Des arcs pour chasser le sanglier dans le Vaucluse, une pratique qui pose question

A Montfavet, dans les alentours d'Avignon, les sangliers se baladent en ville. Les chasseurs ont été autorisés à chasser les sangliers jusqu'en février 2020 par la Préfecture du Vaucluse, mais uniquement avec des arcs et des flèches.

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Quand ils arrivent en ville, c'est la panique sur les boulevards. A Montfavet, dans les alentours d'Avignon, les sangliers s'immiscent dans les zones urbaines.

Pour réguler leur population et réduire le risque d'accidents routiers, la Préfecture du Vaucluse a autorisé le prélèvement de sangliers jusqu'en février 2020, à la condition de n'utiliser que des flèches."Nous avons une recrudescence des sangliers depuis deux ans et ils deviennent de plus en plus visibles. Nous avons eu des accidents sur la route, des agriculteurs qui se plaignent et des jardins qui ont beaucoup souffert", explique Christian Rocci, délégué à la protection animale pour la ville d'Avignon.

La chasse à l'arc, sous la direction d'un lieutenant de louveterie, accompagné d'une équipe de chasseurs archers, permet des prélèvements à la tombée de la nuit, à l'heure où les sangliers cherchent à se nourrir.

"Les seuls qui sont habilités à intervenir quelque soit l'horaire sont les lieutenant de louveterie dûment agréés par la préfecture", précise le président de l'association Arc Chasse 84. Les laies suités ou des marcassins en livrée rayée ne sont en outre jamais visés. 

En zone urbaine et résidentielle, impossible de tirer à la carabine. "Les prélèvements nécessaires se font la nuit. Et vous comprenez bien qu'un coup de carabine, ça fait plus de bruit qu'un tir à l'arc", rajoute Christian Rocci.

Le tir à l'arc plus risqué pour les animaux ?

Les sangliers sont connus pour leur résistance hors du commun. Percutés par une voiture à pleine vitesse ou touchés par une balle, ces animaux peuvent parcourir plusieurs kilomètres avant de s'effondrer. Alors une flèche ? 
"Les chasseurs n'ont jamais pour intérêt de seulement blesser l'animal, explique Christel Savelli, directrice de la fédération départementale des chasseurs du Vaucluse. C'est pénible de le récupérer à plusieurs kilomètres, même avec des chiens dressés spécialement pour retrouver les animaux blessés".

"Ce sont des personnes entraînées qui savent ce qu'elles font et ne tirent pas au hasard".  L'autorisation de ce prélèvement à l'arc, a provoqué une levée de boucliers de la part d'associations de défense des animaux.

"Le sanglier ne meurt pas automatiquement et peut parcourir des kilomètres avec une flèche, avant d'agoniser", confie Catherine Aubert à France Bleu Vaucluse.

Une pétition contre cette autorisation a été mise en ligne et soutenue, entre autres, par la SPA du Vaucluse et l'association Sentinelle Ethique Animale.

Des chiens de sang en renfort

Afin de pouvoir localiser le gibier rapidement et abréger ses souffrances, les chasseurs font appel à des chiens tout à fait particuliers.

Les chiens de sang ou "chiens de rouge", sont spécifiquement entraînés à tracer l'odeur d'un animal blessé.

S'il reconnaît les odeurs et les traces d'autres animaux, le chien ne suit que les hormones de stress et les odeurs de sang, qui le mèneront au gibier recherché.

La bête, même blessée, reste dangereuse. Le chien de sang et son maître le suivent d'abord à la trace, sans s'approcher de trop près.

Lorsque le sanglier blessé s'est arrêté, le chien de sang fait alors une approche, et le distrait par ses aboiements. Le maître du chien de rouge, lui, reste tapi dans l'ombre et cherche un angle de tir pour achever le sanglier.

Les chasseurs peuvent ainsi retrouver le gibier, s'il n'est pas mort sur le coup, et ne pas le laisser souffrir.

Cette technique est très encadrée, et les chiens dressés avec rigueur par l'Union nationale pour l'utilisation de chiens de rouge (UNUCR). Dans le Vaucluse, pour l'année 2019-2018, il y avait un conducteur de chien de sang agréé, selon l'UNUCR.

Les sangliers poussés vers les villes par la sécheresse

C'est la sécheresse qui pousse les sangliers à se rapprocher des habitations. Depuis deux ans, ils ne mangent plus à leur faim dans les bois environnants, faute d'y trouver leur alimentation principale, des glands. 

Dans les alentours d'Avignon, comme à Montfavet, ils trouvent de grands maraîchers, de nombreux canaux et même de jolis jardins particuliers où ils peuvent se nourir.
Bientôt, c'est la saison des pommes qui va commencer, de beaux fruits bien juteux à même le sol, pour le plus grand bonheur des sangliers.

Les dégâts causés par les sangliers sont déjà bien visibles : grillages arrachés, champs et cultures piétinés ou plus grave accidents de la route... La population alerte régulièrement la Fédération de chasse ainsi que la mairie. 

Une prolifération rapide

Ces animaux s'adaptent très rapidement à leur environnement, et si la nourriture abonde, la reproduction fait de même. Dans les zones urbaines ils trouvent parfois des terrains privés abandonnés où ils s'installent. 

Un budget de 30.000 euros est dédié à la remise en état de ces terrains, afin d'en faire partir les animaux.

La ville d'Avignon craint donc une surpopulation imminente et préfère endiguer le nombre de sangliers dès à présent, selon Christian Rocci, délégué à la protection animale à la Mairie d'Avignon. "Il faut faire preuve de bon sens, c'est une question de collision routière et de sécurité. Les sangliers sont très nombreux sur le réseau routier, comme par exemple sur le rond-point de Réalpanier", explique Christel Savelli, Directrice de la Fédération de chasse du Vaucluse.

Christel Savelli rappelle que le point d'équilibre des prélèvements dans le Vaucluse est de 6.000 individus chaque année.

Le Département du Vaucluse, sur les 20 dernières années, a enregistré le plus faible taux de dégâts agricoles grâce aux prélèvements réalisés, selon la direction de la Fédération de chasse.
 
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