Le gouvernement prévoit la fin du remboursement des médicaments homéopathiques en 2021. Au Pontet (84), le laboratoire Boiron pourrait supprimer 50 emplois. Une pétition de soutien à cette médecine a déjà obtenu près de 1 250 000 signatures.
Depuis l'annonce du gouvernement de mettre fin au remboursement des médicaments homéopathiques en 2021, les salariés et prestataires du laboratoire Boiron, situé au Pontet, dans le Vaucluse, sont sous le choc.
Choc et incompréhension, pour les salariés de Boiron, cette décision de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est avant tout un mépris du travail accompli depuis des années, mais également un mépris des malades qui se soignent à l'homéopathie. 74 % des Français utilisent régulièrement des traitements homéopathiques, en première intention ou en thérapie complémentaire d'un traitement allopathique.
Fermeture du laboratoire du Pontet
La fin du remboursement des médicaments homéopathiques entraînera inévitablement une baisse d'activité du laboratoire du Pontet, selon les salariés de Boiron. 42 emplois directs pourraient être supprimés, ainsi qu'une dizaine d'emplois de prestataires. Le service relation client, le service préparatoire des prescriptions spécialisées ainsi que le service logistique seraient donc concernés.En France, le laboratoire Boiron pourrait supprimer 1000 postes sur les 28 sites d'exploitation.
Fausses économies pour la Sécurité Sociale ?
En 2018, l'assurance-maladie a remboursé 126,8 millions d'euros pour les traitements homéopathiques (granules, pommades, préparations). Dans le même temps, pour l'ensemble des médicaments, le remboursement par l'assurance-maladie représente environ 20 milliards d'euros.L'homéopathie représente 0,63 % des remboursements des médicaments. En 2021, les patients traités par homéopathie pourraient, en partie, se reporter sur l'allopathie. "Il suffit qu'un patient sur 10 se reporte sur l'allopathie pour annuler l'économie réalisée par la fin du remboursement des médicaments homéopathiques, c'est absurde", explique Laurent Justet, pharmacien, responsable du service préparatoire du laboratoire Boiron au Pontet.
Le coût moyen des médicaments homéopathiques est de 2,70 euros et le coût moyen des médicaments allopathiques est de 9,90 euros. "Non seulement l'assurance-maladie ne va pas faire d'économie, mais ça va lui coûter très cher, sans compter le coût des effets secondaires" poursuit le pharmacien. Il assure que les thérapies homéopathiques n'ont pas d'effets secondaires.
Pourquoi dérembourser les médicaments homéopathiques ?
Les médicaments homéopathiques étaient remboursés à 65 % en 1984, puis le taux a été abaissé à 35 % en 2003, puis à 30 % en 2011. L'homéopathie a toujours fait l'objet d'une vive polémique au sein du corps médical.Il y a un peu plus d'un an, après la publication dans Le Figaro d'une tribune au vitriol signée par 124 médecins, la ministre de la Santé a saisi la Haute Autorité de Santé (HAS) pour connaître son avis sur le "bien-fondé" du remboursement des médicaments homéopathiques.
En mai dernier, la commission de la transparence de la HAS a émis une recommandation "défavorable" au maintien du remboursement de ces médicaments. Une recommandation confirmée de façon définitive, le 26 juin dernier.
La HAS a conclu à "l'absence de démonstration de l'intérêt des médicaments homéopathiques sur la santé publique" et à "l'absence de démonstration d'efficacité dans les affections/symptômes".
"La HAS a mis trois mois pour juger de l'inefficacité de plus de 1000 souches servant de base aux médicaments homéopathiques alors qu'elle met six mois pour valider la mise sur le marché d'un médicament allopathique", s'insurge Laurent Justet. "Les protocoles scientifiques utilisés pour juger l'efficacité d'un médicament ne sont pas adaptés à l'homéopathie, qui est une thérapie holistique et individualisée".
L'homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale à partir de 2021, après une "étape intermédiaire" d'un an où un remboursement réduit à 15% sera appliqué, "pour permettre aux patients, aux industriels et aux prescripteurs de s'adapter" (ministère de la Santé) #AFP pic.twitter.com/OHbQWb0Q2x
— Agence France-Presse (@afpfr) July 9, 2019