Vers la fin des publicités tractées par des avions : "On est donné en pâture, c'est exagéré" selon un gérant d'agence

Fini la publicité volant au-dessus de nos têtes sur les plages. Les députés ont adopté en première lecture l'amendement interdisant les banderoles tractées par des avions. Une pratique qui a longtemps accompagné les étés sur la Côte d'Azur.

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C'est l'un des axes du projet de la loi climat actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale, réduire l'émission de CO2 des publicités. L'Assemblée nationale a voté le vendredi 2 avril l'interdiction des publicités tractées par des avions à l'horizon 2022. 

Horizon 2022

La mort de cette activité a été approuvée par les députés, qui examinaient la semaine dernière en première lecture le projet de "loi climat et résilience". L'article 8, reformulé par un amendement, prévoit que "la publicité diffusée au moyen d'une banderole tractée par un aéronef est interdite". 

Un autre amendement apporte un délai de grâce jusqu'au 1er janvier 2022 pour "donner de la visibilité" aux petites entreprises qui composent ce secteur.

Les publicités sur les avions directement sur le fuselage restent donc possibles. Mais pour ce secteur d'activité, c'est un coup dur. . Une petite centaine d’emplois directs ou indirects pourraient disparaître en France.

Nous avons connu un été 2020 catastrophique du fait de la crise sanitaire sans audience sur les plages... Avec ce premier vote, la saison à venir est cassée, les annonceurs ne vont pas suivre, ils ne voudront pas être associé à l'image de pollueur.

se désole Jean-Luc Ayache, gérant d'Air Nice.

Cette société est depuis plus de 30 ans basée sur la Côte d'Azur. Avec ses collègues d'Air Communication à Cuers dans le Var, ils sont les leaders de cette activité saisonnière.

"On ne sait pas vers quoi on va, je suis vraiment triste. Je me demande comment on va s'en sortir, quand vous avez une entreprise comme la mienne, alors que j'approche de la retraite, c'est dur... C'est compliqué", avoue Jean-Luc Ayache.

Chaque été, de Monaco à Marseille ses deux avions assuraient publicités, annonces en tout genre, demande en mariage voire des parades. Un travail qui ne pourra pas être remplacé ou évoluer vers une autre activité. En effet, les avions pour ces missions de tractage ne sont pas adaptés à une autre activité comme la prise de photos aériennes ou le vol de tourisme. "Non, c'est compliqué, on ne fait pas ce que l'on veut" commente Jean-Luc. "La réglementation est stricte, d'ailleurs nous venons de subir un audit en février de la part de l'aviation civile, c'est le processus annuel... A quoi bon dans ces circonstances..."

La pollution ?

Publicité papier en surnombre dans les boîtes aux lettres, affichage sauvage... Cette fois, ce sont donc les avions qui sont dénoncés comme des pollueurs. Depuis plusieurs années, les pilotes et leurs banderoles étaient déjà vus d'un mauvais oeil.

Accusé de nuisance sonore et de pollution, ce symbole estival était menacé.

"La publicité aérienne en ULM représente 4 500 heures par an, 4 500 heures à 14 litres, cela fait 63 000 litres soit la consommation de 45 voitures qui feraient 20 000 kilomètres par an”,

détaillait l'été dernier à Franceinfo Gérard Landri, pilote.

Selon le gérant d'Air Nice, c'est abusé. "Les bus, les SUV et maintenant, c'est nous les pollueurs ! Qui sera le suivant ? On est donné en pâture, c'est exagéré."

Une époque

Ces publicités au-dessus des plages marquent bien une époque, celle où la Française des Jeux affichait ses couleurs, les parcs comme Marineland aussi. Des messages de prévention comme les collectes de sang y trouvaient un autre public.

Selon Jean-Luc Ayache, les années fastes étaient dans les années 80, "on pouvait voir jusqu'à une trentaine d'avions dans le ciel de la baie de Cannes !"

Comme ici à Cannes en 1986 :

En 2016, une équipe de France 3 avait dressé le portrait d'un pilote d'avion publicitaire. Xavier Zanettacci pilotait à 72 ans depuis plusieurs décennies un avion publicitaire dans le ciel de Royan en Charente-Maritime :

Parfois, ces vols étaient aussi très insolites. Voyez cette banderole tirée par un ULM en 2013 avec comme message "Hollande démission". Le pilote David Van Hemelryck était parti de la base de Fayence dans le Var pour survoler les plages de Fréjus et Saint-Raphaël :

Certains députés espèrent faire voter l'interdiction de l'ensemble des publicités aériennes. Ils ont en outre plaidé pour une interdiction de toutes les publicités sur des véhicules et des embarcations utilisés à des fins publicitaires.

Le texte doit encore passé devant le Sénat avant d'être promulgué.

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