Une tortue femelle Caouanne semble vouloir assurer avec ferveur la descendance de son espèce. Des tests génétiques ont démontré qu’elle était revenue par deux fois pondre sur les côtes du Var en 2016 et en 2020.
Les heureux événements avaient suscité l’engouement des scientifiques et des badauds. Le 22 juillet 2016, une tortue Caouanne est aperçue sur la plage des Esclamandes, à Saint-Aygulf, près de Fréjus.
Elle vient y déposer ses 74 œufs. Les 11 et 12 juillet 2020, deux nouvelles femelles Caouannes sont observées à la plage des Sablettes de Fréjus et à la plage des Esclamandes de Saint-Aygulf, très proche du site de ponte identifié deux ans plus tôt. L’une d’elle a pondu plus d’une centaine d'œufs sur l’ensemble des deux nids.
De nouveaux sites de ponte ?
Dans chacun des trois nids, des restes de coquilles et d’embryons non éclos ont été prélevés. Envoyés dans un laboratoire spécialisé en génétique animale en Bretagne, les échantillons ont révélé qu’une seule et même femelle était la génitrice des tortillons.
En sait-on plus sur cette maman marine? Son âge, son état de santé ? Malheureusement non, car aucun prélèvement n’a été fait et ne sera fait sur l’animal.
La démarche s’inscrit dans le cadre du programme de conservation de l'Observatoire des Tortues Marines en Méditerranée, mené par l’Association Marineland, avec le Réseau Tortue Marine de Méditerranée Française. L'Office Français de la Biodiversité a également participé au projet, ainsi que le Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier. Son objectif est clair :
"L’idée c’est de savoir combien il y en a, combien de temps elles vont coloniser les sites et d’améliorer notre connaissances sur cette nouvelle population nidifiante. Ce serait tout aussi intéressant de constater si des femelles différentes fréquentent nos côtes”
Sidonie CatteauRéférente locale du Réseau des tortues marines de Méditerranée française (RTMMF)
Un suivi qui pourrait donner des indications sur ce que les tortues viennent chercher sur les côtes méditerranéennes. Car d’ordinaire celles-ci sont davantage prisées par les tortues juvéniles comme site d’alimentation.
Les sites de pontes sont quant à eux situés en Méditerranée orientale (Grèce, Chypre, Turquie, etc). Est-ce à dire que les plages de Fréjus et Saint-Aygulf vont devenir des sites de pontes ? Il est encore trop tôt pour le dire.
Eau chaude, pente douce ou courant de surface ?
En revanche, la fréquentation des côtes méditerranéennes et la répétition des nidifications qui y ont lieu interrogent. “Ces dix dernières années, de plus en plus d’individus ayant atteint leur maturité sexuelle ont été repérés sur les côtes. En 2009, une tortue avait fait son nid sur la plage de Saint-Tropez. Hélas le nid était trop bas et a été inondé. Aucun bébé n’a survécu”, se rappelle Sidonie Catteau. Cet été 2022 une autre tortue Caouanne est venue pondre une centaine d'oeufs sur la plage de Valras.
Pourquoi les tortues Caouanne auraient privilégié les plages de Fréjus et Saint-Aygulf ? “Aux Esclamandes, l’accès en pente douce à la plage permet à l'animal de sortir facilement puis de profiter d’une arrière-plage bien végétalisée. En revanche aux Sablettes, l’ambiance c’est plutôt boîte de nuit, grande roue et marché…”, analyse Sidonie Catteau. Pas de certitudes donc.
“Si les pontes demeurent relativement rares en Méditerranée 'française', l'observatoire des tortues marines de France métropolitaine constate une activité de reproduction plus régulière. L’augmentation de la température de surface de la Méditerranée ces dernières années, alliée à une modification des courants de surface, pourrait en être la cause”
Association Marineland
Observer, informer, c’est protéger !
En moyenne 100 à 150 tortues marines sont observées tous les ans sur les côtes des Alpes-Maritimes et du Var. L’Observatoire des Tortues Marines en Méditerranée invite régulièrement le grand public à partager à l’observation des reptiles aquatiques pour mieux comprendre ces animaux.
Le public est appelé à participer au réseau de surveillance de ces tortues, que ce soit en mer ou sur les plages. Il suffit de se rendre sur le site www.obstortuemed.fr pour indiquer vos observations.
