Jouant la carte de l'humour, le conseil départemental de Vaucluse a lancé une campagne nationale, espérant recruter 8 médecins généralistes salariés. Le Vaucluse est le territoire présentant la plus faible densité de médecins en région Paca.
On dirait le Sud, et il vous appelle. Espérant faire venir des médecins sur son territoire, le conseil départemental de Vaucluse a lancé ce jeudi 9 juin une campagne nationale de recrutement, proposant l'embauche de 8 généralistes salariés, à temps plein ou temps partiel.
"Vous examinerez aussi des côtes-du-Rhône", est-il indiqué en guise de petite annonce. Ou encore : "Vous découvrirez que crier "ail" est très bon signe" (en référence à l'ail de Piolenc, particulièrement réputé).
Au-delà du trait d'humour, le conseil départemental avance de sérieux arguments : les avantages du salariat (horaires fixes, prise en charge des tâches administratives par un secrétaire, possibilité de cumuler son emploi avec des prestations extérieures), et des rémunérations allant de 5 à 7.000 € mensuels (calquées sur la grille de la fonction publique hospitalière).
Le tout financé dans le cadre du "plan santé" contre les déserts médicaux en Vaucluse, présenté en mars 2022 et chiffré à près d'un million d'euros.
Mais cette campagne de communication, destinée à être relayée dans la presse magazine et la presse spécialisée, suffira-t-elle pour attirer les professionnels ?
"J'ose y croire, sourit Bernard Arbomont, président de l'ordre des médecins de Vaucluse. Mais est-ce que ce sera le cas ? Je n'ai pas de boule de cristal."
Faire venir aujourd'hui un jeune médecin en ruralité relève de l'exploit. Manque d'attractivité du territoire, charge de travail trop importante, argumentent de nombreux généralistes arrivant sur le marché du travail. Le Vaucluse n'échappe pas à la règle.
Le Vaucluse, département de Paca le moins bien loti en médecins
Selon l'observatoire régional de la santé, le nombre de médecins a chuté de 11 % en cinq ans dans le département, qui est aussi le moins bien loti de toute la région Paca (85,6 médecins libéraux pour 100.000 habitants).
Concernant l'avenir, les indicateurs virent au cramoisi. Les médecins vauclusiens sont vieillissants (60 ans d'âge moyen dans le canton du Cadenet par exemple - la moyenne nationale est de 50 ans). Plus de la moitié des cabinets sont ouverts depuis près de 30 ans. 11 % des médecins en activité ont dépassé l'âge de la retraite (quatre fois plus qu'en 2010).
La situation est d'autant plus préoccupante que le Vaucluse est un département lui aussi vieillissant : d'après les projections de l'Insee, les 75 ans et plus représenteront 12,8 % de la population en 2028.
L'arrivée de 8 médecins supplémentaires (s'ils répondent à l'appel !) suffira-t-elle à résoudre les problèmes ?
"Cela ne peut être qu'un pis aller, une rustine, réagit Bernard Arbomont. Il faudrait beaucoup plus de médecins libéraux. Là, ce seront des médecins volants, qui viendront colmater la brèche dans quelques zones complètement abandonnées."
S'ils acceptent l'offre, les médecins travailleront parmi les 16 espaces départementaux des solidarités (Edes), dans des locaux mis à disposition par les communes, ou dans les centres hospitaliers, pour une prise de poste immédiate.
Comment finir de les convaincre ? Peut-être en leur soumettant ces propos du président départemental de l'ordre des médecins : "C'est un travail tout à fait agréable, bien rémunéré ; il y a de l'emploi pour les conjoints, de bonnes structures pou les enfants ; le tout dans un très beau département, toujours ensoleillé, avec la mer et les montagnes à proximité !"