Roger Pellenc, maire de Pertuis dans le Vaucluse, se dit victime d'une belle arnaque : les 45.000 masques en tissu commandés pour sa commune pour le déconfinement ne sont pas conformes. Une plainte va être déposée.
Une arnaque à grande échelle ? Dans une vidéo publiée lundi 11 mai sur le site de la ville de Pertuis dans le Vaucluse, le maire Roger Pellenc affirme avoir été "trahi" par un vendeur de masques en tissu.
Après avoir passé commande de 45.000 masques auprès d'un distributeur français, la ville a reçu vendredi 8 mai une première partie des masques, 20.000. Au moment d'ouvrir les cartons, l'équipe municipale déchante.
Pas de certificat de douane pour ces masques fabriqués "dans les pays de l'Est", ni de "certificat de référence sur la qualité de ces masques", explique Roger Pellenc.Tout était faux : certificat bidon, registres du commerce qui n'existent pas.
Le maire affirme avoir vérifié lui-même la conformité au microscope, dans le laboratoire de sa propre entreprise. "Ils ne peuvent pas filtrer à 5 microns. Plutôt 50 à 100 microns, ce ne sont pas les qualités requises de filtration. Je considère qu'on s'est fait rouler".
Selon l'Association française de normalisation (Afnor), les masques en tissu permettent d'arrêter entre 70% et 90% des particules d'une taille de 3 microns ou plus, en sachant qu'une grosse gouttelette de salive expulsée par un porteur de masque malade fait un diamètre de l'ordre de 5 microns.
La mairie de Pertuis va déposer plainte
Roger Pellenc compte porter plainte pour remonter à l'origine de l'escroquerie. Des experts vont ainsi pouvoir examiner les masques non conformes reçus et retourner vers le fabricant.Après avoir rendu public l'arnaque dont sa commune a été victime, l'élu explique avoir reçu "de nombreux" coups de fil de maires dans la même situation que lui. Pour certains d'entre eux, la tromperie va plus loin : ils n'ont reçu aucun masque après avoir payé et passé commande.
"La gendarmerie enquête sur un certain nombre de cas similaires", assure le maire de Pertuis. Une information confirmée de source judiciaire.
Dans les Bouches-du-Rhône et le Var, les communes de Saint-Cannat et Six-Fours, seraient aussi concernées, selon l'élu. Contactée, la ville de Six-Fours a démenti. Son maire s'est dit "pas du tout concerné".
De la précipitation dans les commandes
Lorsque le président Emmanuel Macron a fixé la date du déconfinement le 11 mai, la mairie de Pertuis, comme beaucoup d'autres, s'est empressée de passer commande pour protéger sa population."On a cherché sur Internet tous azimuts, certains fabricants ne pouvaient pas assurer les délais", explique Roger Pellenc.
Le fabricant choisi par la ville de Pertuis assurait "une commande conforme aux normes covid-19" dans les délais, maintient l'édile vauclusien.
Deux masques pour se protéger
Sur les cantons de Pertuis et de Cadenet, au moins 500 personnes ont été contaminées par le Covid-19 depuis le début de la crise. Roger Pellenc s'est engagé à fournir, dès le mardi 12 mai, deux masques par personne, pour toute la population.4.500 personnes se sont manifestées pour la distribution au cours de la semaine. Le maire de Pertuis a également pris un arrêté qui autorise les commerçants à imposer un masque de protection à leurs clients.
Sa solution : superposer deux masques en les mettant l'un sur l'autre "pour avoir les qualités requises". "Nous allons vous distribuer mardi quatre masques par personne, pour les doubler", explique l'édile dans sa vidéo.
L'intermédiaire à laquelle Roger Pellenc a fait appel est en train de chercher un autre fabricant pour honorer sa commande.
En attendant, la ville de Pertuis va recevoir 15.000 masques commandés "par sécurité" à la région.