Père Ubu, boudiné dans un maillot à rayures rouges et blanches parcourt à petites foulées un tapis de gymnastique: la version de la pièce d'Alfred Jarry proposéepar Olivier Martin-Salvan dans 15 quartiers et villages autour d'Avignon
donne résolument dans la farce.
Le décor et les costumes, signés des scénographes Clédat et Petitpierre, décident de toute la pièce: un tapis d'aérobic, avec ses gros boudins de mousse et des maillots de champions olympiques moulants aux couleurs criardes. Le public disposé tout autour assiste au match.
Le comédien Olivier Martin-Salvan, qui joue Père Ubu et signe la mise en scène, met son talent d'acteur (qui est considérable) au service de la pièce, et ses comparses, dont le très drôle Gilles Ostrowsky, ne sont pas en reste. La métaphore sportive est étirée jusqu'à l'excès, au risque de lasser.
D'autant que le texte, lui-même fort drôle, d'Alfred Jarry, ne sort pas grandi de l'épreuve: très réduit, pas toujours audible, il perd de sa saveur inimitable.
Reste un théâtre de tréteaux, cocasse et potache, très adapté à son parcours de lieu en lieu pendant toute la durée du festival.
Un parcours de lieu en lieu
Depuis l'an dernier, le directeur du festival Olivier Py, soucieux de toucher tous les publics, et pas seulement les festivaliers d'Avignon intra muros, commande une pièce itinérante, donnée ici dans une salle des fêtes, là dans un garage automobile...Le 14 juillet, la pièce était donnée sur l'Ile de la Barthelasse, juste en face d'Avignon, où se tient tous les ans un festival quasiment gratuit, "Contre Courant", qui est né dans la foulée du mouvement d'éducation populaire.
Le festival, porté par le comité d'entreprise du gaz et de l'électricité, propose des "ponts" avec le festival "in" ainsi que d'autres pièces, et accueille tous les ans 4.000 personnes.
Le public est très familial. Des chaises-longues invitent à la détente sur l'herbe, il y a là un petit air de guinguette qui tranche avec l'animation frénétique de la ville.
Le 18 juillet, le festival Contre-courant proposera les trois courtes pièces de Marius von Mayenburg, "Le Moche", "Voir Clair" et "Perplexe", avec notamment la comédienne Adèle Haenel, César de la meilleure actrice cette année pour "Les Combattants" : un petit bijou à ne pas rater.