Dans la commune du Beausset dans le Var, une dizaine de commerçants du centre-ville pose nus pour un calendrier. Un cri d'alarme pas comme les autres pour alerter sur la baisse de fréquentation dans leurs boutiques.
"Allez, regarde-moi", lance le photographe. Alexandre Cornet relève la tête, il sourit. Clic. Le flash est déclenché, la photo est prise.
C'est à un shooting un peu osé auquel le jeune homme vient alors de se livrer. Devant l'objectif, ce boucher-charcutier du Beausset est nu. Seule une pièce de viande rouge apporte la touche de pudeur nécessaire.
Ils sont une dizaine de commerçants de la commune varoise, qui compte selon les chiffres de 2021 un peu plus de 10 000 habitants, à s'être prêté au jeu pour un calendrier.
L'objectif ? Attirer l'œil sur leurs difficultés financières.
La difficile concurrence des grandes surfaces
Alexandre Cornet l'assure, depuis cinq ans, les clients sont de moins en moins nombreux à pousser la porte de sa boutique. "Les gens ne vont plus chez les petits commerçants. Maintenant, pour aller chez le boucher, ils vont dans les grandes surfaces où c'est moins cher", se désole-t-il.
Il faut dire que face aux supermarchés et aux hypermarchés, les petits commerces de centres-villes ont du mal à faire le poids. En France, une étude de l’Insee datant de 2015, montre à ce titre que, en ruralité, l’implantation de ces grands magasins se fait souvent au détriment des commerces de proximité.
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Un constat également dressé par Céline Massal, professeure agrégée de géographie, dans un article publié par l'ENS de Lyon en 2018. "Les premiers [petits commerces] à mesure que les autres augmentent [hypermarchés]", écrit-elle.
Alexandre Cornet tente toutefois de se rassurer : "dans les grandes surfaces la qualité est moindre. Nous, on est là pour relever le niveau."
Chiffres d’affaires en baisse
Comme le jeune boucher, Vincent Fournet et sa femme ont aussi enlevé leur vêtement. Lui, se cache derrière une meule de formage. Elle place deux louches devant sa poitrine. Eux aussi veulent alerter sur leur situation économique.
Chez ce couple de restaurateurs, le chiffre d'affaires a baissé de plusieurs milliers d'euros cet été. En responsable, ils pointent notamment l'inaction de la municipalité.
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"Je pense que le manque de fréquentation est dû à beaucoup de banques, d'immobilier, et puis des commerces qu'on appelle morts, comme les professions libérales, les kinés, les infirmiers. Ce ne sont pas des boutiques qui font venir beaucoup de clientèle", détaille également Vincent Fournet.
L’ensemble des clichés vont désormais être imprimés sous forme de calendrier, à l'image de ce qu'ont pu faire certains rugbymen par le passé. Il sera diffusé sur les réseaux sociaux, dans l'espoir d'apporter un peu de visibilité à ces commerçants qui redoutent de devoir aller se rhabiller pour l'hiver.
