Cette année, le Jour de la Nuit, manifestation nationale de sensibilisation à la pollution lumineuse et à la protection de la biodiversité nocturne, fêtera ses 15 ans, ce samedi 14 octobre, jour de la 17ᵉ éclipse solaire annulaire du XXIe siècle ! À cette occasion, rencontre avec François-Xavier Cuvelier, photographe spécialisé dans les techniques de l'astrophoto.
Aucun problème pour cet habitant de Six-Fours (Var) : avoir la tête dans les étoiles ne l'empêche pas de lutter contre la pollution nocturne !
Né en 1970 à Nîmes, François-Xavier Cuvelier pratique la photographie depuis son plus jeune âge. "J’ai eu mon premier appareil photo vers l'âge de 11 ans et, depuis, je n'ai jamais arrêté."
À la fin des années 1990, il pose ses valises en Provence pour s'ancrer, définitivement, en 2013 à Six-Fours-Les-Plages. Il devient membre du Photo club carqueirannais et adhérent à la "Fédération photographique de France".
Sa première photo de ciel étoilé, de façon amateur, remonte à 2003. Et c'est en 2012, à force de photographier des ciels de nuit, qu'il prend réellement conscience des effets de la pollution nocturne.
Depuis, il ne cesse de photographier les ciels la nuit, afin de sensibiliser la population à ce phénomène et de participer, à son modeste niveau, à faire connaître ce qu'il appelle un véritable fléau. D'où son implication active à la manifestation du "Jour de la nuit".
C'est quoi "Le jour de la nuit" ?
François-Xavier Cuvelier : "'Le jour de la nuit', c'est une manifestation qui est organisée, au niveau national, par l'association 'Agir pour l'environnement'.
Partout en France, le 14 octobre, des villes et des villages vont éteindre les lumières. Mais cet événement, c'est aussi beaucoup d'expositions, de manifestations et de conférences pour sensibiliser les gens à la pollution lumineuse et à tous ses effets néfastes.
La pollution lumineuse, c'est tant ce que, nous, nous pouvons voir, ou plutôt ne plus voir d'un ciel étoilé, que les conséquences de ce phénomène sur la biodiversité ou sur la santé des humains."
À Ollioules, le club astronomique Véga, qui dépend de l’observatoire astronomique du gros cerveau de la même commune, proposera, ce jour-là, différentes activités pour cet événement.
Volontairement, ce 14 octobre, nous ne demandons pas d’éteindre les lumières, parce qu’on voudrait que les gens se rendent compte de l’impact de la pollution lumineuse.
En journée, il y aura une conférence-débat, un planétarium représentant des ciels à différents stades de pollution lumineuse et des timelapses que j’ai réalisé dans le Var et les Alpes-Maritimes afin de montrer au public les impacts de la pollution lumineuse par le biais de la vidéo et de la photo.
En soirée, au centre-ville d’Ollioules, des télescopes numériques seront à disposition du public pour leur montrer ce que l'on peut voir avec ou sans pollution lumineuse.
En parallèle, la LPO, qui est également partenaire de cet événement, organise une conférence et une exposition sur les rapaces nocturnes et les chéroptères en journée et, le soir à l’observatoire, différents ateliers dont un piège à lumière pour observer les papillons de nuit.
Partenaire également de cette journée, le lycée de la Cordeille d’Ollioules qui collabore avec nous. Avec les élèves nous faisons des maraudes pour recenser tous les points lumineux de la ville d’Ollioules qui ne correspondent pas à l’arrêté ministériel de décembre 2018 par exemple."
Quels sont vos premiers souvenirs avec un appareil photo ?
François-Xavier Cuvelier : "C’est mon père qui m’a offert mon premier appareil. J’avais 11 ans. À l’époque, et pendant plusieurs années, je n’ai fait que des photos de famille, d’amis, des portraits. J’ai conservé tous ces clichés bien rangés dans des albums !"
Vous souvenez-vous de votre première photo de ciel étoilé ?
François-Xavier Cuvelier : "Oh oui ! La toute première, c'était en 2003 ! Mais je ne me suis vraiment intéressé à la pollution lumineuse qu’à partir de 2012 avec une approche plus scientifique.
Pour la petite histoire, avec ma famille, nous avons un camping-car. Nous allons très fréquemment randonner en montagne. Nous nous posons, loin de toute habitation, et nous campons.
L’avantage avec le camping-car, c’est que cela nous permet de voir des ciels féeriques. Un soir, je suis sorti du camping-car. J’ai vu les étoiles. La voie lactée. Et je me suis dit, je ne peux pas manquer ça. Je dois faire une photo de ce moment magique. Et voilà ! C'était parti ! Ça a été vraiment ce moment-là le déclencheur, le début de cette magnifique aventure. Je me souviens même exactement de l’endroit. C’était dans le massif central.
Immortaliser ces moments, cette beauté, cette sensation de béatitude est devenu une passion, qui ne passe pas."
Votre engagement contre la pollution se situe-t-il au même moment ?
François-Xavier Cuvelier : "Non, pas vraiment. C’est venu petit à petit. Quand on est en montagne, les nuits sont pures. Aucune lumière ne vient perturber la profondeur d’un ciel, la nuit. Il n’y a pas de pollution lumineuse. Le noir est noir ! Pas un seul halo de lumière à l’horizon.
Habitant en ville, je me suis rendu compte, très rapidement, des effets néfastes de l’éclairage urbain. Les premières fois, quand j’ai voulu faire des photos de nuit, même en m’éloignant, un petit peu de la ville, il a bien fallu que je me rende à l’évidence, il n’y avait plus d’étoile dans la nuit que j’observais. Ou très, très peu ! Donc, petit à petit, c’est quelque chose qui m’a submergé.
Je suis vraiment à fond dans cette lutte depuis que je suis entré au club d’astronomie d’Ollioules en 2020, en plein Covid. En tant qu’astronome amateur, la pollution lumineuse est un vrai fléau, mais ce n’est rien par rapport aux impacts sur la santé humaine ou la biodiversité.
Dans cet esprit, depuis deux ans, j’ai créé un pôle pollution lumineuse au sein du club. Nous y organisons des soirées débats, des conférences et des expositions. Cette petite expertise m’a amené à participer, via ce club, au 'Jour de la nuit'."
Vos projets à venir ?
François-Xavier Cuvelier : "J’en ai plusieurs, mais celui qui me tient le plus à cœur, c’est un projet qui s’appelle Star Var, avec le petit jeu de mots qui va bien ! Cela consiste à photographier les endroits emblématiques du Var en période nocturne pour les mettre en valeur, à ce moment-là. Quand vous regardez bien, il n’existe pratiquement pas de photo de nuit de notre magnifique département !
De nuit, le ciel, c’est vraiment autre chose et cela me permet aussi de mettre en évidence le fait que l’on voit des étoiles, mais tellement peu par rapport à la réalité que masque la lumière urbaine. L’objectif n’est pas de taper sur les municipalités, c’est juste de faire prendre conscience au public de cette triste réalité."
Initiative à Antibes
Ce samedi, sur l'aire de loisirs des Semboules de 14h à 18h30, la Ville d'Antibes Juan-les-Pins se mobilise en faveur de la protection de la biodiversité et du ciel étoilé.
De nombreuses animations pour les grands et les petits sont prévues de 14h à 18h30. Accès Libre et gratuit.