C’est une fresque grandiose qui est programmée en cette fin de saison sur la scène avignonnaise, les 14 et 16 juin. Librement inspiré de faits réels, l’opéra en sept tableaux du compositeur russe Modeste Moussorgski relate l’arrivée au trône, le règne puis la chute du tsar Boris Godounov.
L’action nous plonge au tournant du 17e siècle, dans une Russie frappée par la peste, la famine et les crises politiques. Pour accéder au pouvoir, l’intrigant Boris Godounov a fait éliminer l’héritier légitime de la couronne, le jeune Dimitri, fils d’Ivan Le Terrible.
Le peuple se résout à acclamer son nouveau tsar, sans se douter qu’il est mêlé au meurtre du tsarévitch. Peu à peu, alors que ses ennemis conspirent à sa chute et que la population souffre de la faim, les remords envahissent Godounov qui sombre dans la solitude, la paranoïa puis la folie…
C’est cette fresque épique que le public pourra découvrir à Avignon, dans sa version originale de 1869, sous la direction musicale de Dmitry Sinkovsky et dans une mise en scène de Jean-Romain Vesperini.
Une dramaturgie shakespearienne
Pour le metteur en scène, l’œuvre emblématique de Moussorgski est profondément russe. Par son sujet, bien sûr, et par "la poésie de la langue et l’interprétation musicale des sonorités slaves". Mais il souligne l’inspiration shakespearienne : "Moussorgski expose des personnages complexes, traversés par des contradictions. Boris est un être pétri d’humanité, hanté par le remord, et contre lequel il ne peut rien puisqu’il ne peut se repentir, à l’image de Claudius dans Hamlet".
Cette culpabilité qui ronge le tsar tout au long de l’opéra est un ressort particulièrement intéressant : "j’ai eu envie de travailler sur ce sentiment et rentrer dans l’intimité de la psyché de Boris, dans son espace mental" ajoute Jean-Romain Vesperini.
Parabole glaçante de l’ambition politique, l’oeuvre n’est pas dénuée d’humour, à l’instar là encore des pièces de Shakespeare : "le trivial y côtoie le sublime, la vulgarité se mélange à la noblesse", observe le metteur en scène.
Face au tyran solitaire, il y a le peuple russe dans toute sa multitude, ces "petites gens propulsées malgré elles dans la grande marche de l’Histoire" que Moussorgski cherche à caractériser, avec un plaisir évident et parfois même un sens aigu de la comédie.
L’opéra est composé de 7 tableaux, contre 23 dans la pièce éponyme d'Alexandre Pouchkine dont il est tiré, ce qui contribue à resserrer l’intrigue. Du couronnement de Boris à sa mort, une fresque haletante, qui devrait tenir les spectateurs en haleine de bout en bout…
"Boris Godounov" de Modeste Moussorgski
Vendredi 14 juin à 20h et dimanche 16 juin à 14h30 (durée : 3h).
Opéra chanté en russe et surtitré en français. En coproduction avec l'Opéra de Monte Carlo.
A noter que 45 mn avant chaque représentation, l’Opéra Grand Avignon propose un éclairage sur le spectacle (entrée libre sur présentation du billet du spectacle)
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