Procès Mazan : pourquoi parler de scène de sexe plutôt que de viol au sein du tribunal ?

"On va parler de scènes de sexe plutôt que de viol". Voilà une parole, celle du président de la cour criminelle de Vaucluse prononcée lors du procès des viols de Mazan. Dans les couloirs du palais de justice, sur les réseaux, l'indignation. Comment peut-on tenir des tels propos alors que 92 vidéos ont été retrouvées dans l'ordinateur du principal accusé ?

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Lors de la deuxième journée du procès des viols de Mazan, la parole a été donnée à la victime, Gisèle Pélicot. Durant son audition, elle revient sur les atrocités et scènes de barbaries qu’elle a vécu pendant dix ans, qualifiant les faits de viols. Face aux protestations des différents avocats de la défense qui ont précisé que tous les accusés n’avaient pas les mêmes motivations, le président de la cour criminelle de Vaucluse a tranché : “on va parler de scènes de sexe plutôt que de viol”. Des mots qui ont heurté bon nombre d’esprits, celui de Gisèle en premier. Alors qu’elle explique avoir pu regarder les vidéos seulement en mai dernier, elle assène au président : “Ce sont des scènes de viol insoutenables. Ils sont deux, trois sur moi, inanimée, anesthésiée dans mon lit. Qu’on ne me parle pas de scène de sexe. Pour eux peut-être, mais pas pour moi.” 

Respect de la présomption d'innocence

Sur les réseaux sociaux, l’indignation gagne du terrain face à cette parole tenue au deuxième jour du procès et au fait que dans la salle d’audience, on parle de scènes de sexe.

Au début de cette deuxième semaine, qui est notamment consacrée au principal accusé, Dominique Pelicot, son avocate, Me Béatrice Zavarro, explique. “Il y a 51 accusés. Trente-cinq accusés considèrent qu’ils n’ont pas violé Mme Pelicot. Nous avons considéré, dans un consensus, que le mot viol ne devait pas être utilisé, au profit de l’expression “scènes de sexe”, détaille-t-elle. Si on affuble à chaque fois le mot viol, on peut attribuer à certains une responsabilité pénale qu’ils n’ont pas, du fait du procès en cours, qui n’est pas encore acquise.” Le principe de la présomption d’innocence s'applique donc. Il indique que toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie. 

Pour autant, après le témoignage de Gisèle Pelicot à la barre, Me Zavarro est formelle : “On a beau me dire qu'on va appeler ça des scènes de sexe, et pas des scènes de viol eu égard à la présomption d'innocence qui s'impose à tous, nous sommes parfaitement d'accord. Mais à un moment donné, quand les vidéos vont parler, elles vont parler. C'est-à-dire qu'on ne peut pas entendre qu'il ne s'agit pas de scènes de viols”, appuie-t-elle. 

Les avocats de la défense ont d’ailleurs entamé cette sixième journée de procès en appelant à respecter la présomption d’innocence durant tout le procès.

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