Hasard du calendrier, après 11 semaines d’audience, en cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le procès des viols de Mazan entre ce lundi dans la phase finale des réquisitoires du parquet à l’encontre des 51 coaccusés, en commençant par Dominique Pelicot, qui pendant dix ans a drogué, son épouse Gisèle pour la livrer sexuellement à des dizaines d’inconnus.
Après trois mois d’audience, le procès d’Avignon, devenu un symbole mondial de la lutte contre les violences faites aux femmes - dont la journée internationale est, hasard du calendrier, marquée ce lundi -, entre dans sa dernière ligne droite. Les représentants du ministère public, Jean-François Mayet et Laure Chabaud vont entamer ce 25 novembre les réquisitoires à l’encontre de Dominique Pelicot et ses coaccusés. France 3 Provence-Alpes vous détaille trois choses à savoir de ce moment très attendu du procès des viols de Mazan.
Dominique Pelicot encourt 20 ans de prison
Le ministère public va commencer ses réquisitoires ce lundi matin par le principal accusé, jugé devant les magistrats professionnels composant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon, Dominique Pelicot. Désigné comme le "chef d'orchestre" de cette décennie de viols, il est au centre de cette première journée. Quelle peine sera requis contre celui qui a infligé des viols en série à son épouse, Gisèle Pelicot, préalablement droguée aux anxiolytiques, à leur domicile conjugal de Mazan entre juillet 2011 et octobre 2020.
Dominique Pelicot encourt la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Il n'a jamais caché sa responsabilité, se qualifiant lui-même de "violeur". "Je suis coupable de ce que j'ai fait (...) J'ai tout gâché, j'ai tout perdu. Je dois payer", a-t-il reconnu peu après le début du procès.
Des peines individualisées pour les 50 coaccusés
Quelles peines le ministère public réclamera-t-il contre les 50 coaccusés de Dominique Pelicot. Si la plupart sont poursuivis pour les mêmes faits de viols aggravés sur Gisèle Pelicot, et risquent donc également 20 ans de prison, l'individualisation des peines est obligatoire. Les récidivistes - dix hommes sont venus plusieurs fois à Mazan - risquent plus que ceux qui ne sont venus qu’une seule fois.
Que va requérir le parquet contre ces "Monsieur-tout-le-monde", âgés de 26 à 74 ans, dont certains affirment qu’ils croyaient participer à des jeux libertins, l'épouse faisant semblant de dormir. D’autres assurent avoir été "manipulés" par Dominique Pelicot. Leur discernement était-il altéré au moment des faits, comme l'ont encore suggéré les avocats de 33 d'entre eux mercredi, même si aucun des psychologues ou psychiatres qui les ont examinés n'a retenu ce point ?
Enfin, le parquet aura-t-il la main plus lourde envers les 35 accusés qui, à l'ouverture du procès, ont encore fermement nié avoir participé à un "viol", en dépit des vidéos accablantes filmées par Dominique Pelicot et qui laissent peu de place au doute ?
Trois jours de réquisitoires, peut-être moins
Au planning officiel, le réquisitoire est prévu sur trois jours. Mais selon les informations recueillies auprès des différentes parties par l'AFP, il pourrait s'achever mercredi en fin de matinée, le parquet estimant à environ 15 minutes en moyenne le temps qu'il consacrera à chaque accusé.
Après le cas Pelicot, l'accusation avancera crescendo : d'abord les dossiers moinslourds, ceux de Joseph C., 69 ans, et Hugues M., 39 ans, respectivement accusésd'agression sexuelle et de tentative de viol, avant de s'atteler aux 48 autres (dont un en fuite).
Après le réquisitoire, mercredi après-midi ou jeudi au plus tard, la parole sera aux avocats de la défense. L'avocate de Dominique Pelicot, Béatrice Zavarro, ouvrira le bal. Ses confrères se succèderont ensuite jusqu'au 13 décembre. Restera alors une semaine à la cour pour délibérer, pour un verdict attendu le 20 décembre au plus tard.