Au procès de Mazan, les réquisitions envers les 50 coaccusés de Dominique Pelicot ont débuté ce lundi après-midi, devant la cour criminelle de Vaucluse. Des peines de 4 à 12 ans de réclusion ont été demandées à leur encontre.
Jean-François Mayet, avocat général, l'a souligné comme un "hasard du calendrier" dans son texte introductif. Ce 25 novembre 2024, début des réquisitions au procès des viols de Mazan, coïncide avec la journée internationale de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Tandis que tribunal d'Avignon est devenu un écrin symbolique de ce combat, la proximité d'un verdict se fait sentir et tient la salle d'audience en haleine. Comment s'évaluent donc pénalement ces actes d'une "gravité inimaginable" commis sur la personne de Gisèle Pelicot ? Après la réquisition de 20 ans de réclusion, soit la peine maximale, à l’encontre de Dominique Pelicot, les deux procureurs se relaient pour passer en revue, un à un, les cas de chacun des 50 coaccusés.
Des peines de 4 à 12 ans de réclusion requises
La longue litanie commence. Leurs pseudos sont "Amateur de culottes", "Motard", "Simon" ou "Jacques" et la plupart ont été rencontrés sur le site coco.fr, adeptes du libertinage et l'échangisme pour la plupart. À l'exception d'un voisin, venu, selon ses dires, "faire du jardinage" chez le couple. Les magistrats brossent les faits, qui reviennent en boucle. Il s'agit de pénétration digitale ou pénienne, du vagin, de la bouche ou de l'anus, de va et viens, de fellations imposées, de viol aggravé en réunion caractérisé sur la victime, endormie, avec ou sans la participation de son époux, toujours présent pour filmer et guider ses hôtes.
Malgré les ronflements, l'un des accusés a bien pris la main de Gisèle Pelicot, mais c'était pour se masturber avec. Les accusés de tous les âges, ont eu une érection ou pas, ont éjaculé ou non, mais tous avaient reçu les mêmes consignes. Ces hommes se sont présentés les ongles coupés, mains lavées à l'eau chaude puis réchauffées sur le radiateur. Ils ne devaient faire aucun bruit et chuchoter. Certains avaient consommé de l’alcool ou de la drogue. Aucun n'a jamais tenté de réveiller Gisèle Pelicot, jamais envisagé même de recueillir son consentement. La considérant comme un objet.
La grande majorité d'entre eux ont un casier vierge, ont subi des violences sexuelles dans leur enfance, et ne sont pas considérés dangereux pour la société. "Au regard de la nature des actes accomplis et du positionnement", le ministère public requiert à leur encontre des peines de 4 à 12 ans de réclusion. Parfois assorties d'une obligation de soins.
Première journée de réquisitions
Après deux heures trente de réquisitions, les avocats généraux demandent une pause. Dans leur box vitré, les accusés détenus jettent un regard noir aux journalistes et ceux qui comparaissent libres ne semblent pas toujours comprendre ce qui va leur arriver. Ils s'interrogent : le tribunal suivra-t-il ces réquisitions ? Un avocat leur répond que la condamnation peut "être divisée par deux" et que la "position de la Cour n'est pas très claire". Les comptes d'apothicaire ont commencé et chacun de ces hommes calcule ce qu’il risque à l’aune de la peine requise par le parquet envers Dominique Pelicot.
Sans oublier qu'une peine de 17 ans de réclusion avait été demandée, plus tôt dans la matinée, pour Jean-Pierre M., le drômois ayant imité le principal accusé en droguant sa propre femme.
Dehors, les féministes ont accroché une banderole sur les remparts réclamant "20 ans de réclusion pour chacun". L'audience reprend. Les magistrats tentent de poursuivre leurs réquisitions "encore un peu, si leur gorge leur permet". "Vous avez tous les images en tête", rappelle l'avocate générale, Laure Chabaud, à l'intention de la Cour. Tandis que l’auditoire frôle l'indigestion, après avoir ingurgité ce concentré d'abjection.