Des parlementaires sur place dimanche
Trois autres parlementaires - le sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône Guy Benarroche, la sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône Marie-Arlette Carlotti et le député écologiste du Rhône Hubert Julien-Laferrière - ainsi que l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) avaient déjà dénoncé le manque d'interprètes après une visite du centre dimanche.
"Les personnes sont perdues, voire apeurées parce qu'elles ne comprennent pas ce qu'il se passe", a déclaré mercredi Amélie Blanchot, chargée de mission à l'Anafé. Une requête de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers, demandant la fin des privations de liberté pour les migrants secourus l'Ocean Viking, et placés dans une zone d'attente fermée à Hyères, a d'ailleurs été rejetée ce mardi par la juge des référés du tribunal administratif de Toulon.
Plus d'une centaine de migrants toujours sur place
Les 234 rescapés de l'Ocean Viking sont arrivés à Toulon après 20 jours en mer à la recherche d'un port, après le refus de l'Italie d'accueillir le navire.
Il devait en rester 123 sur le site mercredi soir selon le préfet. Les 44 qui ont été reconnus mineurs et la soixantaine qui vont pouvoir demander l'asile ont été redirigés vers d'autres structures. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé lundi qu'il voulait expulser au moins 44 des migrants de l'Ocean Viking.