Dans le Vaucluse, le manque chronique de pédopsychiatres pourrait entraîner la fermeture de plusieurs centres accueillant des enfants et des adolescents rattachés à l'hôpital de Montfavet, à Avignon.
La pédopsychiatrie manque de spécialistes. Dans le Vaucluse, la pénurie est telle que l'offre de soin du centre hospitalier de Montfavet va être réorganisé, entraînant la fermeture de trois centres médico-psychologiques (CMP) pour enfants et adolescents, à Vaison-la-Romaine, l'Isle-sur-la-Sorgue et Châteaurenard, dans le nord des Bouches-du-Rhône ainsi qu'à l'hôpital de jour de Piolenc.
"Pour notre direction, ce sont des suspensions", pointe Emmanuel Loubier, élu CGT du Comité social d’établissement de l'hôpital, qui lui préfère parler de "fermeture". "Un coup extrêmement dur", selon lui, car c'est un tiers des CMPEA du Vaucluse qui pourrait fermer. Des "structures de premier accueil de pédopsychiatrie", qui ont reçu 560 jeunes patients en 2023.
La fin des prises en charges de proximité
"Un certain nombre n'auront peut-être plus de prise en charge, s'inquiète l'élu CGT, ils n'auront plus la prise en charge de proximité". "Ce sont des enfants qui vont mal grandir, qui vont peut-être plus tard être suivis par la psychiatrie adulte avec toutes les conséquences que ça a sur ces personnes-là", ajoute-t-il.
Notre direction nous a clairement annoncé des zones blanches, avec arrêt de nouvelles prises en charge dans toutes ces zones-là.
Emmanuel Loubier, élu CGT du Comité social d’établissement de l'hôpitalFrance 3 Provence-Alpes
Une offre de soin recentrée sur les centres "pivots"
De son côté, la direction de l'hôpital, explique vouloir "anticiper les impacts de la pénurie médicale sur le centre hospitalier de Montfavet". En dix ans, l'hôpital est passé d'une vingtaine de pédopsychiatres à "trois fois moins", pour couvrir l'ensemble du Vaucluse et du nord des Bouches-du-Rhône, selon la directrice qui se veut pourtant rassurante.
La stratégie retenue a été de consolider huit centres "pivots" dans les grands centres d'agglomération, et "de voir où on pouvait exister en proximité avec des dispositifs plus allégés, avec des antennes qui seraient là moins souvent sur le territoire ou des équipes mobiles", détaille Marie-Laure Piquemal-Ratouit, directrice de l'établissement. "On ne peut pas faire avec trois fois moins autant qu'on pouvait quand nous avions tous nos effectifs", concède-t-elle.
Une réorganisation en cours de finalisation
Les enfants suivis dans les zones, où les dispositifs ne seront pas maintenus seront répartis sur Cavaillon, Avignon, Sorgues, Apt, Valréas, Orange, Bollène et Carpentras. Selon Emmanuel Loubier, cependant, beaucoup de familles n'auront pas la possibilité ou les moyens financiers de faire 50 km pour se rendre aux rendez-vous dans ces centres pivots.
La finalisation de cette réorganisation devrait se poursuivre encore six mois, aucune date de fermeture n'est encore arrêtée. "Aujourd'hui, on a un repli sur certaines zones, mais il sera de courte durée, assure Marie-Laure Piquemal-Ratouit. Le but est de réfléchir comment réinvestir ces territoires différemment."