La maison ATHOS de Toulon accompagne des soldats blessés psychiques pour les aider à se reconstruire. Le sport est l'une des voies vers la guérison. Dans ce cadre, un défi est en préparation : traverser la Méditerranée en kayak avec un blessé de guerre.
"Ils ont tout donné pour leur pays, on leur doit bien ça", nous a confié Luc de Coligny, le directeur de la maison Athos, qui propose aux militaires blessés psychiques un accompagnement personnalisé.
Cet ancien officier a lui aussi tout donné "par amour pour la France". Une expérience qui ne laisse pas indemne : "comme un tableau noir et blanc à partir duquel on voudrait décrire les couleurs, ce que l'on a vécu sur le terrain, on ne peut le dépeindre".
"Notre rôle, c'est la paix par la guerre. Il faut bien que quelqu'un le fasse, si ce n'est pas nous, qui ?", ajoute-t-il. En charge de la maison Athos à Toulon, dont le nom est porteur d'espoir, il nous explique comment les blessés de guerre sont aidés pour reprendre pied dans la vie quotidienne.
Athos s'inspire du célèbre mousquetaire de Dumas qui a été blessé mais qui a permis la réussite aux côtés de ses camarades. C'est la représentation souhaitée pour montrer à ces frères d'armes leur valeur.
En complément d'un accompagnement médical permanent, ces blessés de guerre sont accueillis dans cette maison comme chez eux.
Ferme mais chaleureux, l'ex-militaire affirme que "l'Etat doit réparation à ces blessés et personne ne sera laissé sur le bord de la route". Pour cela, le ministère des Armées "ne recule devant rien et a débloqué un budget conséquent".
Sous stress permanent
Le ressenti psychologique est très difficile à appréhender au retour des missions. Mais il est important d'y faire face pour qu'ils apprennent à vivre avec leurs blessures.
"Durant des mois de missions, ils sont sous tension. Ce n'est pas comme avant où il y avait des trêves. Regardez ce soldat mort au Mali, tué dans sa propre base. Ils sont sous stress permanent", explique Luc de Coligny. Un stress qu'il faut réussir à évacuer un jour ou l'autre.
"J’ai toujours été très proche de mes hommes et moi-même, j'ai été confronté à des blessures. Ce dont ils ont besoin, c'est d'un soutien et d'un accompagnement," ajoute-t-il.
Depuis l'Afghanistan, ce sont plusieurs milliers de blessés qui sont selon lui concernés par des syndromes post-traumatiques (STP).
"Il y a un réel besoin de se sentir respecté, encadré et en cohésion avec ses frères d'armes", note-t-il.
En partenariat avec la maison Athos, le capitaine de frégate Thomas Ancelin mène un projet hors-norme.
Le défi sportif consiste à traverser la Méditerranée en kayak avec un blessé de guerre. L'objectif est "qu'il se prouve qu'il est capable de se réintégrer dans un groupe, de se réconcilier avec les institutions en réalisant qu’on est là et qu'il peut compter sur nous", explique l'ex-commandant de la flottille 36F.
45 heures d'effort de Hyères à Calvi
Par équipe de trois binômes de rameurs, les participants, tous issus de l’école de guerre, se relaieront durant les 45 heures d’effort.
Dans cette équipe, deux officiers de la Marine, un officier de l’armée de l’Air et de l’Espace et deux officiers de l’armée de Terre accompagneront en kayak le blessé de guerre d’Hyères jusqu’à Calvi.
Au total, ce seront environ 240 km de traversée qui seront parcourus. L’évènement aura lieu selon les conditions météorologiques entre le 11 et 25 juin 2022.
Le projet "rame solidaire" est organisé par l’association Mars EDG dans le but de lever des fonds pour venir en aide aux blessés de guerre.
Des entraînements ont lieu à l’Ecole de Plongée du Pôle Ecoles Méditerranée afin de pratiquer en conditions réelles. Des anciens commandos Marine encadrent les participants afin de les faire profiter de leur expertise.
Un premier RAID a déjà eu lieu le samedi 6 février dernier. Il a été organisé pour préparer les équipes sur différents aspects du travail sur terre comme en mer.
Endurance, prise en main de l’embarcation, travail face et dos à la houle, embarquement et débarquement du bateau support… de nombreux exercices y ont été pratiqués afin d’être prêts pour le grand jour.
Cette aventure est soutenue par un parrain unique en son genre, Denis Brogniart. L'animateur de l'émission Koh-Lanta est "très sensible à cette cause", explique Thomas Ancelin, "si bien qu'il a écrit un roman sur l’histoire d’un blessé de guerre".
Une expérience qui a déjà fait ses preuves
Ce n'est pas le premier défi lancé par Thomas Ancelin. L'année dernière, il a parcouru les routes de France à vélo, de Chamalières jusqu'à Hyères, accompagné de ses frères d'armes, dont un blessé post-traumatique.
"Il voyait la fierté dans nos yeux et nous dans les siens, on a senti un déclic, il était en fin de rémission et cet élément lui a permis de retrouver confiance en lui", affirme le capitaine de frégate.
Rendez-vous est pris en juin pour voir ces militaires, dont ce blessé de guerre, père de famille et passionné de kayak, relever, ensemble, ce défi.