42 personnes ont été interpellées dans une affaire de viols sans précédent. Une sexagénaire a été droguée par son mari et livrée à des dizaines d’hommes contactés via internet. Le huis clos a duré des années dans le pavillon de campagne du couple à Mazan (Vaucluse).
Au fond d'une petite impasse, en bordure de la rivière L'auzon, la petite maison parait bien tranquille avec son petit préau et son allée ombragée. Les volets se sont désormais fermés sur l'horreur que la victime a subie pendant des années, de 2010 à 2020.
33 personnes ont été mises en examen et écrouées et neuf autres sont toujours en garde à vue, a indiqué mercredi le procureur de la République d'Avignon, Philippe Guemas, confirmant une information de La Provence.
Originaires du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône de la Drôme et du Gard, les suspects sont âgés de 24 à 71 ans.
Certains nient les faits, au mieux admettent avoir participé à ce qu'ils pensaient être un "échange libertin". Tous sont soupçonnés de voyeurisme aggravé et de viols.
Sous les jupes des filles
Le couple originaire de la région parisienne s'était installé à Mazan vers 2010. Les faits ont démarré dans le même élan. À la genèse de l'affaire l'interpellation du mari, 68 ans. Il se fait surprendre le 12 septembre 2020 dans un hypermarché de Carpentras en train de filmer avec son téléphone sous les jupes des clientes.
Le pervers est arrêté par les vigiles et conduit au commissariat. Les policiers s'interrogent sur l'homme qui ne semble pas à son coup d'essai. Un expert psychiatrique le décrit comme un "déviant sexuel de type voyeuriste". C'est décidé, il faut pousser l'enquête. Elle mènera la police judiciaire jusqu'au petit pavillon au bord de L'auzon.
Là, les enquêteurs s'enfoncent dans l'horreur. La saisie d'un ordinateur, de deux téléphones portables, d'un caméscope, de trois cartes mémoires, et d'un appareil photo révèle des centaines de vidéos et photos à caractère pornographique.
Livrée comme objet sexuel
Parmi les vidéos, les policiers isolent ceux de son épouse, 61 ans, visiblement droguée et livrée à des hommes de passage. L'enquête, qui a duré plus d'un an, établit que le retraité lui aurait donné de puissants anxiolytiques.
Sur Internet, les enquêteurs vont également retrouver des messages du mari postés sur des forums de rencontres libertines où il proposait à des individus de venir profiter de sa femme, inconsciente.
Une fois sa femme assommée par les médicaments, il faisait alors entrer ces hommes contactés via internet. Chacun leur tour, ils auraient eu des rapports sexuels avec la victime inerte, pendant que son époux filmait la scène.
La sexagénaire n'aurait découvert les faits qu'au début de la procédure. Elle a depuis déménagé et demandé le divorce.
Les chefs de poursuite retenus par le parquet vont du viol et de la complicité de viols aggravés par l'administration d'une substance de nature à altérer le discernement de la victime, à l'atteinte à l'intimité de la vie privée par la captation et la diffusion d'images à caractère sexuel.
Le mari de la victime a été écroué. Il encourt une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle.