La cour d'appel de Nîmes a rejeté le recours formulé par 12 des 51 hommes poursuivis pour avoir participé aux viols organisés par un retraité sur son épouse droguée dans le petit village du Vaucluse.
Un procès hors-norme se profile à Avignon pour le début de l'année 2024. La cour d'appel de Nîmes a rejeté le 5 octobre le recours formulé le 25 septembre dernier par 12 hommes mis en examen dans le dossier tentaculaire des viols de Mazan, orchestré par un retraité sur sa femme inconsciente.
Comme 39 autres mis en cause, ils comparaîtront au printemps prochain devant la cour criminelle du Vaucluse, qui pourrait se délocaliser au parc des expositions d'Avignon pour accueillir les nombreux accusés et leurs avocats. France 3 Provence-Alpes vous détaille ce que l'on sait de ce procès à venir.
Le mari, au cœur du procès
L'accusé au coeur de cette sordide affaire n'est autre que le mari de la victime. Pendant une dizaine d'années, Dominique P. a recruté des inconnus pour faire subir des viols à son épouse, alors qu'elle était assommée par de puissants anxiolytiques.
Le retraité sexagénaire contactait des hommes sur un forum internet, qu'il faisait venir dans son pavillon de Mazan, un petit village au pied du Ventoux. Le mari filmait les abus sexuels et conservait les enregistrements sur son ordinateur. Ces vidéos ont permis d'identifier les "clients".
C'est dans un supermarché de Carpentras, où il tente de filmer sous les jupes de clientes qu'il se fait attraper et que toute l'histoire est mise au jour.
50 agresseurs mis en examen
51 hommes ont été interpellés depuis février 2021. L'un d'eux est décédé de maladie au cours de l'enquête. Après trois ans d'enquête, le juge d'instruction a ordonné leur renvoi devant la cour criminelle de Vaucluse de pour viols aggravés. Certains sont en détention provisoire, d'autres placés sous contrôle judiciaire.
Début mai 2023, Le Parisien a dévoilé le réquisitoire du procureur d'Avignon, un document de 350 pages. Parmi les hommes poursuivis, 41 sont originaires du Vaucluse ou y résidait au moment des faits. Ils sont âgés de 22 ans à 70 ans.
Le Monde a détaillé le profil de plusieurs des agresseurs, leurs âges et leurs professions notamment, dans un article publié le 20 juin. Pour la grande majorité, ce sont des hommes bien insérés dans la société, pompier, infirmier, militaire, entrepreneur, chauffeur routier ou encore plombier.
Le procès devrait se tenir au printemps 2024 et durer plusieurs mois.
La fille du couple partie civile
La fille aînée du couple de Mazan s'est portée partie civile à ce procès. Dans un livre, intitulé "Et j’ai cessé de t’appeler papa", publié chez Lattès en 2022, Caroline Darian livre son témoignage sur la soumission chimique dont sa mère a été victime.
Initiatrice d'une campagne #mendorspas Stop soumission chimique, elle a aussi témoigné à visage découvert sur BFMTV en juin 2023. "J'étais proche de mon géniteur, on était une famille unie, on passait aux yeux de tous pour une famille exemplaire", confie-t-elle.
Dominique P. mis en examen pour meurtre
Ecroué dans l'attente de son procès, le retraité de 70 ans est aussi poursuivi par le parquet de Nanterre dans deux autres affaires antérieures, pour tentative de viol, viol et meurtre.
Les faits datent du début des années 90, à l'époque où le couple vivait en région parisienne. La première victime, une jeune employée d'agence immobilière de 23 ans, a été droguée à l'éther, frappée avec une arme blanche, ligotée et violée avant d'être tuée.
L'autre affaire, survenue en 1999 à Villeparisis en Seine-et-Marne, concerne une tentative de viol sur une jeune femme, elle aussi agent immobilier, elle a réussi à échapper à son agresseur qui tentait de l'endormir à l'éther. Dominique P a été confondu dans cette affaire par son ADN, mais il nie le meurtre à Paris.